Roseaux inaugure son premier centre de transformation de produits agricoles

Un centre de transformation de produits agricoles a été mis sur pied dans la commune des Roseaux, à Jérémie. Cette réalisation est le fruit d’un partenariat entre les organisations agricoles de la Grand’Anse, notamment Konbit peyizan Wozo (KPWO), Konbit peyizan Grandans (KPGA) et Konbit fanm peyizan Wozo (KFPW), et l’Actionaid Haïti.

Plusieurs centaines de paysans ont assisté le mercredi 23 novembre 2011 à la cérémonie inaugurale du centre de transformation de produits agricoles, à Jérémie. Le bâtiment, récemment construit dans la localité de Roseaux, dispose de  3 unités de travail : l’unité de transformation, qui est un espace doté de moulins, de décortiqueurs et d’autres appareils  du genre qui permettront de transformer les produits (pistaches, café grillé, maïs, etc.), la cassaverie, qui est un atelier de transformation de manioc en cassave, et la boutique où des outils de transformation sont accessibles à la population, à un prix réduit. Les responsables ont en perspective de produire  dans le Centre, du pain à base d’autres farines que celle du blé. Une démarche qui, selon eux, aidera à réduire l’importation de la farine de blé.

Selon les initiateurs, l’objectif de cette initiative est non seulement d’offrir à la communauté un service de transformation, mais aussi d’améliorer la connaissance technique des planteurs et renforcer KPGA (Konbit peyizan Grandans) qui est un regroupement d’organisations au niveau de la Grand’ Anse.

Lors de la présentation générale du projet, le maître de cérémonie, Mac Donald Michel, Coordonnateur sécurité alimentaire à Actionaid a attiré l’attention sur la crise alimentaire dans le monde. Il a fait ressortir l’importance de la production agricole, qui joue un rôle extrêmement important dans la lutte contre la faim dans le monde. « La nourriture est là. La terre produit suffisamment de nourriture, elle est seulement mal repartie », a-t-il soutenu. 

En 2050, a-t-il expliqué, Haïti devrait avoir une population d’environ 18 millions d’habitants, alors que celle du monde sera doublée. Il n’y aura toujours pas de problèmes de nourriture, mais de répartition, a-t-il prédit. « Nous devons donner beaucoup d’importance au secteur agricole, si nous voulons réduire les risques de faim ». « De 1956 à 1989, la couverture végétale est passée de 20% à moins que 2%. Nous devons donc travailler pour changer la réalité », a-t-il ajouté.

Selon les explications de M. Michel, la décision d’instituer dans la Grand’ Anse ce centre de transformation a été prise après plusieurs rencontres entre l’Actionaid et la population de la Grand’ Anse, par le biais de ses organisations locales. Ces rencontres  entamées depuis 2009, ont  donné lieu à des séances de sensibilisation et de planification, à la construction du centre, puis à des séances de formation pour ceux qui vont le gérer. Cette formation est axée sur la gestion et la comptabilité.

Le coordonnateur exécutif de KPGA, Nicassa Paulément, et François Jean Wesner du Konbit peyizan wozo ont adressé leurs remerciements aux différents participants à cette bataille qui vise à permettre au pays de pouvoir nourrir ses propres enfants. Pour eux, cet atelier est un symbole qui démontre aux dirigeants la nécessité de se pencher vers la production agricole. « Viv manje lakay, manje lakay se patrimwann tout ayisyen ! », a crié M. Paulément.

Pour la représentante du KFPW, Elcia Joseph, ce centre vient apporter une solution à un problème grave auquel la population était confrontée, qui est la perte de sa culture. « Aujourd’hui, avec cet atelier, tous, on peut revenir à notre activité principale qui est de planter », a-t-elle martelé.

« Avant, a-t-elle poursuivi, les denrées pourrissaient, pendant que nous mourrions de faim. Maintenant que nous pouvons les transformer, ils dureront plus longtemps et cela va apporter une amélioration à nos conditions de vie ». Mme Joseph souhaite la continuité de ce genre de projet dans sa communauté.

Le directeur national de l’Actionaid, Jean-Claude Fignolé, a exprimé sa satisfaction quant à la réalisation de ce projet. Il a remercié tous ses collaborateurs ainsi que la communauté des Roseaux qui « n’ont jamais baissé les bras face aux difficultés ». Il a également adressé ses remerciements aux partenaires étrangers : le « Boston Foundation » et le « Moriah Fund », basés aux Etats-Unis, sans lesquels ce projet ne serait possible. 

