L’hypnose conversationnelle comme alternative

A l’initiative de l’Unité de recherche et d’action médico-légale (URAMEL), une trentaine de jeunes professionnels de la santé (médecins, psychologues et psychiatres) ont participé à une formation sur l’hypnose conversationnelle stratégique. Ce nouvel outil devra leur permettre de mieux prendre en charge les patients sur le plan sanitaire, mental et psychosomatique.
 
 
Durant ces 8 jours de formation, ces professionnels auront appris des formes de thérapie qui sont brèves et rapidement efficaces. « On a jugé nécessaire d’élargir la compétence de nos cadres sur d’autres modes de thérapie très utiles et qui ont déjà donné de très bons résultats », indique la coordonnatrice de l’URAMEL, Dr Jeanne Marjorie Joseph, au terme de cette formation financée par l’organisation belge Memisa.
 
Après avoir bien assimilé l’hypnose conversationnelle, les spécialistes vont eux-mêmes devenir des formateurs pour les autres thérapeutes qui ont besoin de ce type de formation. Les deux dernières journées ont été consacrées à des personnes victimes d’un traumatisme quelconque, qui seront à leur tour formées pour accompagner les gens de leur entourage.
 
 
« Les gens doivent savoir qu’un trauma ne s’arrête pas facilement si l’on n’a pas recours à des spécialistes », avise le psychologue et hypno-thérapeute Gérald Brassine, soulignant que, suite à la catastrophe de 2010, beaucoup de gens souffrent de maux imaginaires en Haïti. « C’est d’un psychologue ayant eu cette formation spécifique qu’il leur faut », ajoute le formateur belge qui se dit impressionné par le niveau élevé de ses apprenants.
 
Bénéficiaire d’une formation de ce genre en Belgique, Mme Fritzna Blaise a servi de médiatrice pour faciliter la réalisation de cette formation. « J’ai déjà eu recours à l’hypnose conversationnelle lorsque j’ai été affectée au service d’urgence d’un internat au Cap-Haïtien; c’est une pratique simple et assez efficace. Je me suis dit qu’il fallait que d’autres professionnels en Haïti puissent en bénéficier », explique le médecin généraliste, précisant que cette « thérapie brève » permet même de faire de la chirurgie sans anesthésie et sans douleurs.
 
« Il s’agit simplement d’aider le patient tout en l’accompagnant et en utilisant des mécanismes naturels chez lui », selon la psychologue Linda Métayer, qui considère cette nouvelle méthode comme une « formule magique ». « On est sortis vraiment armés, très satisfaits et on anticipe déjà beaucoup de résultats », ajoute-t-elle.
 
Cette nouvelle initiative de l’URAMEL vient renforcer l’une de ses missions qui est d’encadrer les gens psychologiquement. Cela entre dans le cadre de la formation continue que réalise l’institution pour ses douze psychologues ainsi que pour tout autre professionnel de la santé désireux d’en bénéficier.
 
Des avancées considérables dans le domaine de la santé mentale en Haïti
 
Les psychologues ne sont pas nombreux en Haïti, et ce secteur est traité en parent pauvre au niveau du ministère de la Santé. Nombreux sont les mythes associés aux problèmes psychiques ou psychiatriques. Cependant, les spécialistes de l’URAMEL se montrent très optimistes quant à l’avenir de la santé mentale dans le pays. « On a connu des situations assez difficiles dans le pays; les épisodes d’inondation, le tremblement de terre, les bouleversements politiques, etc. C’est vrai que la santé mentale n’a pas toujours été comprise en Haiti, mais il y a un petit effort depuis quelque temps », indique Mme Métayer, l’air confiante.
 
Depuis le séisme, la population comprend de mieux en mieux l’importance de la santé mentale et la nécessité d’aller voir un spécialiste en cas de difficultés, selon les responsables de l’URAMEL qui soulignent que les barrières concernant les stéréotypes à l’égard de ce secteur commencent sérieusement à disparaître.Les professionnels de la santé deviennent de plus en plus confiants dans ce nouvel horizon qui se dessine pour la santé mentale en Haïti.
 
A travers son centre de psychotrauma, l’URAMEL sensibilise aussi la population à l’importance de la santé mentale. « On fait de la prise en charge individuelle ou de groupe, on apprend aux gens à se dépister eux-mêmes, on forme les leaders communautaires et les professeurs d’école », fait savoir le docteur Marjorie Joseph, soulignant que « chacun peut aider l’autre à aller mieux mentalement ».
 
Outre les services de ce centre mis en place après le séisme du 12 janvier 2010, l’URAMEL intervient également dans les soins de santé primaire, la médecine légale et le droit à la santé. De concert avec plusieurs partenaires, notamment le ministère de la Santé, il cherche à mettre en place un plan de prise en charge en santé mentale en Haïti.
 

