Beau spectacle de Martelly au Cap-Haïtien

Après les Cayes, Port-de-Paix et Port-au-Prince, c’est la ville du Cap qui a accueilli, jeudi soir, le chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, dans le cadre de sa grande tournée de solidarité à l’occasion des fêtes de Noël et de fin d’année. Comme dans les villes précédentes, des motocyclettes et des cadeaux divers ont été distribués, ainsi que les clés d’une voiture. Le grand gagnant du Pick-Up, Sandro André, est un handicapé qui préside un groupe de rara.

Le président a dansé sur le podium de la place d’Armes du Cap, képi noir sur son crâne rasé, chemisier blanc à rayures bleues,  jean neuf, faisant apparaître  bien plus son côté d’ « artiste » que celui de « président ». Michel Martelly avait l’air bien dans sa peau. Léger comme une plume dans ses mouvements.

Il est 6 heures de l’après-midi et la foule, immense sur la place publique, comme celle du Champ de Mars, à Port-au-Prince, la veille, se délecte d’attendre le spectacle. Une image qui fait ressurgir, dans de nombreuses têtes, celle du carnaval au Champ de Mars. Comme dans beaucoup de carnavals passés, l’artiste-vedette est bien  Michel Martelly. Des fans brandissaient leurs pancartes avec des slogans comme « Martelly tèt kale » ou « Martelly papa bon coeur ».

L’astuce pour avoir sa part dans les divers cadeaux est d’avoir été là, le plus tôt possible afin de gagner le devant de la scène. Des participants rapportent qu’ils sont là depuis six heures du matin ou même plus tôt. Ceux qui réussissent à gagner le podium sont considérés comme des « héros », parce qu’ils doivent braver plusieurs dangers comme des coups de bâton des agents de l’UDMO. Ceux qui ont eu la chance d’être nés un 22 décembre, sont invités à apporter une pièce d’identité justifiant ce fait, pour recevoir des cadeaux.

Désigné l’un après l’autre par le président lui-même, les bénéficiaires sont invités à danser et chanter à leur façon pour le président. Ils sont également conviés à expliquer pourquoi ils méritent la moto. Femme comme homme, chacun se défend à sa façon. Personne ne se retient pour faire l’éloge du président et de ses bonnes actions.  Certains avaient soutenu le président lors de l’élection présidentielle, d’autres ont fait des kilomètres à pied pour se rendre à l’école ou au travail, d’autres encore ont éduqué seuls de nombreux enfants. Telles sont les raisons, entre autres, pour lesquelles ils méritent les motos. Sans oublier celle qui a perdu son mari lors de l’élection présidentielle. S’ils ont été assez convaincants, la seule réaction du président était : « Moun okap gen pawòl mesye, bal on moto pou mwen ».

C’est ainsi que beaucoup de gens sont sortis « heureux » de la place d’armes du Cap-Haïtien. Ceux qui n’ont pas eu la chance de recevoir des motos, ont reçu d’autres cadeaux ou des enveloppes contenant de l’argent. Des milliers de sacs d’engrais sont déjà disponibles dans la région et seront bientôt distribués aux cultivateurs, dit le président.

C’était un beau spectacle marqué par les rires pour les belles prestations des bénéficiaires qui devenaient tous « artistes », et les pleurs de ceux qui se sont fait bousculer par les autres, par les agents de l’UDMO et notamment de celle qui a perdu son enfant de cinq ans dans la foule.

Le chef de l’État, accompagné du sénateur Edwin Zenny du Sud-Est et de membres de son cabinet, a été accueilli, entre autres, par le délégué départemental, Yvon Alteon, dès sa descente d’hélicoptère au parc St-Victor où il s’est adressé aux journalistes en leur faisant part du sens de son initiative.

Le président Martelly croit que la solidarité est une question de partage, indique un communiqué du bureau de la présidence. Il croit fermement aussi que le plus important est la création d’emplois et le développement durable. Aussi promet- il encore une fois de travailler à cette fin.

Selon le communiqué, le président s’est entretenu à l’école St-Joseph avec les frères Charles Coutard et Yves Allain sur le programme de scolarisation. Sur la cour de cet établissement scolaire, le chef de l’État a procédé à une distribution de cadeaux à des centaines d’enfants.