« Après le séisme du 12 janvier, a-t-il révélé, ces fondations nous ont, de manière solidaire, offert le projet des « Moulins ». Ensemble, nous avons pu apporter une réponse aux problèmes de nourriture auxquels étaient confrontés des sinistrés venant de Port-au-Prince. Ces moulins ne sont pas seulement à Roseaux, mais éparpillés dans diverses autres communes de la Grand’ Anse où environ 500 familles en bénéficient ».

Ce petit projet sert, selon le directeur, d’exemple de ce que peut réaliser une communauté unie. Il appelle la population des Roseaux à renforcer ses organisations et les doter de ressources personnelles afin de garder son autonomie. «En les renforçant, nos structures auront plus de démocratie et de transparence.  Ainsi, nous pourrons plus facilement faire passer nos revendications et presser les autorités à nous garantir le droit à la nourriture », a-t-il indiqué.

La cérémonie s’est terminée par une bénédiction du père Emmanuel, curé de la paroisse des Roseaux, suivie d’une visite guidée de l’atelier par l’agronome Ameckel Bernard. Le prêtre a fait remarquer que Dieu nous a créés pour que nous gérions sa création. « Nous devons non seulement nous multiplier nous-mêmes, mais aussi multiplier tout ce que Dieu a mis à notre disposition », a-t-il prêché.

Un protocole d’entente a été élaboré et un comité de gestion, constitué de représentants de KPGA, de KPWO et d’Actionaid, a été mis sur pied pour la gestion du centre.

L’Actionaid, qui travaille sur le droit à l’alimentation, a estimé que la transformation des produits agricoles peut être à la fois apaisante  et rentable pour les cultivateurs. « Il leur faut avoir la capacité de transformer les produits afin qu’ils ne soient plus gaspillés  », a insisté Mac Donald Michel.

L’objectif d’Actionaid est de donner aux habitants les moyens nécessaires pour effectuer cette transformation et de travailler avec eux. « Notre problème est dû à une violation de droit », a ajouté M. Michel. Actionaid n’est pas là pour faire le travail de la communauté, mais l’appuyer. Le partenariat entre l’Actionaid et KPGA, a expliqué Jean Claude Fignolé, tend à apporter des réponses urgentes à tout ce qui a rapport au développement dans le département de la Grand’Anse. 

Marche contre la violence faite aux femmes

Ce vendredi 25 novembre 2011, vers dix heures du matin, plusieurs dizaines de femmes, accompagnées de quelques hommes, se sont rassemblées au carrefour Marassa à Croix-des-Bouquets pour débuter une marche pacifique dans l’objectif de dénoncer les violences faites à des femmes au niveau de leur communauté et réclamer justice pour celles-ci. Une façon de lancer officiellement une campagne de sensibilisation à la violence faite aux filles et aux femmes, à l’occasion de la commémoration de la Journée mondiale contre la violence faite aux femmes.

Cette marche, organisée par l’Association Fanm solèy Dayiti (AFASDA), a été soutenue par l’organisation Plan Haïti.  La foule s’est d’abord dirigée vers la mairie de la Croix-des-Bouquets, puis vers le tribunal de paix de cette commune et enfin vers le parquet, en vue de presser les instances concernées à prendre leurs responsabilités vis-à-vis des violences faites aux femmes.  Les messages étaient contenus dans  des chants, des spots de sensibilisation à partir d’un char qui les accompagnait, les participants à travers des slogans lancés par les femmes elles-mêmes.

Arborant un ruban blanc, ou un écriteau avec des inscriptions diverses demandant de cesser les violences faites aux femmes, les participants se sont dirigés vers les différentes instances où ils ont plaidé en faveur  des femmes victimes dans leur communauté, tout en insistant sur certains cas particuliers survenus récemment.

La mémoire d’Angeline Vilmot était dans le coeur de tous ceux et celles qui prenaient part à cette manifestation. Cette jeune fille de 13 ans a été violée par un homme de 60  ans, puis tuée par une piqûre que son violeur lui a fait prendre pour avorter. Le père d’Angeline Vilmot, Arc-Ange Vilmot, n’a pas pu retenir ses larmes en racontant cette histoire survenue il y a trois mois. Plusieurs autres cas du même genre ont été évoqués. « La vie commencera, lorsque la violence cessera! », ont crié les femmes».