Près d’un million de dollars US aux 112 immigrants haïtiens

La justice dominicaine s’est enfin prononcée sur le sort des 112 immigrants haïtiens en conflit avec leur employeur dominicain depuis plusieurs mois. Ces travailleurs devront être indemnisés à près d’un million de dollars américains, selon la décision finale lue ce mercredi matin au tribunal de San Cristobal.

Le propriétaire de la compagnie « Coquera real », en République dominicaine, Rafael Alonso Emilio Luna, est accusé d’avoir retenu illégalement des immigrants haïtiens dans sa compagnie pendant une dizaine d’années, selon ce que rapporte le journal dominicain El Nacional. De ce fait, il lui est fait obligation de payer une « prestation de travail » estimée à plus de dix millions de pesos dominicains (239 000.00 $US).

M. Luna devra également verser une indemnisation de 30 millions de pesos (714 300 $US) aux travailleurs haïtiens pour cause de « non-paiement de prestations de travail sur une période de 10 ans », selon le verdict 18-2013 de la cour d’appel de San Cristobal qui ordonne du même coup l’arrêt des activités de la compagnie.

Les avocats des travailleurs, les frères Carlos et Lucas Sanchez et Santiago Diaz, disent attendre impatiemment la mise en application immédiate du verdict prononcé contre Alonso Luna. Entre-temps, le juge de la cour d’appel de San Cristobal, Juan Perez, a ordonné la saisie immédiate des biens de la compagnie qui s’est déclarée en faillite récemment. Le juge Juan Perez aurait déjà fixé une caution pour garantir les droits des Haïtiens de recevoir ce qui leur est dû.

Cette décision de la justice dominicaine est applaudie par plusieurs organisations haïtiano-dominicaines, notamment la fondation Zile qui a accompagné les travailleurs haïtiens dès le début de cette affaire. « Ce dossier retient jusqu’ à présent l’attention de l’opinion publique insulaire, en raison de ses divers aspects, allant du trafic de personnes aux mauvais traitements infligés à ces compatriotes », indique le directeur exécutif de l’organisation binationale Edwin Paraison, estimant que l’étape la plus importante reste le paiement des sommes fixées. « En ce sens, ajoute-t-il, le groupe d’accompagnement qui s’est créé autour des travailleurs maintient ses réunions hebdomadaires à Haina tous les mardis ».

Rappelons que depuis la fin de l’année 2012, ces travailleurs haïtiens ont été licenciés dans de très mauvaises conditions par la compagnie « Coquera real », pour cause de faillite. Ils ont alors engagé une lutte sans précédent contre leur ex-patron, grâce à la solidarité de divers groupes de la société civile, dont le Centro Bono de l’Église catholique, la fondation Zile, le Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSCTHA) et des syndicats de travailleurs. Les immigrants ont occupé durant plus d’un mois les trottoirs du ministère du Travail dominicain situé dans le plus important centre administratif de Santo Domingo, puis ont été logés dans un vieil immeuble à San Cristobal où certains d’entre eux vivent encore.

L’absence d’encadrement du gouvernement haïtien a été sévèrement critiquée et l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – jouant un rôle de police – avait mis fin à leur manifestation pacifique. Plus d’un doutait de l’impartialité du tribunal de San Cristobal, chargé de l’affaire, dont certains membres auraient supposément été proches de l’homme d’affaires Luna.

Lire aussi: Piégés en République dominicaine

Le Best Western Premier ouvre ses portes en Haiti

L’hôtel Best Western Premier a ouvert ses portes officiellement ce jeudi, au coeur de Pétion-Ville. Haïti est le 35e pays à accueillir un « Best Western Premier », alors que Best Western compte environ 4 200 hôtels à travers le monde.
 
Crédit-photo: Lakay News weekly
Crédit-photo: Lakay News weekly

C’est le premier établissement hôtelier sous enseigne d’une chaîne américaine à ouvrir ses portes en Haïti depuis des décennies. L’appellation « Best Western Premier » revient aux hôtels de première catégorie (quatre étoiles ou plus), dans la chaîne des Best Western. En dessous, il y a les « Best Western plus » et les « Best Western ».

Cet établissement dont les travaux de construction ont été entamés en avril 2011 comporte 106 chambres et suites étalées sur 7 étages. Il est doté d’un restaurant « Le Michel », d’un spa « Oxygène », de deux suites exécutives et deux suites présidentielles impériales, des salles de réception et de réunion, et d’une salle de conférence « Louverture », le tout pour offrir le luxe et le standard international.

