Pour la souveraineté alimentaire, marchons unis !

C’est par sa traditionnelle marche que le Mouvman peyizan Papay (MPP) a clôturé, le vendredi 22 mars 2013, le congrès de 5 jours organisé dans le cadre de la célébration de son 40e anniversaire. Cette année, le mouvement a mobilisé près de 50 000 participants. Une étonnante manifestation paysanne.

La marche a démarré à midi au Carrefour de Hinche-Thomassique situé à quelque 7 km de la ville de Hinche. Des cultivateurs venus de partout dans le Plateau central y ont débarqué comme des pèlerins, arrivés à pied ou dans de gros camions. La foule de paysans vêtus de maillots rouges et de chapeaux de paille avec des messages revendicatifs inscrits dessus se dirige vers la ville dans une atmosphère de fête. Des riverains impressionnés par la manifestation agrandissent la foule au fur et à mesure qu’elle avance. Plusieurs partenaires internationaux sont également de la partie.

Motivés plus que jamais à faire entendre leur voix, les militants gagnent les rues poussiéreuses de Papaye, en brandissant des pancartes et en chantant des refrains destinés à dénoncer la dépendance alimentaire. De loin, on peut les voir traverser le pont Gwayamouk comme une colonie de fourmis ou d’abeilles. Certains d’entre eux dansent autour des grands chars musicaux qui les accompagnent.

Des agents de la police nationale et de la protection civile sont sur place. Aucun incident majeur n’est signalé.

La caravane sillonne ensuite les rues de Hinche avant d’aboutir à 2 heures 15 de l’après-midi sur la place Charlemagne Péralte, sa destination. A ce moment, le leader du MPP, Chavannes Jean-Baptiste, prend la parole pour appeler ses compatriotes à la conscience citoyenne et à l’organisation, seule façon de continuer à mener la lutte pour la souveraineté alimentaire. C’est alors que le long discours de déclaration finale est lu par le responsable du MPP et un autre collègue.

Dans ce discours, l’organisation félicite les 1875 délégués d’organisations paysannes venus des dix départements géographiques du pays, ainsi que les délégations de la diaspora, qui ont pris part au congrès, tout en présentant ses revendications qui concernent principalement les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation.

Rappelons que cette marche a mis fin au congrès de 5 jours réalisé dans le cadre de la célébration du 40e anniversaire de MPP. L’objectif de cette initiative est de réclamer une organisation plus cohérente « dans un pays qui importe plus de la moitié de ses produits alimentaires ». Les participants ont plaidé pour que soit entrprise dans le pays une véritable réforme agraire et une agriculture agro-écologique, méthode basée sur le renouvellement des sols qui bannit l’utilisation des engrais chimiques.

Celui qui s’était vivement opposé à l’arrivée en Haïti de semences hybrides ou OGM du géant industriel américain Monsanto après le séisme de 2010 pense que l’agro-écologie peut offrir de meilleurs rendements et réduire la pauvreté, en fournissant de l’emploi rural.

La priorité pour les agriculteurs haïtiens, selon lui, est une véritable réforme agraire au terme de laquelle chaque agriculteur pourrait sécuriser une portion de terre pouvant nourrir sa famille et approvisionner les marchés locaux. << Les paysans doivent être considérés comme des Haïtiens au même titre que les autres, ils doivent être respectés et impliqués dans les décisions du pays >>, recommande-t-il.

Le Mouvement Paysan Papaye est une organisation paysanne qui a pour but d’unir tous les paysans d’Haïti et de rassembler les jeunes travailleurs ruraux organisés en groupement, en vue de leur promotion culturelle et économique. Sa mission principale est de promouvoir l’organisation de toute la masse paysanne pauvre d’Haïti (hommes, femmes, jeunes) afin de lutter pour bâtir une société où les besoins vitaux de l’homme sont satisfaits (alimentation, logement, éducation, travail, soins médicaux, loisirs, etc.) ; tout en respectant l’identité et la liberté du peuple. Le slogan « òganizasyon ou lanmò » revient sans cesse dans tous les grands rassemblements du MPP.

Camp-Perrin a célébré la Journée internationale de la femme

Les femmes ont fêté grandiosement à Camp-Perrin à l’occasion de la journée qui leur est consacrée par les Nations unies. Des milliers de femmes se sont mobilisées dans l’enceinte du Centre des frères Thomas de Camp-Perrin pour accueillir la ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, qui s’était fait accompagner d’une délégation de parlementaires, d’autorités locales et de membres d’organisations internationales.