La foule, qui grossissait progressivement jusqu’à réunir plusieurs centaines de gens, (hommes, femmes, jeunes, écoliers, citoyens et citoyennes de toutes sortes), a fait le tour des rues de  Croix-des-Bouquets pour finalement aboutir sur la place  centrale de la ville où un spectacle a été réalisé par des associations de femmes.

Parallèlement, plusieurs autres marches du même genre ont été réalisées au Champ de Mars, à Carrefour, etc., ainsi que des cérémonies et des conférences à l’occasion de la Journée mondiale contre la violence faite aux femmes. 

Wyclef devenu Père Noël pour la fin d’année

L’ambassadeur itinérant d’Haïti, Wyclef Jean, a procédé durant la semaine précédant la Noël à une distribution de jouets et de kits de nourriture dans plusieurs villes du pays, dans l’objectif de permettre à un certain nombre de familles nécessiteuses de passer les fêtes de fin d’année dans une atmosphère de joie et de gaieté.

En effet, la mégastar a entamé sa distribution dès le mardi 20 décembre 2011, dans l’après-midi, à l’école nationale Charlotin Marcadieu, près de la mairie de Croix-des-Bouquets. Après avoir lancé le projet Kiosque avec la compagnie Voilà, dans la matinée du mercredi 21 décembre, il s’est rendu dans la ville des Cayes, à la 1re Eglise de Dieu, rue Deux Mapous pour continuer la distribution. Le jeudi 22 décembre, ce sont les villes des Gonaïves et du Cap-Haïtien qui ont été gratifiées de la visite du Père Noël, Wyclef Jean, cette fois accompagné de Miss Haïti Univers, Anédie Azaël.

Ecole de droit des Gonaïves, rue de Tour Laborde, Gonaïves. Midi. Une foule monstre de gens attende l’arrivée de la mégastar. Wyclef Jean qui, semble-t-il, adore se faire admirer en chair et en os par ses fans, descend de son véhicule, dès son arrivée près du commissariat, pour circuler à pied. Comme il l’a fait la veille à Croix-des-Bouquets, où la foule l’a mis presque nu. Puis, il a enfourché une mototaxi à destination de la faculté de droit. Tout au long de la route, des gens s’arrêtent pour admirer la star. Sur moto ou à bicyclette, des jeunes garçons et des jeune filles ont fait demi-tour pour suivre la délégation de l’ambassadeur.

Son arrivée étant prévue pour 9 h 30 du matin, la foule était déjà impatiente de voir la star. Midi et quelques minutes, il arrive enfin. Tout le monde veut toucher le Père Noël, tout le monde veut lui parler. Beaucoup réussissent d’ailleurs à le faire. Etudiants, parents et enfants fourmillent sur la cour de l’école de droit, carte en main,  en attente de cadeaux. Qu’on se calme ! Il n’y en aura pas pour tout le monde, mais la distribution se fera de manière raisonnable, avec un minimum de discipline.

Des représentants de la plupart des communes du département de l’Artibonite sont là pour renforcer l’évènement et témoigner leur gratitude envers l’artiste qui, disent-ils, n’a pas cessé de supporter la région, surtout lors de moments difficiles comme à l’époque des inondations de 2008.

La fanfare évangélique enflamme la salle avec son beau morceau. C’est elle qui, d’ailleurs, bénéficie de la première bicyclette, sur les 20 disponibles, en guise de récompense à son plus jeune membre (un enfant d’environ six ans), qui a pu lever le défi de reproduire avec sa caisse des sons proposés par l’artiste. Surprise, contentement, enthousiasme et chaleur dans la foule. Puis des questions de connaissances générales sont posées aux étudiants et aux dames qui, par leurs réponses justes, ont reçu 4 autres bicyclettes, avant le tirage pour la distribution de 15 autres encore, par l’artiste qui veut que la connaissance ait priorité sur la « chance ».

A la fin, tous les  enfants qui détenaient une carte distribuée la veille se sont alignés dans une salle pour obtenir des cadeaux. Tandis que les adultes recevaient des kits de nourriture. De son côté, l’artiste poursuit sa visite au sein de la faculté de droit qui, selon les explications du doyen, accueille 7 000 étudiant sur les 22 000 de  l’UEH. Il promet d’aider à renforcer notamment la salle  informatique et la bibliothèque de l’institution. Wyclef Jean a renouvelé son engagement de continuer à supporter l’Artibonite et tout le pays.