« Avant cette ambiance conviviale historique sur la place publique du Cap, poursuit le communiqué, une séance de travail a eu lieu à l’hôtel Roi Christophe avec des responsables de la région, des représentants d’associations, du secteur privé ainsi que des autorités religieuses dont Mgr Louis Kébreau, à qui le président de la République a adressé ses remerciements pour son dévouement et son sens de leadership. Au cours de cette rencontre, le président de la République a demandé des comptes quant à l’exécution des projets d’infrastructure et d’assainissement dans les différentes communes du département du Nord. Il en a profité pour évaluer l’état d’avancement des travaux d’extension de la piste de l’aéroport international du Cap-Haïtien. Ces travaux seront achevés en 2013 ».

« Les participants ont eu le privilège de présenter leurs revendications au chef de l’État qui, à son tour, a exhorté les autorités concernées à travailler en synergie afin de fournir des résultats concrets en faveur de la population locale », conclut le communiqué. 

Ouanaminthe veut profiter des opportunités pour son développement durable

La ville de Ouanaminthe a connu, ce mercredi, quelques instants de forte tension due à l’arrivée des différentes délégations qui devaient participer à l’atelier de mise en oeuvre du plan communal de développement de cette commune. C’était aussi l’occasion pour les bailleurs de fonds d’étaler leurs projets pour ladite commune et les membres de la société civile de faire des recommandations aux principaux bailleurs.

Plusieurs personnalités d’horizons différents, notamment des leaders locaux de la société civile et du secteur privé, des représentants du gouvernement haïtien, des responsables de la Banque interaméricaine de développement (BID), de l’Union européenne (UE), du gouvernement américain et d’autres partenaires importants impliqués dans le développement de la région du Nord, ont brillé par leur présence au local du restaurant Plézirs gourmands, à Ouanaminthe, pour assister à la présentation du plan de développement de cette commune. Un  plan élaboré par le ministère de la Planification et de la Coopération externe, avec le support  du PNUD et finalisé par des professionnels de la commune mobilisés par le maire.

Sous le regard de l’assistance, le maire de Ouanaminthe, M. Rony Pierre, a procédé, dans son allocution, à la présentation du plan communal de développement de la commune de Ouanaminthe (2011-2016). Ce plan présente les aspirations et les priorités de développement de la communauté, y compris les services de santé, l’éducation, la formation professionnelle, la gestion de l’agriculture et de l’environnement. Le plan tend à prioriser également tout effort visant à encourager les investissements du secteur privé, tout  en tenant compte  contraintes et  potentialités de la commune.

« Un plan fait pour être connu, valorisé et exécuté », a dit le maire de Ouanaminthe, ajoutant que sa commune a les propres moyens de son développement. « Cette  commune moderne et modèle a besoin de l’appui de tous les investisseurs et d’un plan d’aménagement du territoire », a-t-il cependant laissé comprendre.

Le conseiller à la municipalité de Ouanaminthe, Nesmy Manigat, l’un des piliers de cette démarche, qui devait également intervenir lors de la présentation du plan communal de développement de la commune de Ouanaminthe, a fait remarquer que ce plan envisage de créer 25 000 nouveaux emplois d’ici 2016 dans trois secteurs clés : l’agriculture, les zones franches industrielles et les services publics et commerciaux. « La valeur ajoutée de ce nouveau plan vient essentiellement de la mobilisation des citoyens de cette commune, qu’ils soient en Haïti ou dans la diaspora, pour sa mise en oeuvre effective », a-t-il indiqué.

M. Manigat, qui se félicite de l’implication de tous les citoyens dans le plan de développement, a affirmé que : « Nous, population de Ouanaminthe, croyons avoir un avenir prometteur et disposons de plus en plus de ressources humaines, d’ici et d’ailleurs, désireuses d’investir leur temps dans le développement de la commune ».

50 jeunes de moins de 50 ans, a-t-il précisé, sont notamment désireux d’investir dans la région. « Il nous faut de plus en plus d’investisseurs. Nous pouvons et nous allons faire mieux avec l’appui de tous », a-t-il ajouté.

