Des entrepreneurs d’Atlanta veulent investir en Haïti

Trois potentiels investisseurs venus d’Atlanta : Eddy Benoit, Jérôme Russell et Ceasar Mitchell ont foulé le sol d’Haïti la semaine écoulée, pour explorer les terrains propices à l’investissement. Conduits par les responsables du consulat d’Haïti à Atlanta, ils ont rencontré plusieurs personnalités impliquées dans la facilitation de l’investissement dans le pays, afin de s’informer des opportunités.

Eddy Benoit, l’un des éventuels investisseurs arrivés en Haïti la semaine dernière, a exprimé sa volonté de mettre son expertise au profit du gouvernement haïtien dans la reconstruction d’Haïti. M. Benoit souhaite investir notamment dans l’éducation, le tourisme, l’agriculture et le textile. Il promet aussi d’aider dans la construction et la reconstruction des édifices commerciaux.

M. Benoit est très optimiste dans la présentation de ses projets pour Haïti. L’entrepreneur voudrait commencer avec un projet de construction de maisons peu coûteuses, par l’utilisation de matériels moins chers. Il envisage de mettre sur pied au fur et à mesure des industries diverses, notamment des compagnies de boissons gazeuses, qui pourront exporter aux USA à l’avenir.

« Je prévois aussi d’instituer une fondation qui recueillera une partie des fonds de mes entreprises pour supporter l’éducation », a promis le milliardaire américain d’origine haïtienne, précisant que ses projets sont établis en fonction de ses fonds disponibles. « J’ai toujours voulu investir dans mon pays d’origine, comme je l’ai fait aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Afrique, mais les difficultés du terrain m’en empêchaient », a-t-il avoué, tout en félicitant le consulat d’Haïti à Atlanta qui lui a facilité la tâche.

Eddy Benoit est le P.D.G. de « The Benoit Group », une importante firme basée à Atlanta qui se compose d’un groupe de développement commercial et d’un cabinet de conseil immobilier. Avec près de deux décennies d’expérience dans l’industrie du développement commercial, totalisant plus de 1,8 milliard de dollars.

Il se concentre actuellement sur la diversification des activités de l’entreprise et l’expansion géographique. Benoit vise aussi l’enseignement supérieur, des possibilités de logements pour les étudiants au sein des systèmes universitaires et le développement des principaux collèges et universités historiquement noires aux USA. Avant d’établir le Groupe Benoit, il a présidé  le « Multi-family division for Regent Partners » où il était responsable de la direction stratégique de l’entreprise. Il a aussi travaillé à la croissance et l’expansion dans de nouveaux marchés à travers les Etats-Unis.   

Jérôme Russell est le fondateur de « HJ Russell & Company », qui depuis plus de 50 ans, a été un chef de file dans la construction et l’industrie réelle de développement immobilier. La compagnie est reconnue comme le plus grand cabinet simple immobilier aux USA. Elle propose des services comme le développement immobilier, la construction et la gestion des biens.

César Mitchell est le vice-maire d’Atlanta. Il a servi pendant huit ans en tant que membre du conseil administratif de la ville.  Il a facilité la revitalisation économique dans les zones sous-développées par des mesures qui ont abouti à la création de 4 des 10 districts de la ville.

Les trois hommes ont eu un tête-à-tête avec des membres du gouvernement, particulièrement la ministre du tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, et des responsables du Centre de facilitation de l’investissement (CFI). Ils ont également visité plusieurs régions du pays. Après  diverses rencontres, ils se sont dits satisfaits des résultats obtenus et prêts à entamer les démarches. Ils louent d’ailleurs le CFI qui a raccourci le processus de création d’entreprise en Haïti.

En outre, les visiteurs se sont dits non préoccupés par le climat d’insécurité qui règne dans  le pays depuis quelques mois. Ils pensent que le chômage est l’une des raisons qui favorise ce climat qu’ils sont là pour réduire.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre des efforts du consulat d’Haïti à Atlanta, qui cherche à travailler de concert avec le ministère des Affaires étrangères et celui du Tourisme, pour faciliter l’investissement dans le pays et du même coup projeter une meilleure image d’Haïti à l’extérieur. Un nouveau conseil, installé à la tête de ce consulat  depuis environ un an, travaille notamment sur deux principaux points : regrouper les ressortissants haïtiens d’Atlanta et se faire connaître aux professionnels de cet Etat, aux fins de tisser des liens avec les hommes et femmes d’affaires.