Puis,  avec toute sa délégation, il  s’est  rendu au Cap-Haïtien où  ses cadeaux sont allés grossir le lot de ceux du président de la République,  Michel Joseph Martelly, qui, à  l’occasion de sa tournée de Noël, est accueilli par une foule en liesse sur la place d’armes du Cap. 

Déficit de services des urgences dans les hôpitaux

La déficience de services des urgences au niveau des hôpitaux dans le pays est un facteur très préoccupant pour plus d’un. Compte tenu de la situation d’insécurité et d’accidents fréquents à laquelle les citoyens sont exposés ces derniers jours, cette préoccupation s’accentue. Que faire en cas d’urgence au beau milieu de la nuit ? La majorité des centres hospitaliers, qu’ils soient privés ou publics, n’ont pas de service des urgences dignes de ce nom.

Il est très inquiétant de ne pas savoir immédiatement où se rendre en cas d’urgence, surtout au beau milieu de la nuit, afin de bénéficier de soins adéquats. Ces derniers jours, beaucoup de gens sont victimes par balle, en se faisant attaquer par des bandits, ou sont victimes d’accidents de la route, devenus de plus en plus fréquents. Souvent l’on ne peut pas se rendre à la structure hospitalière la plus proche, de peur de ne pas y aller en vain. Lors du terrible accident survenu dimanche soir sur la route de Delmas, les victimes ont été transportées jusqu’ à Sarthe, en plaine, pour recevoir les premiers soins. L’une des filles est morte suite à une crise d’asthme, et ses proches estiment qu’elle aurait pu survivre si elle avait pu être transportée plus rapidement à l’hôpital.

L’hôpital La Paix, à Delmas 33, entreprend des démarches pour la mise sur pied d’un service des urgences. Plusieurs partenaires y travaillent, mais ce programme n’est pas encore tout à fait effectif. Le bâtiment inauguré récemment est assez spacieux, mais ne dispose pas encore suffisamment de ressources humaines, selon un responsable. En attendant, les cas en surplus à cet hôpital sont rapidement transférés à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH).

Tout le monde connaît la situation du plus grand centre hospitalier public d’Haïti, l’HUEH, qui un jour fonctionne, un jour est en grève. Là-bas, la salle des urgences se trouve très souvent dans l’impossibilité de recevoir tous les cas qui s’y présentent. Les services accusent d’ailleurs de sérieuses défaillances : personnel débordé et peu qualifié pour les situations d’urgence, matériel et logistique insuffisants.

Selon une source hospitalière, il y aurait moins de cinq médecins haïtiens à avoir reçu une formation en médecine d’urgence, cette spécialisation n’étant pas offerte en Haïti. De plus, ces services ne sont pas véritablement équipés pour fournir des soins immédiats aux patients dont l’état nécessite une prise en charge rapide.

Le coût exorbitant de la mise en place d’une salle des urgences bien équipée est la première cause avancée par les gestionnaires de la santé pour expliquer la faiblesse des services des urgences dans le pays. La salle des urgences d’un des plus grands centres hospitaliers privés de la capitale, l’hôpital du Canapé-Vert, est fermée depuis le 12 janvier 2010. Les responsables de cet hôpital affirment que la salle est en cours d’aménagement et qu’elle devrait être rouverte d’ici le 15 janvier 2012.

L’hôpital de l’Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité (OFATMA), situé à Cité Militaire, est l’un des rares centres hospitaliers où le service des urgences fonctionnent normalement. Sa salle d’urgence inaugurée le 3 décembre 2004 est en mesure de recevoir n’importe quel cas d’urgence, à n’importe quelle heure et n’est jusqu’à présent jamais débordée; des médecins sont disponibles 24h sur 24, selon son directeur médical, le Dr Mathelier Silvera. En dehors des services de base offerts dans cet hôpital (services de soins liés aux accidents du travail et à la maternité), n’importe quel cas d’urgence y est admis.

Si beaucoup de gens ne fréquentent pas l’OFATMA, c’est en raison de leur ignorance de la qualité des soins offerts là-bas, estime M. Silvera, qui dit avoir malgré tout constaté une fréquentation en augmentation cette saison. Cette structure hospitalière en pleine extension est située dans un quartier pas trop sûr, selon plus d’un. La route qui y mène n’est pas vraiment en bon état. « Suite au cas d’un proche du gouvernement qui y a reçu des soins dernièrement, nous avons établi une entente avec les autorités qui devront bientôt faire des améliorations au niveau de la route », a indiqué le directeur médical.

