Le consulat dominicain en panne de visa

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Il est trois heures de l’après midi, des dizaines de compatriotes haïtiens se sont rassemblé devant le consulat général de la République dominicaine, à Pétion-Ville. Les rayons du soleil se sont heureusement atténués en ce lundi 19 août par un temps nuageux qui annonce la pluie. Dans une longue file mal formée, sur le trottoir de la rue Panaméricaine, ces demandeurs de visa se bousculent les uns les autres comme devant les bureaux haïtiens de service public.

Ils sont pour la plupart des étudiants ou de futurs étudiants, des commerçants ou de simples visiteurs, désireux d’aller chez le voisin pour un long ou un court séjour. « Nous sommes là depuis quatre heures du matin, ces gens viennent tout juste d’arriver, ils ne peuvent pas passer avant nous », lance nerveusement une jeune femme en sueur, pendant qu’un agent de sécurité et un policier essayent de rétablir l’ordre. Entre-temps, des « racketteurs » profitent de ce brouhaha pour essayer de gagner leur pain auprès des intéressés en leur promettant de les faire passer plus rapidement.

Un peu plus tard, des responsables informent que seul le visa d’une année est disponible au prix de 225 $US et que c’est le requérant lui-même qui doit se présenter au consulat avec son passeport. Toutes les personnes « en règle » sont finalement admises à entrer à l’intérieur du consulat pour déposer leur passeport et revenir les récupérer le lendemain. « Lorsque j’aurai enfin ce visa, je ferai le signe de la croix », s’exclame un jeune homme dans la vingtaine qui dit s’être présenté au consulat plusieurs fois déjà, en vain.

« J’habite Carrefour, mais hier soir j’ai été obligée de dormir chez mon frère à Torcelles pour pouvoir arriver ici à quatre heures et demie du matin », explique une dame dans la quarantaine, heureuse que son fils de 20 ans ait pu entrer à l’intérieur du consulat. Ça fait déjà huit jours que je viens ici et m’entendre dire de revenir parce qu’il n’y a pas de visa. Quand on est dans le besoin, il faut accepter de faire des sacrifices. »

Cette dame veut à tout prix permettre à son jeune fils d’aller passer quelques mois en République dominicaine afin d’apprendre l’espagnol avant de partir pour le Mexique dans le cadre d’une bourse d’études en médecine. « Si je n’étais pas tenace, aujourd’hui encore je serais repartie sans visa », ajoute-t-elle triomphante.

Comme cette dame, chacun semble avoir une raison importante de faire la queue, bien qu’on se plaigne de devoir affronter toutes ces misères pour un simple visa dominicain. Certains en arrivent même à lier ce problème aux récentes crises qui divisent les deux pays.

Le visa dominicain a toujours été à meilleur marché dans certaines agences. Dans tous les coins de la capitale, des affiches indiquent qu’on peut l’avoir à 180, 170 et parfois 160 dollars américains. Cependant, un petit tour dans quelques-unes d’entre elles nous a permis de confirmer que le visa dominicain est devenu plus rare ces jours-ci.

Orgasme de ma voix

Dans ce recueil de 75 pages publié en République dominicaine, la plume de Marckenson Jean-Baptiste fait voyager dans un univers d’excitation. On emprunte un terrain glissant menant vers une destination parfaitement inconnue où le plaisir charnel, la joie de la nature, le supplice, la frénésie, la nostalgie d’un pays en souffrance, les souvenirs, les rêves d’un monde meilleur se mêlent pour attiser le lecteur. Le tout est bien ancré dans une histoire harmonieuse qui à la fois pince le coeur et fait mouche.

L’attention est d’abord retenue par les folies exprimées par ce jeune auteur haïtien vivant en République dominicaine.

« Tonbe damou

Se yon lwa bouzen

Ki gouye nan kalbas tèt

Fè ou pile piman pike nan pilon ou

Kite ou k’ap fè alsiyis, soufle anlè »

J’ai lu « Orgasme de ma voix » avec beaucoup d’appétit, un peu comme je lirais un roman policier : l’intrigue est si forte que je ne saurais ne pas aller jusqu’à la fin. Le début de l’oeuvre donne l’impression d’être la peinture des moments intenses vécus par le jeune écrivain de 28 ans, originaire de Belladère, dans ses histoires de coeur, mais on se rend compte tout de suite qu’il va plus loin :

« Je ne descends plus

Aux égouts qui mènent au ciel

Chacun de mes pas orné d’immondices

Sur les îles aromatisées de fétidité

Où s’abreuve une kyrielle de mouches

De l’huile exotique

Cancérigène Intoxiquée Expirée

 

La vie sans chaire est chère

Les fatras aux enchères

La tasse de santé sans thé

L’insécurité sécurise la ville

Non, je ne descends plus A la campagne ?