La représentante du Premier ministre, Mme Rose-May Guignard, membre du Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), a adressé ses félicitations aux citoyens de Ouanaminthe qui ont su, selon elle, identifier les vraies priorités de la région.

Mme Guignard a dévoilé son plan de développement dans les départements du Nord et du Nord-Est et ses perspectives d’amélioration des conditions de vie. Les futurs investissements vont modifier radicalement le territoire (Nord), a estimé celle qui veut que la science soit au service du développement économique suivant un plan inclusif et participatif. Elle a également mis l’accent sur les potentialités agricoles, touristiques et commerciales de la zone et souhaite que les moyens nécessaires pour passer de l’assistanat à l’autonomie soient accordés aux collectivités.

Lors de la présentation du thème: « au-delà de l’emploi », qui est la contribution de CODEVI au développement de Ouanaminthe, Fernando Capellan a fait un rappel du flux monétaire drainé par ce parc industriel, géré par la manufacture Grupo M (groupe M), en raison de son puissant investissement dans la région. « Ce sont les clients de base qui ont permis à CODEVI de progresser », a souligné M. Capellan. Il parle de 6 500  emplois directs dont 53% de femmes bénéficiaires, créés par son industrie. « Le groupe M  a la volonté d’augmenter à 15 000 les emplois directs d’ici 2015 », a-t-il promis, dévoilant son programme de reforestation et d’appui aux petites entreprises.

La conseillère et chef de cabinet de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, Cheryl D. Mills, et l’ambassadeur Kenneth Merten ont pris la parole au nom des Etats-Unis pour souligner l’engagement continu du gouvernement américain dans le développement de la région du Nord et l’importance de travailler en partenariat avec les bailleurs locaux.

Pour sa part, le représentant de la Banque interaméricaine de développement (BID), Felipe Gomez-Acebo, a décrit les investissements entrepris par la BID au niveau de la région, en mettant l’emphase sur l’éducation, l’environnement, ajoutés aux efforts d’amélioration dans la distribution de l’eau et du système d’assainissement, et en promouvant également le développement du secteur privé.

Le représentant de l’Union européenne, Benoist Bazin, a, quant à lui, mis l’accent sur l’engagement de l’institution qu’il représente dans des projets d’infrastructure qui vont améliorer l’intégration entre les villes de la région et les systèmes de transport avec la capitale haïtienne et le centre du pays.

Cet atelier a aussi été un moment d’échanges et de débats entre les différents participants. Les représentants du  gouvernement, de la société civile et les élus locaux présents, ont, les uns après les autres, exprimé leurs recommandations vis-à-vis du plan. Point par point, ils ont indiqué ce qui, selon eux, mérite d’être approfondi.

En clôture de l’atelier, le maire de la commune de Ouanaminthe, Rony Pierre, a annoncé la mise sur pied d’un comité de suivi  ayant comme coordonnateur Nesmy Manigat, chargé de la mise en oeuvre des projets prioritaires de ce plan quinquennal de développement.

Marlène Dorcéna: une perle haïtienne en Belgique

Marlène Dorcéna est une artiste haïtienne installée en Belgique depuis quelques années. Accompagnée d’excellents musiciens, elle fait découvrir son pays et sa culture à de nombreux spectateurs. Cette semaine, elle est arrivée dans le pays en vue d’apporter son soutien aux victimes du séisme de janvier 2010, et dans le même temps, présenter son nouvel album : « Voyage». Entre enregistrements musicaux, radio, télévision, théâtre et littérature, sa vie est marquée par de longs voyages qu’elle tente de faire découvrir à travers cet album.

L’artiste haïtienne évoluant en Belgique, Marlène Dorcéna, est arrivée cette semaine dans le pays pour une visite de  quelques jours, dans le cadre de  son projet spécial : « Une mallette pour Haïti », dédié à des victimes du tremblement de terre de l’an dernier, particulièrement des enfants. Il s’agit d’une action lancée par la chanteuse elle-même, au lendemain du séisme. Ainsi a-t-elle procédé, durant son séjour en Haïti, à la distribution de kits scolaires pour enfants, dans plusieurs camps d’hébergement. L’artiste en a profité pour présenter son nouvel album « Voyage », qui se situe autour d’Haïti et surtout autour de ses dix dernières années de voyages musicaux qu’elle a entrepris ces derniers temps.