La santé n’a pas de prix, mais coûte cher pour certains

A l’hôpital Saint-Joseph, comme à l’OFATMA, les urgences fonctionnent certes 24h sur 24; mais la plupart du temps la population de la région métropolitaine ne va pas dans ces hôpitaux privés en raison des coûts exorbitants auxquels leurs poches ne répondent pas. Pourtant, on ne paie pas très cher, selon ce qu’ont expliqué les responsables. La santé n’a pas de prix. Mais pour la plupart des familles, les frais à verser, dès la prise en charge, peuvent être très élevés. Face à la déficience des soins offerts dans les services des urgences des hôpitaux publics haïtiens, cette population se tourne de plus en plus massivement vers des centres hospitaliers gérés par des organisations non gouvernementales étrangères, telles Médecins sans frontières. Même le personnel soignant des hôpitaux publics y envoie parfois des patients qu’ils ne peuvent prendre en charge.

Avec Nathalie Verne

Pour promouvoir et renforcer la production de café

« Entre nous d’abord, ann komanse fèl », c’est sur ce thème que s’est déroulée la troisième édition du « festival café », à Baptiste, les 28 et 29 octobre 2011. Cette festivité, organisée par l’Association nouvelle image d’Haïti (ANIH), vise à promouvoir et à encourager la culture du café dans ce quartier de la commune de Belladère. Elle a été cette année beaucoup plus grandiose que lors des deux années précédentes

Cette troisième édition du festival café,  qui a mobilisé plusieurs milliers de participants venant de Belladère et des zones avoisinantes, de Port-au-Prince et de la diaspora, a été plus grandiose que durant les deux précédentes, selon les participants, qui se disent satisfaits de son déroulement. Réalisée par l’ANIH, en collaboration avec l’Association des fervents samaritains (AFSAM), ENCOMAL S.A., CANAL 11, EDH, CEREM, UCACAB et ICEF, cette initiative a permis non seulement à la localité de Baptiste de vivre 48 heures de chaleur, de gaité et d’ambiance, mais aussi aux étrangers de découvrir cette localité : «un petit coin de paradis à Belladère », avec sa culture de café et sa température agréable. Le festival a coïncidé avec la fête patronale de la zone : la Saint-Jude. Octobre, c’est également l’époque du murissement du café.

L’ambiance festive a eu lieu à partir de 7 heures du soir, le vendredi 28 et le samedi 29 octobre 2011. Des groupes musicaux, de danse et de théâtre aussi bien que des particuliers se sont joints à DJ Constant pour rendre ces deux jours inoubliables.

La festivité a accueilli pas mal de gens de la diaspora qui avaient quitté Baptiste depuis belle lurette. Durant la journée, les différents participants ont eu l’occasion de visiter la communauté de Baptiste et surtout d’entrer en contact avec sa culture caféière.

Avec un accueil chaleureux, les organisateurs de cet évènement annuel ont su guider les visiteurs vers les centres d’activités durant les deux jours, notamment la Ferme d’Etat colonie agricole de Baptiste, où se déroulent les différentes activités relatives à la production de café. Cette ferme héberge le laboratoire de dégustation, un centre de traitement, une pépinière et un champ de café. Plus d’un a été surpris de découvrir qu’il existait à 19 km de Belladère une communauté aussi bien organisée.

Selon les organisateurs, ce festival pourrait favoriser l’investissement dans leur localité. Les commerçants et les planteurs se sont réjouis de cette occasion qui leur a été offerte pour écouler de nombreux stocks de produits locaux. La majorité des activités ont eu lieu aux environs de la place publique de Baptiste, l’une des plus belles  places du Plateau central, dit-on, où une exposition de produits locaux a été organisée par l’Association des femmes pour le développement de Baptiste (AFDB).

Pour les habitants du quartier, ce festival est l’occasion de se mettre en valeur et d’offrir aux visiteurs les différentes productions de leur localité. La production numéro un étant le café, on l’a trouvé sous toutes les formes. De la plantule à la tasse de café, sans oublier la liqueur de café, les visiteurs ont été émerveillés de connaître tous les processus de transformation. Etape par étape, ils ont pu visiter, déguster et  tout apprendre sur la production caféière à Baptiste.