C’était l’occasion pour les femmes de cette communauté, ainsi que d’autres femmes venues d’ailleurs, d’exprimer leurs besoins et de plaider pour le respect de leurs droits. La ministre à la Condition féminine s’est félicitée des progrès enregistrés dans le domaine de la participation des femmes dans la vie politique et des postes de responsabilité au sein du gouvernement actuel. Elle a encouragé la population à élire beaucoup plus de femmes au Parlement.

Mme Mézile a plaidé pour l’autonomisation économique des femmes haïtiennes. En ce sens, elle a promis de mettre sur pied bientôt des « maisons de femmes » dans la commune des Cayes.

La ministre Mézile a été l’actrice principale de cette célébration, mais c’est le député de Maniche / Camp-Perrin qui a reçu le plus d’honneur durant cette cérémonie. Ogline Pierre a été couronnée par les organisations de femmes de sa circonscription pour « avoir su satisfaire les attentes de ses mandants ». Emue, cette dernière a versé des larmes de joie, heureuse de ce que cette activité ait été réalisée dans  sa commune. 

Quel avenir pour la centrale hydroélectrique de Belladère ?

La centrale hydroélectrique de Onde-verte (CHOV), à Belladère, fonctionne comme une entreprise autonome. Méconnue, cette institution considérée comme la petite-fille de la centrale de Péligre alimente la ville de Belladère et quelques localités avoisinantes. Elle fait face à certaines menaces qui remettent en question sa subsistance.

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Visite guidée

Il faut juste traverser une grande barrière en tôle de couleur verte avec le logo : « Electricité d’Haïti », pour visiter la « centrale hydroélectrique de Onde-verte », après avoir emprunté une longue route étroite et poussiéreuse, depuis le Carrefour de Croix-fer (situé à environ 4 km de Belladère). La fraîcheur qu’il y fait est agréable. Le bruissement de l’eau de la rivière coulant à flots dans le grand évacuateur de crue est comme une douce musique.

Avec l’autorisation de l’agent de sécurité et de l’opérateur en service, on peut même aller voir le barrage situé en altitude. De là, on peut contempler une bonne partie de ce quartier tout vert appelé la Sève et de la rivière Onde-verte qui poursuit son chemin au milieu des arbres. On peut également observer la circulation de l’eau dans les vannes de chasse jusqu’à son acheminement au centre de transformation, un petit bâtiment couvert de tôles, situé tout en bas du système de captage.

A l’intérieur, les deux turbines du centre dégagent un bruit assourdissant. Juste à côté, un autre bâtiment de la même allure héberge les différentes cellules d’opération. Le travail y est énorme depuis la transformation jusqu’à la « grande distribution » de l’énergie, assurée par le bureau de l’Ed’H de Belladère, au coeur de la ville. Cette énergie est payée par les grandes entreprises de Belladère et de Baptiste, notamment. C’est Baptiste qui reçoit la plus grande part d’électricité (jusqu’à vingt-quatre heures par jour).

Inquiétudes…

La CHOV est un patrimoine historique. Plus jeune que la centrale hydroélectrique de Péligre, elle a été créée en 1946, sous le président Dumarsais Estimé, fondateur de la ville de Belladère. Sa puissance de production de 750 kilowatts lui permet d’électrifier les sections communales Baptiste, Croix-fer, Dopalais et Belladère, à raison de 16 heures d’électricité par jour, en moyenne.

Depuis sa dernière rénovation en 2008, la CHOV marche très bien, selon l’opérateur Jean Claude Louissaint qui y travaille depuis seize ans. L’originaire de Jacmel craint toutefois une diminution des capacités de l’institution à l’avenir, en raison des menaces de carence d’eau. Il se rappelle qu’à cause du manque d’eau, la CHOV a eu à faire face à trois années d’arrêt, entre 2005 et 2008, période durant laquelle la commune de Belladère était plongée dans le black-out total.

Il est clair qu’une gestion efficace de cette centrale est indispensable au développement de Belladère et des communes voisines. Située dans une région à faible risque sismique, la plus grande menace à la subsistance de la CHOV est le phénomène de déboisement qui a certainement des impacts sur le bassin versant qui l’alimente. En outre, un meilleur plan d’aménagement de ce bassin aiderait sûrement à étendre ses services sur plus de localités.

Aucune initiative visant l’amélioration des services de cette centrale n’a été prise depuis 2008. Des projets ont certes été annoncés, mais rien de concret n’est fait jusque-là. Aujourd’hui, des travaux de réhabilitation sont en cours à la centrale hydroélectrique de Péligre, selon ce qu’a annoncé récemment la direction de l’Electricité d’Haïti (Ed’H). Il y a aussi la réhabilitation simultanée de la centrale thermique de Carrefour où des travaux ont débuté depuis octobre 2012. Qu’en est-il de la centrale hydroélectrique de Belladère ?

 
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