Ces diplomates veulent accompagner le chancelier haïtien, Laurent Lamothe, dans le cadre de la « Diplomatie d’affaires » prônée par ce dernier. Depuis quelque temps, ils se sont engagés à projeter les belles images d’Haïti à l’échelle internationale, expliquent-ils. Gandy Thomas, consul général d’Haïti à Atlanta et  Réginald Michel, responsable de relations publiques, qui ont conduit la délégation, ont affirmé vouloir mettre en œuvre le slogan du président Michel Martelly « Haïti is open for business ».

« Ceci est une première série d’investisseurs que nous avons conduits ici, pour voir ce que cela va donner, nous comptons y emmener d’autres », a assuré M. Gandy, qui annonce déjà une deuxième délégation pour fin mai prochain. 

Une fête patronale sur fond de projets palpables

La fête patronale des Côtes-de-Fer a connu cette année un succès considérable. La ville natale du président Martelly s’est vue envahie par plusieurs dizaines (voire centaines) de milliers de visiteurs. Sa capacité d’accueil a débordé. Une semaine d’activités intenses a été organisée dans cette ville en pleine construction. Des activités culturelles, sociales et à caractère politique. Une fois de plus, le chef de l’Etat a distribué pas mal de cadeaux aux gens.

La messe de célébration du saint patron des Côtes-de-Fer s’est déroulée, lundi 19 mars,  dans la paroisse St-Joseph. Elle a réuni des milliers d’habitants de la commune et des régions avoisinantes. Le couple présidentiel et d’autres officiels y ont également assisté. Tout en saluant les efforts déjà entrepris par le président Martelly au niveau de la région, le célébrant principal, le révérend père Samson Pierre, curé de la paroisse de Gris-Gris, a exhorté la population des Côtes-de-Fer à la compréhension, à l’amour et au respect d’autrui, conditions essentielles au rayonnement de la communauté.

Quatre « jours gras » aux Côtes-de-Fer

Bain de mer, activités sportives et animations musicales, suivies de distributions de cadeaux (le soir)  ont été, entre autres, les réjouissances principales des résidents et visiteurs de cette commune durant quatre jours  consécutifs. Deux stands ont été  érigés au cœur de la ville pour garder la population en éveil jusqu’à l’aube, durant les quatre jours, grâce à l’animation de DJ Sound Design et du président de la République lui-même. La petite ville en pleine expansion a accueilli également un grand nombre de groupes musicaux cette année, dont RAM, Mass Compas et Disip.

Père Noël bis

Aux Côtes-de-Fer, d’autres officiels se sont joints au président Martelly dans sa distribution habituelle de cadeaux. Dans une ambiance spectaculaire, le chef de l’Etat haïtien a offert pendant quatre jours des motocyclettes et des enveloppes aux habitants, en vue de leur faciliter le déplacement vers les zones reculées. Désignés l’un après l’autre par le président lui-même ou d’autres officiels, les bénéficiaires ont été invités à enrichir le spectacle, par des prestations diverses pour mériter les cadeaux.

Des projets

La construction de la place d’armes, la réhabilitation de la paroisse St-Joseph, le bétonnage de plusieurs rues, l’électrification de la ville, l’installation de lampes solaires dans différentes sections communales figurent, entre autres, parmi les travaux réalisés en prélude à la célébration de la Saint- Joseph. Le chef de l’Etat a renouvelé son engagement au développement de sa ville natale par la création d’infrastructures adéquates telles que la construction du tronçon Côtes-de-Fer/Carrefour 44, déjà en chantier, l’électrification de la ville, la construction de lacs collinaires, etc.

La commune fête la Saint-Joseph depuis environ 63 ans. Elle fête également plusieurs saints patrons au niveau de différents endroits, notamment la Notre-Dame à Boucan-Bélier en août. De l’avis de tous, responsables de la municipalité et population, la réalisation de la Saint-Joseph cette année a laissé les visiteurs bouche bée, stupéfaits du travail bien fait. La fierté des Côtiferrois s’exprime également à travers la construction de la route 44, depuis un mois et demi, qui relie la commune à la route nationale. Les responsables de la municipalité des Côtes-de-Fer appellent cependant à la mise en place de nouvelles structures d’accueil dans la commune. «Le seul inconvénient des fêtes était que le nombre de visiteurs avait largement dépassé notre capacité d’accueil», a déclaré le directeur de la commune, remerciant tous ses collaborateurs.