Haïti et la langue créole sont au coeur des concerts de Marlène. Elle parle et chante avec douceur et conviction d’Haïti sous le soleil, de la misère et des réalités sociales. Elle revendique son origine africaine, celle des esclaves déracinés de leurs terres et envoyés « aux Amériques ». Marlène Dorcéna, qui a combien brillé sur la scène artistique belge depuis son arrivée là-bas, reste jusque-là presque inconnue sur la scène musicale d’Haïti, alors qu’elle continue de chanter de la musique traditionnelle haïtienne un peu partout dans le monde. Sur la demande de la presse, elle promet de revenir bientot mettre à l’appréciation du public haitien ses nombreux talents artistiques.

Pour son nouveau CD, elle était venue à la recherche de nouvelles sonorités, de nouvelles émotions simples produites par des instruments tels que : lambi (instrument de révolution du peuple haïtien), tambour haïtien, pin, noisettes, ti bwa, agogo, maracas, coquillages, etc.

Le dernier CD de Marlène Dorcéna, intitulé  « Haïti », illustre toute sa reconnaissance envers la Belgique. L’on verra que son style n’a pas changé, d’autant plus que les instruments traditionnels d’Haïti et d’autres provenant de la nature méritent une attention et dégustation particulières.

L’engagement de Marlène ne se limite pas aux heures passées sur la scène. La situation des femmes et celle des enfants de son pays font partie de ses préoccupations et de son engagement quotidien.

Depuis quelques années, Marlène Dorcéna a créé une association au nom de « Haïti Chérie », qui a pour but de promouvoir la culture et la musique d’Haïti en Belgique dans d’autres pays. Son tout premier projet consistait à installer une pompe à eau dans un petit village, à Cavaillon, où beaucoup de gens parcouraient plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau qui n’est même pas buvable.

Afin de partager avec les enfants une partie de son enfance et de rendre hommage à sa grand-mère, Marlène Dorcéna a rédigé un recueil de contes et de chants créoles. Les bénéfices de ce livre seraient versés à la réalisation du projet d’eau. Son spectacle pour enfants illustre son histoire, son parcours et sa vision de la vie.

Marlène Dorcéna est née et a grandi aux Cayes, dans le sud du pays. A l’école, tout en faisant partie de l’association culturelle, elle pratiquait un répertoire de chansons françaises. Avec l’aide de la famille, elle est devenue membre et choriste dans une chorale évangélique.

En 1991, elle s’est rendue en Belgique pour participer au Mechels Miniatuur Theater, à Mechelen, comme actrice dans la pièce  » Mèsi Bondye Verdomme  » mise en scène par René Verreth. De retour en Haïti, elle a participé à un séminaire au Venezuela, organisé par la Confédération des travailleurs latino-américains.

A la suite du coup d’Etat en Haïti, en 1991, elle a décidé de retourner en Belgique afin de poursuivre ses études en Communication.

Sa rencontre avec Raoul Nassar (musicien, compositeur et médecin d’origine haïtienne), l’a incité à développer un vaste répertoire de chansons traditionnelles ainsi que ses compositions personnelles.

Son premier enregistrement en qualité de chanteuse soliste se ferait avec l’Orchestre Super Combo Créole, formation de quinze musiciens sous la direction du Maestro Raoul Nassar.

En 1999, sa rencontre avec Didier Mélon lui a permis d’enregistrer 5 titres qui figuraient sur la compilation 2  » Le monde est un village « .

En 2002, c’est avec succès qu’elle a présenté son nouveau CD  » Mèsi « , produit et réalisé par Contre-jour, dans lequel elle a dévoilé l’âme, les couleurs, les rires et la poésie des gens d’Haïti. Ce qui lui a permis également de participer à des festivals non seulement en Belgique mais aussi en Allemagne, à la Martinique, en Suisse, en Russie, en Ukraine, en Hollande, en France, etc. 

 

www.marlene-dorcena.com