Dans la soirée, des hommes, des femmes et des enfants ont répondu présent par milliers sur la place publique, pour participer à la grande manifestation culturelle animée par Myria Charles, rédactrice de Ticket magazine, originaire de Baptiste. Vendredi, le groupe Adonnaï a su enflammer le festival par ses prestations, tandis que samedi, c’était plutôt des groupes musicaux et des troupes de danse locaux – Kokad, Gwoup lespwa, le Club des enfants de Baptiste et Casque noire dance –  qui ont tenu le public en haleine. Sans négliger l’artiste Jean Jean Roosevelt, dont le festival a coïncidé avec l’anniversaire de naissance de son épouse, Alexis Renée Lynn Gianna. Il en a profité pour la présenter officiellement au grand public.

Les deux soirées  se sont déroulées pacifiquement, avec la présence des agents de la police nationale.  A la fin, les dix plus grands planteurs de café de Baptiste ont été médaillés et certifiés. Parallèlement, une plaque Honneur et  Mérite a été remise à Myria Charles, en signe d’hommage posthume à son père qui n’avait pas cessé d’oeuvrer jusqu’au bout pour le développement de Baptiste.

Dans son discours de circonstance, le principal initiateur du festival, Paulos Jean, a dénoncé des actes de viol qui, selon ses dires, ont été recensés récemment. « Des dispositions seront prises de concert avec  la police et la justice pour punir les coupables », a-t-il affirmé. Il a rappelé que la loi interdit aux hommes adultes d’avoir des relations sexuelles  avec une fille de moins de 15  ans, même avec son consentement, soulignant que plusieurs jeunes filles de moins de 18 ans sont déjà mères de plusieurs enfants à Baptiste. 

D’un autre côté, M. Paulos Jean a fait savoir qu’une proposition de loi a été acheminée au Parlement en vue de recommander à l’EDH de verser à Baptiste 50 centimes sur chaque kilowatt de courant fourni par la centrale  électrique de Belladère, qui dessert environ 1 570 clients potentiels et qui est alimentée par la source d’eau de Baptiste. « Cet argent, a-t-il dit, permettra de rémunérer les planteurs de café qui seront comme des fonctionnaires de l’Etat ».

A noter que L’Association nouvelle  image d’Haïti (ANIH), qui patronnait cette initiative, a été créée en France depuis juillet 2008. Elle s’est donné pour objectif de véhiculer une nouvelle image d’Haïti et d’inciter les Haïtiens à avoir un nouveau regard envers leur pays, rapporte son président, Etienne Jean.

Juste après sa création, a poursuivi M. Etienne, elle a aidé à la réhabilitation de l’électricité de la ville de Baptiste et a aussi donné des fournitures scolaires à des centaines d’élèves.

« ANIH s’est surtout fait connaître dans sa façon d’organiser et d’aider la communauté haïtienne de France après la catastrophe du 12 janvier 2010. Elle a mis en place une cellule de soutien  psychologique et a organisé une veillée à la mémoire des victimes », a-t-il ajouté. 

Pour réaliser cette activité, qui devait coûter environ 20 000 dollars américains, les organisateurs ont eu un coup de pouce de la fondation Albert basée en France et l’aide d’un Américain – ami de l’association – qui a également fourni $ 3 000. L’Etat n’a donné aucune participation, ont-ils fait remarquer. Ils espèrent que l’année prochaine beaucoup plus de secteurs et d’institutions contribuerons à la réalisation du festival café de 2012. Dans le même temps, ils espèrent mobiliser plus de participants. Quiconque a raté le festival cette année devrait l’ajouter dès maintenant dans son agenda pour l’année prochaine. 

 

Avec Nathalie et Verné Gladimy Ibraime

La localité de Baptiste, prête pour devenir commune

Le festival café organisé à Baptiste le 28 et 29 octobre 2011 a surtout permis de découvrir ce quartier de Belladère, dans le département du Centre, avec ses attraits, ses richesses, sa structure. Une localité qui aspire depuis bien des temps à devenir commune.

C’est la première fois que le quartier de Baptiste a accueilli une telle festivité, récompensant ainsi les efforts consentis par plusieurs groupes de personnes pour faire ressortir les potentialités de cette zone, riche en eau, en roches et en mines de sable. Si le festival café est avant tout une initiative qui tend à encourager et renforcer la production de café, elle vise aussi à attirer des investisseurs et des touristes qui pourraient penser à y installer des usines de transformation, selon ce qu’ont expliqué les initiateurs du festival café.