« 300 carreaux de terres cultivables sont déjà irrigués, plusieurs hectares de bananeraies entretenus  et 5 puits artésiens, à raison de 900 gallons d’eau par minute chacun, opérationnels. Les organisations de planteurs, dont l’une des plus importantes est l’OPFLA (Organisation des planteurs de Flamand), prévoient déjà quatre (4) vendanges de miel par année, grâce à ce projet. Le chef de l’Etat a entre autres  distribué des outils de travail aux agriculteurs et promis de les accompagner en leur facilitant la formation technique et le crédit agricole », rapporte un communiqué du bureau de la présidence. 

 

La commune des Côtes-de-Fer se trouve dans le sud-est du pays, à 44 km de la route nationale #2. Fondée en 1843, elle contient 6 sections communales qui se regroupent sur une superficie de 192,42km2 entre plaines et montagnes, arrosées par ses trois rivières. Deux des sections communales sont baignées par une mer saine et sauvage. Mais ceci n’empêche pas les visiteurs et les Côtiferrois de jouir de l’interaction que leur offrent les vagues toujours en mouvement dans les deux plages dont dispose la commune, ou simplement au bord de la mer non entretenue.

Dans l’allée qui mène au centre-ville des Côtes-de-Fer, l’église Saint-Joseph accueille les visiteurs dans sa pleine majesté. Elevée sur une base d’environ 4 mètres de haut, récemment réaménagée pour la célébration de la fête patronale, elle offre une vue splendide du centre-ville, où se situe la majorité des institutions publiques. Parmi elles, la mairie de la commune et la Direction générale des impôts (DGI) dont le bâtiment est fraîchement réhabilité, le centre de santé qui n’offre que les premiers soins, le tribunal de paix, le bureau de l’état civil et le commissariat de police.

La place d’armes des Côtes-de-Fer, actuellement en construction et qui a accueilli les manifestations de la fête, est jusqu’ici la seule place publique de la commune. Plusieurs tronçons de route à deux voies qui parcourent le centre-ville sont bétonnés et ont permis une circulation fluide pendant les festivités. La structure hôtelière de la ville est très pauvre. Seuls deux hôtels reçoivent les visiteurs lors des grandes activités.

La commune possède 3 rivières, plus de 70 sources. Cependant, des robinets pour le service ou l’usage domestique ont aussi été installés. La distribution d’eau a été renforcée par la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement (DINEPA), pendant la période des fêtes. L’agriculture et l’élevage, le commerce, les jeux de hasard, la pêche et l’artisanat constituent les principales activités commerciales de la commune.

Côtes-de-fer compte plus d’une dizaine d’écoles primaires, dont 5 au centre-ville. L’école Saint-Joseph dirigée par les sœurs de la charité de Saint-Louis, communément appelée « chez les sœurs», offre une section kindergarten et est subventionnée par l’Etat haïtien. On y compte également deux lycées: le lycée Cléovil Maudé et le lycée de Gris-gris. Cependant, on n’y trouve pas d’université ni d’école supérieure, ce qui aboutit généralement à la migration des jeunes vers d’autres villes ou vers la capitale haïtienne, en quête de formation supérieure.

Haïti sous le regard d’une journaliste canadienne

La journaliste canadienne Chantal Guy, dans un article sévère à l’endroit d’Haïti, publié vendredi sur le site de Cyber presse, a prodigué des conseils à ses concitoyens qui souhaitent visiter le pays. Selon ses écrits, elle veut que les Canadiens évitent les « mauvaises surprises ». Dans un autre article moins sévère, elle explique pourquoi, à son avis, Haïti est appelée l’île magique, tout en expliquant que les Haïtiens ne s’attendent généralement qu’à de l’aide, venant des « Blancs ».

Après avoir indiqué quels vols choisir, la journaliste, dans son article, a commencé par le budget que doit prévoir les visiteurs canadiens en Haïti. Elle est d’avis qu’Haïti n’est pas bon marché,  « contrairement à ce qu’on pourrait croire ». « Et si vous êtes blanc, vous payez le triple, on ne vous fera pas de cadeau », prévient-elle.

En ce qui a trait à l’utilisation de la monnaie, la journaliste estime que l’argent canadien n’a aucune valeur en Haïti contrairement au dollar américain et à la gourde. Elle suggère à ses touristes d’avoir à leur disposition de petites coupures, « parce qu’on ne vous rendra pas toujours la monnaie! », dit-elle. «  Aussi, les guichets automatiques sont rares, il faut donc des cartes de crédit pour faire des avances de fonds », ajoute-t-elle.