Je reste là Suave brise de la verdure

Chatouille mon esprit

La fertilité du sol masturbe

La nuit qui troque son sexe au jour

Pour éjaculer le paradis

Ou je pourrais inspirer de vers propres »

C’est en fait la présentation de ses observations les plus subtiles décrites dans un langage sensuel, presque malsain. On verra que même l’expression de la nostalgie provoquée par les souvenirs terribles de la situation politique, économique et sociale de son pays natale n’est épargnée de son vocabulaire poétique acerbe.

Sa passion pour l’écriture elle-même explose à travers cette oeuvre. Son regard porté sur le plaisir et les douleurs de l’existence est comparable à ses flammes d’amour pour le sexe opposé. Ces flammes qui peuvent prendre diverses formes. Ces flammes qui peuvent réchauffer le coeur, mais qui peuvent également devenir, quelques fois, très brûlantes.

On aurait pu dire que l’auteur de Première Affiche – un premier recueil de poésies publié en 2007 – est obsédé par l’érotisme dont la trace est présente dans toutes ses expressions. Ce qui fait l’originalité de cet ouvrage constitué de 73 textes en tout : poème, préface, mot de l’auteur et avant-propos, en français et en créole, tous maculés de sensibilité et de passion.

Des comparaisons qui laissent sans voix. Des mots qui peuvent exciter jusqu’à l’orgasme. « Orgasme de ma voix » sera en vente signature à Livres en folie 2013.

Près d’un million de dollars US aux 112 immigrants haïtiens

La justice dominicaine s’est enfin prononcée sur le sort des 112 immigrants haïtiens en conflit avec leur employeur dominicain depuis plusieurs mois. Ces travailleurs devront être indemnisés à près d’un million de dollars américains, selon la décision finale lue ce mercredi matin au tribunal de San Cristobal.

Le propriétaire de la compagnie « Coquera real », en République dominicaine, Rafael Alonso Emilio Luna, est accusé d’avoir retenu illégalement des immigrants haïtiens dans sa compagnie pendant une dizaine d’années, selon ce que rapporte le journal dominicain El Nacional. De ce fait, il lui est fait obligation de payer une « prestation de travail » estimée à plus de dix millions de pesos dominicains (239 000.00 $US).

M. Luna devra également verser une indemnisation de 30 millions de pesos (714 300 $US) aux travailleurs haïtiens pour cause de « non-paiement de prestations de travail sur une période de 10 ans », selon le verdict 18-2013 de la cour d’appel de San Cristobal qui ordonne du même coup l’arrêt des activités de la compagnie.

Les avocats des travailleurs, les frères Carlos et Lucas Sanchez et Santiago Diaz, disent attendre impatiemment la mise en application immédiate du verdict prononcé contre Alonso Luna. Entre-temps, le juge de la cour d’appel de San Cristobal, Juan Perez, a ordonné la saisie immédiate des biens de la compagnie qui s’est déclarée en faillite récemment. Le juge Juan Perez aurait déjà fixé une caution pour garantir les droits des Haïtiens de recevoir ce qui leur est dû.

Cette décision de la justice dominicaine est applaudie par plusieurs organisations haïtiano-dominicaines, notamment la fondation Zile qui a accompagné les travailleurs haïtiens dès le début de cette affaire. « Ce dossier retient jusqu’ à présent l’attention de l’opinion publique insulaire, en raison de ses divers aspects, allant du trafic de personnes aux mauvais traitements infligés à ces compatriotes », indique le directeur exécutif de l’organisation binationale Edwin Paraison, estimant que l’étape la plus importante reste le paiement des sommes fixées. « En ce sens, ajoute-t-il, le groupe d’accompagnement qui s’est créé autour des travailleurs maintient ses réunions hebdomadaires à Haina tous les mardis ».

