Ils passent la nuit devant l’ambassade, rêvent de vivre au Brésil

Depuis que l’ambassadeur du Brésil, José Luiz Machado Costa, a annoncé, en mai, qu’il n’y avait plus de restriction sur le nombre de visas permanents à délivrer aux Haïtiens désireux d’immigrer sur son territoire, les longues files devant le consulat brésilien à Pétion-Ville deviennent permanentes.

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Midi. Un brouhaha à l’angle des rues Clerveaux et Darguin attire l’attention de tous les passants. Sous un soleil de plomb, des dizaines de compatriotes sont rassemblés devant l’Hexagone, l’élégant immeuble hébergeant l’ambassade du Brésil à Pétion-Ville. Tous sont en quête d’un visa permanent.

Ce mercredi 4 septembre, une quinzaine de personnes ayant réussi à prendre rendez-vous par téléphone ont pu franchir la porte d’entrée de l’ambassade dès huit heures trente du matin. Les autres requérants forment une longue file qui s’embrouille et se reforme de temps en temps en attendant que le consul leur fasse grâce comme cela arrive quelquefois. Des affiches collées au mur indiquent pourtant que seules les personnes ayant pris rendez-vous par téléphone seront admises à l’intérieur du consulat. On invoque le désordre provoqué à l’entrée par certains appliquants…

Beaucoup téléphonent pourtant à maintes reprises au numéro indiqué pour la prise de rendez-vous. Sans succès. « Il paraît que le centre d’appel de l’ambassade reçoit 13 000 appels par jour, ce qui perturbe la ligne », chuchote un requérant, une enveloppe brune à la main contenant tous ses documents officiels.

Valise, cartable ou parasol sur la tête pour se protéger des rayons du soleil, les demandeurs de visa sont aujourd’hui en rage contre les responsables du consulat qui, selon eux, les méprisent. Les agents de sécurité disent avoir reçu l’ordre de ne laisser entrer personne, pas même un journaliste… Ils réclament que tout le monde fasse la queue, une exigence qu’ignorent les plus têtus qui n’hésitent pas à encombrer le passage. Un jeune homme en fureur jure que si le consul décide de faire entrer quelques requérants sans rendez-vous, il sera le premier à foncer à l’intérieur sans faire la queue.

C’est que les gens ont soif de ce visa de cinq ans qui leur permettrait d’étudier et de travailler légalement dans le plus grand pays d’Amérique du Sud. Certains viennent passer la journée et même la nuit à la rue Clerveaux depuis plusieurs semaines, en vain. « Le pays ne m’offre rien, j’aimerais aller voir ce qu’il y a ailleurs, scande une jeune fille dans la vingtaine. J’ai un voisin qui est parti récemment pour le Brésil, il travaille déjà et envoie de l’argent à sa famille ».

Si certains sont vraiment confiants qu’une vie meilleure les attend au Brésil, d’autres veulent tout simplement faire l’expérience de vivre dans un autre pays. « J’aimerais connaître le Brésil, voir la Coupe du monde de 2014, mais je ne peux pas me procurer un visa de touriste, confie un homme de 32 ans. Alors, je suis venu ici voir si je peux avoir un visa permanent ». Si les choses vont bien au Brésil, ce dernier pourrait peut-être y rester définitivement, mais pour le moment il veut seulement visiter, dit-il. « Je ne suis pas encore prêt à quitter mon pays pour aller vivre ailleurs, mais ça vaut la peine d’avoir ce visa, car on ne sait pas comment seront les choses à l’avenir », affirme ce technicien de la Croix-Rouge haïtienne.

« Il y a des gens ici qui n’ont même pas un passeport, commente un agent de sécurité. De plus, certains ont obtenu le visa depuis des lustres, mais ne peuvent même pas se payer le billet d’avion ». Un demandeur rétorque, tout de go: « J’aurais préféré vendre tout ce que j’ai et rester tout nu juste pour acheter le billet. »

Trois heures de l’après midi. Le soleil frappe moins dur. L’ombre de l’immeuble Hexagone remplit toute la rue Clerveaux. Les apparitions et disparitions du consul au seuil de la porte d’entrée redonnent de l’espoir. Les gens sont déterminés à attendre jusqu’au bout. « Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé », entend-on de la bouche d’une dame.

Certains essayent de cacher la nouvelle, mais elle se répand comme une traînée de poudre: « Hier soir, le consul a reçu les 17 personnes qui sont restées devant le consulat jusqu’à huit heures 30 du soir ». On pressent déjà que ce soir, beaucoup plus de gens vont y passer la nuit…

Huit heures 30 du soir. Le cortège présidentiel vient de passer à la rue Clerveaux, totalement éclairée par les projecteurs des entreprises de la place. La porte de l’ambassade est fermée, mais la plupart des demandeurs sont encore là, entassés sur l’escalier d’entrée de l’Hexagone, assis sur les trottoirs ou éparpillés dans tous les coins de la rue pour discuter fraternellement. Jusque là, personne n’a été servi.

