Anse-à-Veau veut sortir de l’ombre grâce au karaté

Haitian Sports Foundation (HSF) évolue depuis près d’un an à Anse-à-Veau dans le domaine du karaté, au bénéfice des enfants et des jeunes. Cette année, la fondation veut offrir un complexe sportif à la population de cette commune. Les responsables ont fait le déplacement des Etats-Unis la semaine écoulée pour entamer le processus de matérialisation de ce projet, évaluer leurs apprenants en karaté et inaugurer à leur intention un centre multimédia branché sur Internet.

 « Oss ! », s’exclame Pierre Dony Cérisier, 13 ans, visiblement stressé dans son « Kimono » blanc entouré d’une ceinture de la même couleur, devant ses maîtres et ses compagnons. Il vient de prononcer la formule de salutation, avant de débuter son kata. Pierre Dony fait de son mieux pour satisfaire le sensei Mario Arthur, venu de très loin pour apprécier son show, ce samedi 16 juin 2012 dans la chaleur de midi, par un temps qui annonce la pluie à Anse-à-Veau. Le maître est très strict sur les détails qu’il faut absolument respecter, mais reconnait les progrès de Doug, depuis la dernière fois qu’il l’avait testé.

Pierre Dony Cérisier est en 8e année fondamentale au lycée national Boisrond Tonnerre de Anse-à-Veau. « J’aime beaucoup le karaté, depuis la première fois que j’ai vu un show de karaté à la télévision, j’ai voulu devenir karatéka », nous confie-t-il, les yeux écarquillés par la passion, avant d’ajouter : «On avait ouvert un registre d’inscription pour ceux qui désiraient devenir membres de ce club de karaté, lors d’un camp organisé au lycée en août dernier, j’ai tout de suite sauté sur l’occasion ». Dony est entouré de près d’une soixantaine d’autres apprenants comme lui qui attendent leur tour dans cette petite pièce située sur un vaste terrain isolé, qui doit devenir bientôt le complexe sportif d’Anse-a-veau.

A côté, dans une autre pièce encore plus confinée, Murthi Ghanti, professionnel en informatique de réseau venu de l’Inde, et Evens Jean Baptiste, spécialiste en installation de panneaux solaires, branchent les ordinateurs dans la nouvelle salle de multimédias. Sur la petite galerie, des parents attendent, tandis que d’autres sont réunis sur la cour du centre pour discuter avec les responsables de HSF autour des projets de la fondation pour leur communauté. Les projets sont abordés, discutés et coordonnés. Les travaux de construction du complexe sportif débuteront en octobre prochain, selon les responsables. Les parents sont sûrs que HSF est en train de réaliser un excellent travail dans leur communauté.

L’implantation de ce centre multimédia branché sur Internet permettra, selon Diègue Blendell qui en est lui-même le responsable, aux différents membres de HSF du monde entier de pouvoir échanger avec ceux de Anse-à-Veau. « Des logiciels éducatifs seront mis à la disposition des enfants et cela nous permettra d’aller plus vite. C’est un pas de plus vers le développement », indique-t-il. Plus tard, le centre sera ouvert aux parents, qui pourront s’en servir pour communiquer, car jusqu’à présent, il faut aller jusqu’à Miragoâne pour avoir accès à l’internet, selon M. Blendell.

« Au début, il y avait une nette ignorance de ce sport dans la mentalité des enfants d’ici, mais avec notre travail assidu, nous pouvons dire que nous avons fait beaucoup de progrès », indique le sensei Diègue Blendell, qui voit dans le sport qu’il enseigne aux enfants un moyen de leur inculquer la sagesse, la discipline, le volontariat, le sens du devoir et le civisme. M. Blendell, vétéran de HSF, est venu du Cap-Haïtien pour s’installer définitivement à Anse-à-Veau dans le seul but de faire ce noble travail.

Le minuscule bâtiment qui héberge la salle multimédia et la salle d’entrainement du club de karaté lui sert également de maison. Il a fait ce « sacrifice » parce qu’il est un passionné du karaté et qu’il lui faut aller jusqu’où cela peut l’emmener, tout en nourrissant le rêve de devenir un coach international. Pour les enfants, M. Blendell n’est pas seulement un maître de Karaté, mais un éducateur à part entière et un père. « Ils font beaucoup d’efforts également, certains d’entre eux parcourent des kilomètres pour venir jusqu’ici trois à quatre fois par semaine pour les entrainements », reconnait le karatéka professionnel.

Le sensei Diègue Blendel et quelques autres membres de HSF issus de Carrefour et d’Anse-a-Veau iront représenter Haïti à Panama en août prochain dans un championnat international de karaté, ont fait savoir les responsables.

HSF a été créé en 2004 dans le but d’honorer les frères Abellard, pionniers du karaté. « Nous avons rencontré des grands de différentes disciplines sportives pour réfléchir autour des moyens d’aider Haïti à travers le sport », affirme l’ex-président de la fondation, Mario Arthur, expliquant qu’aujourd’hui, HSF évolue à Port-au-Prince, à Limbé, au Cap-Haïtien, à Carrefour et aux Etats-Unis.

« En 2010, un ami nous a offert un terrain à Anse-à-Veau et la population de cette commune nous a accueillis à bras ouverts », ajoute le président actuel, Turnier Espérance, pour justifier leur présence dans les Nippes. Les deux responsables ont fait savoir que leur fondation organise deux fois par an un camp pour faciliter l’échange avec leurs différents membres. « Le premier camp de cette année a été organisé au ranch de la Croix-des-Bouquets; des membres de HSF venus de Carrefour, de Anse-à-Veau et des Etats-Unis y ont pris part », souligne M. Espérance.

A en croire les propos du président de la fondation, HSF ne vise pas seulement le karaté, mais le sport en général et tout ce qui peut aider la jeunesse à évoluer. Il vise un véritable mariage du sport avec l’éducation et la technologie.