Parlant transports, Mme Guy, qui constate que « tout le monde utilise son véhicule pour faire quelques gourdes », a déclaré que l’on peut se déplacer partout, « selon son degré de sensibilité au risque ». « Les routes ne sont pas éclairées, il n’y a pas de feux de circulation, pas de règles. D’ailleurs, peu de voitures ont des ceintures de sécurité. La méthode de luxe (environ 100$US pour une journée) est de payer une voiture avec chauffeur », souligne-t-elle.

«A  Port-au-Prince les voitures qui affichent une banderole rouge sont des taxis qui suivent un circuit. Le transport rapide et économique est la moto, mais c’est le plus inquiétant: pas de casque et vous pouvez être trois dessus! Enfin, il y a le tap-tap, souvent bondé, et qui porte bien son nom: véritable tape-cul, assez pénible pour les longs déplacements, mais lieu idéal de socialisation », explique la journaliste dans son fameux article.

Seules la nourriture et la communication –  bien que sans contrôle – sont exemptes de sa critique acerbe. « Honnêtement, rien ne vaut un homard grillé servi sur la plage… Et vous ne savez pas ce qu’est une mangue si vous n’avez pas mangé une mangue haïtienne ». « Tout le monde fonctionne par cellulaire. Ayez-en un, c’est primordial pour rester en contact. Si votre téléphone intelligent est déverrouillé, profitez-en pour acheter une carte SIM haïtienne, qui vous permettra de tout faire (texto, téléphone, Internet) pour un prix ridicule ».

Plus tôt, dans un autre article publié sur le même site, titré : « Haïti, l’île magique », Chantal Guy laisse croire que depuis la chute de Bébé Doc, Haïti n’est plus visitée que par les travailleurs des ONG, les militaires et les missionnaires. « Mis à part les Haïtiens de la diaspora qui font régulièrement le va-et-vient et les travailleurs humanitaires de tout acabit, rares sont les touristes qui y débarquent simplement par curiosité. Cette espèce manque cruellement à Haïti, ce qui fausse les rapports entre étrangers et Haïtiens. Dire qu’il y a déjà eu un Club Med très populaire sous la dictature! Un « Blanc » – ce mot désigne avant tout un étranger, peu importe la couleur de sa peau – n’est jamais ici gratuitement et ne semble exister que pour apporter son aide ».

Le voyageur un peu téméraire risque, selon elle, de trouver l’expérience de voyager en Haïti assez pénible. « D’abord, 90% de la population ne parle que le créole. Et si vous êtes blanc, le mot « argent » est écrit en lettres de feu sur votre front, peu importe votre budget », insiste-t-elle.

Pour cela, elle pense que la meilleure façon de découvrir Haïti, est d’y être introduit. « L’esprit de clan ici est fort, et les Haïtiens ont créé les réseaux sociaux bien avant Facebook », signale Mme Guy, ajoutant que la société haïtienne n’est pas une société plus dangereuse contrairement à ce que l’on pourrait croire. « Il y a comme partout de la criminalité, mais certainement proportionnellement moins que dans les quartiers les plus louches des pays industrialisés », ajoute-t-elle.

« Bien sûr, poursuit l’exploratrice d’Haïti, le voyageur fortuné peut se terrer dans Pétion-Ville, sorte de Westmount de Port-au-Prince et emprunter sa voiture pour le moindre déplacement. Il y découvrira le luxe, le confort, la bonne chère, étonnamment possibles au milieu de tant de misères. Mais il ne découvrira en rien la véritable Haïti. Car Haïti vit dans la rue ».

« Haïti n’est pas une anomalie de l’histoire, elle est l’Histoire. Des siècles de bruits et de fureur sans aucun répit. L’atmosphère d’Haïti est imprégnée de cette destinée incroyable et tragique, qui semble flotter au-dessus de ses paysages époustouflants. Une vie ne suffirait pas à comprendre ses mystères, ses paradoxes et ses absurdités. Mais si le dieu Legba, celui qui ouvre les portes, est avec vous, peut-être aurez-vous le privilège d’être invité un jour dans ses coins les plus secrets», explique Chantal Guy.

« On ne l’appelle pas l’île magique pour rien », conclut-elle.