« C’est un manque de respect !, hurle un jeune homme. C’est le consul qui encourage les gens à dormir ici par le fait qu’il en reçoit à 8 heures du soir. »

« Je viens ici depuis au moins 15 jours et j’y ai déjà dormi deux fois pour pouvoir être en tête de ligne le lendemain matin. Hier soir, j’étais la 18e personne et à peine me suis-je déplacée que le consul a fait grâce aux 17 qui étaient devant moi », poursuit ce jeune homme, s’estimant malchanceux.

10 heures du soir, les projecteurs sont éteints. Plusieurs requérants finissent par désister. Mais la plupart sont encore là, tenaces, déterminés à y passer la nuit… et à rêver de leur vie au Brésil, un jour…

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10 heures du soir, la plupart des requérants sont encore là, tenaces, déterminés à y passer la nuit…

Le consulat dominicain en panne de visa

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Il est trois heures de l’après midi, des dizaines de compatriotes haïtiens se sont rassemblé devant le consulat général de la République dominicaine, à Pétion-Ville. Les rayons du soleil se sont heureusement atténués en ce lundi 19 août par un temps nuageux qui annonce la pluie. Dans une longue file mal formée, sur le trottoir de la rue Panaméricaine, ces demandeurs de visa se bousculent les uns les autres comme devant les bureaux haïtiens de service public.

Ils sont pour la plupart des étudiants ou de futurs étudiants, des commerçants ou de simples visiteurs, désireux d’aller chez le voisin pour un long ou un court séjour. « Nous sommes là depuis quatre heures du matin, ces gens viennent tout juste d’arriver, ils ne peuvent pas passer avant nous », lance nerveusement une jeune femme en sueur, pendant qu’un agent de sécurité et un policier essayent de rétablir l’ordre. Entre-temps, des « racketteurs » profitent de ce brouhaha pour essayer de gagner leur pain auprès des intéressés en leur promettant de les faire passer plus rapidement.

Un peu plus tard, des responsables informent que seul le visa d’une année est disponible au prix de 225 $US et que c’est le requérant lui-même qui doit se présenter au consulat avec son passeport. Toutes les personnes « en règle » sont finalement admises à entrer à l’intérieur du consulat pour déposer leur passeport et revenir les récupérer le lendemain. « Lorsque j’aurai enfin ce visa, je ferai le signe de la croix », s’exclame un jeune homme dans la vingtaine qui dit s’être présenté au consulat plusieurs fois déjà, en vain.

« J’habite Carrefour, mais hier soir j’ai été obligée de dormir chez mon frère à Torcelles pour pouvoir arriver ici à quatre heures et demie du matin », explique une dame dans la quarantaine, heureuse que son fils de 20 ans ait pu entrer à l’intérieur du consulat. Ça fait déjà huit jours que je viens ici et m’entendre dire de revenir parce qu’il n’y a pas de visa. Quand on est dans le besoin, il faut accepter de faire des sacrifices. »

Cette dame veut à tout prix permettre à son jeune fils d’aller passer quelques mois en République dominicaine afin d’apprendre l’espagnol avant de partir pour le Mexique dans le cadre d’une bourse d’études en médecine. « Si je n’étais pas tenace, aujourd’hui encore je serais repartie sans visa », ajoute-t-elle triomphante.

Comme cette dame, chacun semble avoir une raison importante de faire la queue, bien qu’on se plaigne de devoir affronter toutes ces misères pour un simple visa dominicain. Certains en arrivent même à lier ce problème aux récentes crises qui divisent les deux pays.

Le visa dominicain a toujours été à meilleur marché dans certaines agences. Dans tous les coins de la capitale, des affiches indiquent qu’on peut l’avoir à 180, 170 et parfois 160 dollars américains. Cependant, un petit tour dans quelques-unes d’entre elles nous a permis de confirmer que le visa dominicain est devenu plus rare ces jours-ci.

Pétion-Ville a célébré sa fête patronale pendant 15 jours

Chaque année, Pétion-Ville célèbre grandiosement sa fête patronale, la Saint-Pierre, par une série d’activités qui animent la commune durant plusieurs jours. Cette année encore, la population pétionvilloise s’est réjouie de cette fête qui a égayé toute la ville pendant trois week-ends, malgré la pluie et d’autres difficultés.
 