Rappelons que depuis la fin de l’année 2012, ces travailleurs haïtiens ont été licenciés dans de très mauvaises conditions par la compagnie « Coquera real », pour cause de faillite. Ils ont alors engagé une lutte sans précédent contre leur ex-patron, grâce à la solidarité de divers groupes de la société civile, dont le Centro Bono de l’Église catholique, la fondation Zile, le Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSCTHA) et des syndicats de travailleurs. Les immigrants ont occupé durant plus d’un mois les trottoirs du ministère du Travail dominicain situé dans le plus important centre administratif de Santo Domingo, puis ont été logés dans un vieil immeuble à San Cristobal où certains d’entre eux vivent encore.

L’absence d’encadrement du gouvernement haïtien a été sévèrement critiquée et l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – jouant un rôle de police – avait mis fin à leur manifestation pacifique. Plus d’un doutait de l’impartialité du tribunal de San Cristobal, chargé de l’affaire, dont certains membres auraient supposément été proches de l’homme d’affaires Luna.

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Piégés en République dominicaine

Les travailleurs haïtiens doivent être entendus ce jeudi par la justice dominicaine. En attendant, ils vivent dans des conditions pénibles dans un vieil immeuble de San Cristobal, après des années passées à travailler très dur.

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L’émouvante histoire

 Dix heures du matin. Il fait 25 degrés C à San Cristobal, en ce dernier lundi de janvier. Les travailleurs haïtiens en difficulté sur le territoire dominicain – qui ont fait l’actualité la semaine dernière – s’activent à l’intérieur de la vieille remise transformée en centre d’hébergement depuis plus d’une semaine. Chacun s’affaire à une besogne personnelle pendant que Tania Jean, une jeune femme dans la vingtaine, fait bouillir le repas collectif dans une large chaudière installée sur un grand réchaud à gaz propane, juste à côté d’une pile de vaisselle sale.

Pour passer le temps, des jeunes hommes jouent aux cartes, indifférents aux enfants en bas âge qui font des allées et venues près du vieux camion en panne qui sert de chambre à Chantal Planquet, une femme enceinte. Le mari de Chantal et deux autres personnes y dorment également, tandis que les autres réfugiés se reposent dans des tentes éparpillées un peu partout dans la cour extérieure. La femme enceinte déplore les conditions dans lesquelles les enfants sont contraints de vivre, mais… a-t-elle le choix ?

A 30 ans, Francisco Ojilus – le mari de Chantal – serait le plus vieux de la bande. Il dit qu’il a passé presque la moitié de sa vie à travailler pour les entreprises de commercialisation de noix de coco « Coquera du Km 5 » et « Coquera Real », à San Cristobal, actuellement en faillite.

Le rude travailleur se souvient comme si c’était hier de son arrivée illégale à Santo Domingo en 1999, un peu à la manière des esclaves au temps de la colonie. « Un ami du patron est venu nous chercher directement à Maïssade, confie le « leader » du groupe. Arrivés à la frontière, nous avons été transportés dans un gros camion couvert d’un prélart, de manière à tromper la vigilance de la police. Nous ne savions même pas quel genre de travail nous allions faire.»

Ces travailleurs, qui gagnaient en moyenne 2 500 pesos par semaine sans aucun avantage social, ont habité depuis dans les locaux de « Coquera du Km 5 y Coquera Real ». « Nous y avons travaillé très dur, sans jour de repos ni aucun soin médical quand nous étions malades », rapporte M. Ojilus, les yeux remplis de tristesse.

« La compagnie étant alors à ses débuts, nous avons vécu dans des conditions infrahumaines, jusqu’à ce que nous ayons pu construire des maisonnettes avec nos propres moyens, dans la cour de la compagnie, ajoute le porte-parole du groupe, sous les regards approbateurs de ses compatriotes. Plusieurs fois, nous avons demandé de retourner chez nous, surtout après l’assassinat de l’un d’entre nous par un Dominicain, mais le chef n’a pas voulu ».

Des mineurs…

La majorité de ces travailleurs ont moins de trente ans. Pis encore, plusieurs d’entre eux sont mineurs. « Mes parents n’étaient pas d’accord, mais j’ai tenu à venir pour gagner un peu d’argent », confie Calixte, 15 ans, qui a dû abandonner ses études scolaires à Maïssade.

« Nous n’avons jamais été autorisés à quitter les locaux de la compagnie, c’est là que nous faisions tout », ajoute, l’air timide, Lucky Pierre, 17 ans, un jeune homme de haute taille aux cheveux tressés. Calixte et Lucky sont arrivés dans la compagnie il y a 10 mois après avoir franchi, eux aussi, la frontière de façon illégale.