580 oeuvres artisanales décoratives et 42 oeuvres d’art provenant d’artistes et d’artisans du pays ont été soigneusement sélectionnés ou conceptualisés par l’équipe de l’atelier 1804 design, ayant à sa tête la designer Pascale Théard, pour refléter la richesse de l’art haïtien.

En ce qui a trait au prix des chambres, « cela va dépendre du marché », indique M. Christopher Handal, ajoutant que l’équipe va « suivre les prix du marché et essayer de donner les meilleurs services à la clientèle ».

C’est près de 15 millions de dollars qui ont été investis dans la construction de cet hôtel quatre étoiles, grâce au financement de la Capitale Bank et de la Unibank. Il y a une empreinte haïtienne partout et à tout moment de la construction de l’hôtel. En dépit du fait que Pétion-Ville compte déjà plus d’une dizaine d’hôtels, les responsables ont choisi de le placer là « parce que pour le moment il y aura toujours des touristes qui viennent en Haïti pour affaires ».

« Il y a toujours un grand marché pour d’autres hôtels à venir », souligne M. Handal, estimant qu’en Haïti, « nous avons besoin de beaucoup de chambres d’hôtel ». L’homme d’affaires déplore qu’il n’y ait même pas mille chambres d’hôtel en Haïti alors que la République dominicaine dispose de plus de 60 000.

Best Western a déjà employé près d’une centaine de cadres au niveau national. « On va sûrement en employer 20 autres ».

Au carrefour des rues Louverture et Geffrard, l’hôtel Best Western Premier donne sur la rue comme aucun autre établissement de la place.

La Saint-Gabriel de Lascahobas, tout un festival

La patronale de Lascahobas a été célébrée de façon grandiose le 25 mars dans la paroisse Saint-Gabriel, au coeur de la ville. Les pèlerins sont arrivés de partout pour participer aux différentes activités organisées à l’occasion de cette « fête de l’Annonciation ».

Toute la ville de Lascahobas est en fête à l’occasion de la Saint-Gabriel. La fête commence dès samedi matin avec l’ouverture de la 7e édition de la foire exposition organisée par l’Initiative de la société civile (ISC), qui n’a pas connu un très grand succès. Tôt dans la matinée, la ville est bouillonnante avec les préparatifs pour le festival organisé par la mairie. Des dizaines de banderoles de différentes institutions de la commune souhaitent la bienvenue aux pèlerins et visiteurs.

Dans la soirée du samedi, la pluie qui tombe durant des heures n’empêche pas  la population de continuer à festoyer sereinement. La chaleur humaine contribue à faire baisser la température, après l’averse. C’est étonnant de voir cette population assoiffée de plaisir qui, dans un fourmillement, déambule sur la place d’armes, en attendant Koudjay (groupe musical à tendance racine) qui arrive vers 4 heures du matin avec beaucoup de retard. En revanche, des groupes locaux se joignent à Trankil pour tenir le public en haleine durant une bonne partie de la nuit. T-Micky est également attendu, mais, finalement il ne joue pas.

Le dimanche, c’est Tropicana qui fait le plaisir de ceux qui ont les moyens d’aller le voir jouer. 

Le « lundi saint » est férié à Lascahobas pour favoriser la participation des citoyens de cette commune aux différentes activités organisées à l’occasion. La paroisse Saint-Gabriel est remplie comme un oeuf. Un grand nombre de prêtres venus d’un peu partout du diocèse de Hinche ainsi que des milliers de pèlerins participent à la messe solennelle de célébration  de cette patronale, entamée dès dix heures du matin sous la direction de l’évêque de Hinche, Mgr Simon Pierre Saint-Hillien. « Nous sommes faits pour vivre ensemble et pour être en relation les uns avec les autres », souligne le père Eustache, en présence de diverses autorités locales (sénateurs, députés, maires, directeurs généraux et départementaux, etc.).

Le célébrant principal invite tous ceux qui ont une responsabilité dans les institutions publiques à oeuvrer pour le bien-être de la communauté et pas seulement pour eux-mêmes. « Nous sommes tous coupables de la situation actuelle du pays, soutient-il. Dieu nous a créés pour vivre en communauté et non en cercle fermé. » En outre, le père Eustache a prêché la tolérance : « Dieu nous a créés égaux en droit et en dignité, mais différents les uns des autres », affirme-t-il, exhortant les Haïtiens à s’entraider et à se supporter mutuellement.

Pour sa part, Mgr Simon Pierre Saint-Hillien salue les progrès enregistrés dans le fonctionnement de la paroisse Saint-Gabriel, qui s’implique fortement dans le développement de la communauté. Un superbe tableau du collège Saint-Gabriel lui a été offert en guise de remerciement pour sa participation à la patronale.

Après la longue célébration eucharistique, durant laquelle les différents problèmes de la communauté ont été abordés, les invités ont pris part à des réceptions.