 
C’est par une cérémonie solennelle, le samedi 29 juin, que la Saint-Pierre a été célébrée. C’est dans une église remplie comme un oeuf que s’est déroulée la cérémonie religieuse présidée par Mgr Guire Poulard, aidé d’une dizaine de prêtres vêtus de blanc et rouge.

Le curé Sanders Louis-Jean a remercié ses nombreux confrères venus l’assister à l’occasion de cette célébration eucharistique, ainsi que les autorités civiles et policières, notamment le conseil communal et le député de Pétion-Ville, dont la présence était remarquée dans l’assistance. Ensuite, il a parlé de son rêve le plus cher qu’est la construction de la chapelle de la Médaille Miraculeuse à Berthé. Aussi chaque acheteur du livret contenant la programmation des festivités de la Saint-Pierre contribue-t-il à atteindre l’objectif.

 
15 jours de festivités intenses ont précédé la célébration officielle de la Saint-Pierre, à Pétion-Ville. Un impressionnant public a envahi les environs de la place Saint-Pierre tous les soirs, comme au carnaval. Ces quelques milliers de citoyens sont venus de partout pour assister aux diverses prestations des DJ et des groupes musicaux comme Djakout #1, Silibo, K-dans, Koudjay, Boukman eksperyans … sur l’énorme stand érigé depuis le 16 juillet à l’angle des rues Lamarre et Ogé.
 
Les prestations commencent généralement très tard la nuit, ce qui ne semble pas être dans l’intérêt des vendeurs présents dès 5 heures de l’après-midi. « Lorsque les groupes commencent à jouer plus tôt, le public aussi arrive plus tôt et reste plus longtemps, et nos produits sont mieux écoulés », estime une marchande de friture.

Manque de promotion pour la foire artisanale

Durant 8 jours, la place Saint-Pierre a accueilli une foire artisanale et gastronomique. Les diverses expositions ont enjolivé l’espace et ont fait l’honneur de la production locale. Pourtant, les exposants ne sont pas satisfaits.

 
« Les choses ne se sont pas du tout bien passées, nos produits sont restés dans leurs emballages ». Cette marchande venue de la plaine du Cul-de-sac s’est dite étonnée de constater que les Pétionvillois n’encouragent pas la production locale. Madame Raymonde est certaine que cela est dû à un manque de promotion de la part des organisateurs. « La mairie devait exposer des banderoles quelque temps à l’avance et faire de la publicité dans les médias, pense-t-elle. Les gens ne sont pas venus acheter parce qu’ils ne savaient pas qu’une foire se déroulait ici ».

Tous du même avis, les commerçants estiment qu’il ne suffit pas de faire connaître leurs produits. « Nous avons investi beaucoup d’argent pour nous présenter ici tous les jours. En plus des 3 000 gourdes versées pour l’inscription, nous devons chaque jour transporter les marchandises, à nos propres frais », explique madame Guerrier, une productrice de liqueur à base de fruits.

La pluie joue au trouble-fête

Pour la section de la restauration, les choses sont un peu différentes. « De toute façon, les gens doivent toujours se restaurer pendant un tel défoulement », reconnaît Etienne, pour qui les choses n’ont pas pour autant marché comme sur des roulettes.

Lors des averses survenues presque chaque soir dans la zone métropolitaine, les marchands se sont affolés. « Nous faisons d’énormes déficits à cause de la pluie qui, le plus souvent, chasse la plupart des participants, ce qui ne favorise pas du tout la vente de nos produits. De plus, étant donné que les tentes installées par la mairie ne sont pas imperméables, nous sommes obligés de tout réemballer pour ensuite les déballer à nouveau après la pluie », explique une autre vendeuse.

Des actes de banditisme

Plusieurs actes de banditisme et des scènes de bagarre ont causé des blessés au cours des grandes manifestations. Heureusement que des agents de la PNH et de l’UDMO ont été sur place pour calmer le jeu lorsque c’était nécessaire, bien qu’ils ne purent pas être partout en même temps. La présence des agents de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile a été également d’un grand secours pour les victimes.

 
« C’est dommage, autrefois il n’arrivait pas ce genre de chose lors des fêtes champêtres à Pétion-Ville, mais la tendance commence à changer », regrette Ti Manno, un Pétionvillois dans la trentaine qui avoue s’être bien amusé durant cette période de fête.

Dans l’ensemble, la fête Saint-Pierre était bien pour la plupart des participants qui se sont détendus de toute leur âme en ce début de vacances. Les Pétionvillois font ce genre de rassemblement deux fois par année : en février pour le carnaval et en juin pour la Saint-Pierre. Cette fête patronale demeure une manifestation très populaire et incontournable dans la commune de Pétion-Ville !