Il a fallu gravir environ 19 km de pente tantôt douce, tantôt raide, depuis Belladère pour parvenir à découvrir cette petite localité de la commune de Belladère, département du Centre, créée à la suite des vêpres dominicaines en 1933. Le gouvernement de Dumarsais Estimé y avait installé à l’époque un groupe d’Haïtiens qui fuyaient la République dominicaine. Il a créé une zone agricole pour encadrer et faciliter leur insertion sociale et économique. C’est dans ce contexte que fut créée la région de Baptiste, devenue aujourd’hui une localité où se développent des échanges importants avec la République dominicaine. Pourvue d’une population bien organisée, elle dispose d’une paroisse (Saint Jude), d’un sous-commissariat, d’un tribunal de paix, d’un lycée, d’un dispensaire, d’une pharmacie et d’une ferme agricole au centre ville qui fait 3 km2, « tout ce qu’il faut pour devenir commune, avec un peu d’arrangement », commente l’un des organisateurs de festival café.

La culture du café fait de la localité de Baptiste une référence en matière de production et d’exportation. Baptiste compte environ 10 000 habitants et, de par sa situation géographique, elle est plus ou moins sécurisée face aux catastrophes naturelles, selon ce qu’à expliqué M. Etienne Jean, président de l’ANIH (Association nouvelle image d’Haïti).

Outre le café, Baptiste produit également beaucoup de d’agrumes et d’autres fruits juteux. Néanmoins, les responsables se plaignent du manque d’infrastructures. L’Etat, disent-ils, n’est pas actif dans la communauté. Le lycée de Baptiste fonctionne jusqu’à la 9e année fondamentale, après quoi, l’élève, s’il veut continuer ses études classiques, doit se rendre à Belladère, Mirebalais ou Port-au-Prince. « Cela engendre une perte de nos ressources humaines, souligne M. Etienne, car le jeune homme ou la jeune fille qui part étudier ailleurs ne va pas revenir ». En ce sens, estime-t-il, l’agrandissement du lycée et la construction d’écoles professionnelles s’avèrent indispensables.

Jusqu’en 1990, Baptiste dépendait de Belladère du point de vue administratif et politique. Les résidents aimeraient que Baptiste ait un statut de commune afin de bénéficier plus directement des services publics financés par les taxes communales. Depuis 2004, Baptiste relève à nouveau entièrement de Belladère tant du point de vue administratif que du point de vue politique.

Ce quartier, qui a lutté durant longtemps en vue de devenir commune, n’a jusqu’à présent pas encore eu ce privilège. Des documents relatifs à cette requête ont été acheminés au Parlement sous le gouvernement Préval-Alexis, aucune réponse favorable n’a été donnée, selon ce qu’ont expliqué les habitants de Baptiste qui rêvent d’élire leur propre maire aux prochaines élections municipales. « Maintenant, c’est au président Martelly de prendre cette décision par un arrêté présidentiel », ont-ils ajouté. « A présent, nous n’allons plus insister. Nous allons nous taire et laisser les activités parler à notre place », a indiqué M. Paulos Jean, l’un des initiateurs du festival, qui estime que le festival café ayant mobilisé plus de 4 000 participants prouve largement que Baptiste peut devenir commune.

Communications à Baptiste

Dans les années antérieures, il était difficile de communiquer avec le reste du pays quand on se situait dans la zone de Baptiste, le seul centre de télécommunication installé en 1990 par la TELECO ne fonctionnant pas depuis plusieurs années. Ce vide a été comblé depuis mai 2007 avec l’arrivée de la Digicel. L’Internet devient également accessible non seulement à la ferme agricole, mais aussi au presbytère de la zone et au bureau de l’UCOCAB. La presse, sous toutes ses formes, est inexistante. Toutefois, des ondes venant de la commune de Hinche, de Port-au-Prince et de la République Dominicaine peuvent être captées.

La région de Baptiste est pourvue d’électricité. Actuellement, le bourg est électrifié presque 24h sur 24 à partir d’une petite centrale hydroélectrique, installée sur la rivière Onde Verte, et dotée d’une capacité de 750 kilowatts et peut alimenter toute la commune, selon l’avis des habitants. Donc, une gestion efficace de cette ressource s’avère indispensable au développement durable de la zone.