Au moment de la faillite de la compagnie, les travailleurs n’en ont pas été informés. « Nous avons seulement constaté que le local était mis en vente, déplore Gérald, dans un créole mêlé d’espagnol. Lorsque plus tard, le propriétaire nous a demandé de partir, nous ne pouvions aller nulle part puisque nous n’avions pas un sou. En plus, il nous doit encore 4 mois d’arriérés de salaire.» Les travailleurs dominicains, eux, auraient été payés…

Plus loin, Gérald ajoute que le propriétaire a fait appel à des policiers pour leur faire quitter les lieux. « L’un d’entre nous a même reçu une balle au pied », dit-il.

Pas question de partir sans dédommagement

Sur ces 112 travailleurs haïtiens, 10 ont déjà été déportés et deux autres « enlevés » par l’immigration dominicaine. Après avoir passé 40 jours devant le ministère du Travail dominicain, les 100 autres sont tous logés dans ce garage à San Cristobal grâce à leurs avocats, Carlos Manuel Sanchez Diaz et Lucas Manuel Sanchez Diaz. Ils sont aussi assistés par des bénévoles haïtiens et dominicains.

Ces migrants réaffirment qu’ils ont été trompés par les responsables de l’Organisation internationale de la migration (OIM), qui ne leur a pas donné le temps de lire les papiers qu’ils leur ont fait signer. Ainsi rejettent-ils d’un revers de main la proposition de l’OIM de recourir au Programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration, qui concerne les victimes du séisme de 2010. Ils se disent prêts à retourner volontairement dans leur pays, à condition d’être d’abord dédommagés. En attendant, ils ne souhaitent aller nulle part de peur d’être victimes des sbires de leur ex-patron.

« Cette intervention non sollicitée de l’OIM, qui doit être qualifiée d’interférence dans une lutte ouvrière où la responsabilité d’un ministère est plus qu’évidente, est profondément regrettable », indique pour sa part le responsable de la fondation Zile, Edwin Paraison, estimant qu’il est totalement illogique que ces ressortissants abandonnent un combat légal qui pourrait leur rapporter collectivement 375 000 US$ pour recevoir moins de 20 000 US$ de l’OIM…

Le cabinet Sanchez, dans son désir de venir en aide aux victimes, peu importe leur nationalité, de violations des droits humains en République dominicaine, a jugé bon d’offrir un espace à ces migrants. Les Sanchez promettent d’accompagner les victimes jusqu’au bout, dénonçant la violation de l’article 137 -3 de la Convention sur les droits des migrants approuvée par la République dominicaine. « Cette loi condamne le trafic humain », affirme Carlos Sanchez, qui voit dans cette affaire un trafic de mineurs et une violation de leur droit à l’éducation.

Si l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo a été dénoncée pour son inaction, l’ambassadeur Fritz Cinéas explique vouloir gérer la situation en « vrai diplomate ». A en croire ses explications, l’ambassade y travaille « activement », mais « discrètement ». Outre l’aide humanitaire apportée aux victimes, « nous allons continuer à lutter pour nos compatriotes », jure-t-il.

Par ailleurs, nous avons pris connaissance d’une lettre signée par Fritz Cinéas et adressée à la coordonnatrice du PNUD en République dominicaine, pour la mettre en garde contre « le plan orchestré par des organismes de l’Etat dominicain de concert avec l’OIM pour évacuer les protestataires haïtiens », en attendant la seconde audience devant la justice dominicaine prévue pour ce jeudi 31 janvier 2013. Une lettre avec la même teneur aurait également été envoyée au directeur de l’OIM à Genève.

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Une réalité à deux visages au marché binational

Le marché binational constitue la principale activité économique de la commune de Belladère, dans le département du Centre. Pourtant, la partie haïtienne de la frontière haitiano-dominicaine est très mal entretenue et les commerçants haïtiens se plaignent de leur vulnérabilité par rapport aux Dominicains.
Alors que la République dominicaine modernise les structures de son marché, à Belladère, les commerçants haïtiens font face à de sérieux problèmes d’infrastructures qui les désavantagent par rapport à leurs voisins. Il suffit de franchir la frontière du côté de Carizar (localité frontalière de Belladère) pour s’en rendre compte.

Il est clair que les Dominicains dominent toujours le marché binational dans toutes les zones frontalières. Leurs produits (naturels ou transformés) arrivent en affluence sur le marché haïtien, tandis que les Haïtiens en ont très peu à offrir. Outre cette inégalité, les commerçants de Belladère doivent affronter le mauvais état des routes ainsi que les mauvaises conditions d’hygiène auxquelles ils sont exposés dans le cadre de leurs activités commerciales.

Tous les lundis et vendredis, des commerçants haïtiens de partout viennent faire leurs achats à Elias Piña (ville dominicaine, voisine de Belladère). « Je viens des Cayes, je fais ce commerce depuis presque dix ans ; je souhaiterais que les conditions de transport soient meilleures ; mais jusqu’à présent, elles sont comme elles sont », se contente d’affirmer M. Etienne Jean-Baptiste au moment de monter à bord d’un camion, déjà en surcharge,  avec ses marchandises : caisses de vin, de rhum, extraits de malt, assiettes en carton, etc.

L’assainissement est tout aussi déplorable  au niveau de Belladère qui présente l’aspect d’une zone attractive en termes d’activités socio-économiques, mais qui ne bénéficie d’aucun programme d’assainissement approprié ni de travaux de curage. L’insalubrité qui y règne est susceptible d’affecter l’économie locale, selon plus d’un. « Les eaux usées ne sont pas évacuées ; elles forment des flaques et deviennent très dangereuses pour la santé de tous ceux qui fréquentent la frontière », fait remarquer une commerçante qui s’inquiète aussi de la dégradation de l’environnement que peut provoquer cette situation.

A cela s’ajoute le très mauvais état des routes. Celle qui va de Lascahobas à Belladère n’est pas asphaltée et devient impraticable à chaque période de pluie. Une situation qui cause des accidents de motocyclettes et de camions, selon des riverains. Pourtant, à en croire les usagers, beaucoup d’argent circule à la frontière de Belladère placée sous le contrôle des services d’un complexe administratif installé à proximité du marché, à Carizar. Construit en 2008 avec un financement de la coopération canadienne, ce complexe est doté d’un bureau de l’Immigration, d’un commissariat, d’un bureau de douane, mais  seule la douane fonctionne actuellement.

Des habitants de la zone rapportent que des trafics illicites se font à la frontière, conséquence de la présence insignifiante de policiers haïtiens .

Par contre, de l’autre coté, des militaires dominicains assurent la sécurité. Un service de l’Immigration est également sur place pour contrôler les entrées et sorties sur le territoire dominicain.

28 Dominicains d’origine haïtienne recouvrent leur nationalité

La Junte centrale électorale (JCE), en République dominicaine, a été condamnée mercredi par le tribunal du district de la chambre civile de San Pedro de Macoris pour avoir refusé de délivrer des cartes d’identification à 28 Dominicains d’origine haïtienne.

Selon l’ordonnance du juge Luis Alberto Mejia Adames condamnant la violation des droits fondamentaux de ces Dominicains, ces derniers devront être dédommagés à raison de 1000 $ US chacun, pour chaque jour de retard enregistré après la notification de ce verdict. Le juge s’est référé à l’article 259-12 de la Constitution dominicaine qui permet de mettre la JCE en accusation, en cas de violation du droit à la dignité humaine, à l’égalité, à la citoyenneté et à l’identité des citoyens dominicains.

Le verdict veut que les instances auprès desquelles ces 28 Dominicains avaient sollicité des pièces d’identification les leur octroient dans les plus brefs délais. Cette sentence fait suite à la requête formulée le 11 mai dernier par ces Dominicains d’ascendance haïtienne, qui ont eu recours à la justice contre la JCE et les Conseils électoraux des municipalités pour leur avoir refusé le droit d’obtenir leurs cartes d’identité, afin de prendre part aux récentes élections qui se sont déroulées en mai 2012 en République dominicaine. Cette démarche à été menée à bout par Maria Victoria Méndez Castro et Natanael Santana Ramírez du conseil de la défense de ces 28 Dominicains.

Rappelons que ces derniers avaient manifesté le mardi 12 juin 2012 devant le siège de la JCE et des Conseils électoraux dans différentes villes de la République dominicaine pour réclamer la révocation de la résolution annulant leur nationalité. Résolution  qui, avaient-ils dit, nient leurs droits.