Le Best Western Premier ouvre ses portes en Haiti

L’hôtel Best Western Premier a ouvert ses portes officiellement ce jeudi, au coeur de Pétion-Ville. Haïti est le 35e pays à accueillir un « Best Western Premier », alors que Best Western compte environ 4 200 hôtels à travers le monde.
 
Crédit-photo: Lakay News weekly
Crédit-photo: Lakay News weekly

C’est le premier établissement hôtelier sous enseigne d’une chaîne américaine à ouvrir ses portes en Haïti depuis des décennies. L’appellation « Best Western Premier » revient aux hôtels de première catégorie (quatre étoiles ou plus), dans la chaîne des Best Western. En dessous, il y a les « Best Western plus » et les « Best Western ».

Cet établissement dont les travaux de construction ont été entamés en avril 2011 comporte 106 chambres et suites étalées sur 7 étages. Il est doté d’un restaurant « Le Michel », d’un spa « Oxygène », de deux suites exécutives et deux suites présidentielles impériales, des salles de réception et de réunion, et d’une salle de conférence « Louverture », le tout pour offrir le luxe et le standard international.

580 oeuvres artisanales décoratives et 42 oeuvres d’art provenant d’artistes et d’artisans du pays ont été soigneusement sélectionnés ou conceptualisés par l’équipe de l’atelier 1804 design, ayant à sa tête la designer Pascale Théard, pour refléter la richesse de l’art haïtien.

En ce qui a trait au prix des chambres, « cela va dépendre du marché », indique M. Christopher Handal, ajoutant que l’équipe va « suivre les prix du marché et essayer de donner les meilleurs services à la clientèle ».

C’est près de 15 millions de dollars qui ont été investis dans la construction de cet hôtel quatre étoiles, grâce au financement de la Capitale Bank et de la Unibank. Il y a une empreinte haïtienne partout et à tout moment de la construction de l’hôtel. En dépit du fait que Pétion-Ville compte déjà plus d’une dizaine d’hôtels, les responsables ont choisi de le placer là « parce que pour le moment il y aura toujours des touristes qui viennent en Haïti pour affaires ».

« Il y a toujours un grand marché pour d’autres hôtels à venir », souligne M. Handal, estimant qu’en Haïti, « nous avons besoin de beaucoup de chambres d’hôtel ». L’homme d’affaires déplore qu’il n’y ait même pas mille chambres d’hôtel en Haïti alors que la République dominicaine dispose de plus de 60 000.

Best Western a déjà employé près d’une centaine de cadres au niveau national. « On va sûrement en employer 20 autres ».

Au carrefour des rues Louverture et Geffrard, l’hôtel Best Western Premier donne sur la rue comme aucun autre établissement de la place.

Reconstruire mieux, comme on peut

Beaucoup de maisons ont été détruites par le séisme du 12 janvier 2010 à Morne Lazarre, dans la commune de Pétion-Ville. Boss Matthieu est l’un de ces courageux propriétaires qui reconstruisent leurs maisons avec les moyens du bord.

La maison de Boss Matthieu* sera bientôt habitable à nouveau, trois ans après sa destruction complète lors du séisme de janvier 2010. « Petit à petit, je vais finir par reconstruire ma maison, puisque je n’ai reçu l’aide de personne », indique le quinquagénaire, maçon de son état, tout en mettant la touche finale à l’un des plafonds de sa petite maison de moins de 30 mètres carrés àu Morne Lazarre.

L’odeur du béton toujours dans son coffrage se propage dans les couloirs étroits de la rue Pierre Sully, où plusieurs autres maisons de même facture sont en pleine reconstruction.

Aidé par Lesly, son apprenti, Boss Matthieu fait de son mieux pour que sa nouvelle demeure soit plus solide que la précédente. Il essaie de respecter les consignes fournies à la télévision, bien qu’aucun expert patenté n’aie jusqu’ici évalué son travail. « On y met plus de fer et, à chaque cinq rangées de blocs, on ajoute une poutre, ce qui rend la construction plus solide  », explique-t-il, pour montrer qu’il ne construit pas de la même façon qu’avant le séisme.

Lorsqu’on lui demande s’il a obtenu de la mairie l’autorisation de reconstruire au même endroit, son regard devient fuyant. « Vous voyez que j’ai très peu de moyens… Et, de toute façon, personne ne m’a rien demandé ! »

Après le tremblement de terre, Boss Matthieu s’était refugié, avec sa femme et ses quatre enfants, dans un camp d’hébergement, puis dans une habitation provisoire dans le même quartier. Heureusement, il n’y a pas eu de mort dans sa famille, mais l’effondrement de sa maison de trois étages – dont une partie avait été louée – a tué deux personnes et fait plusieurs blessés aux alentours.  

Tout autour, plusieurs habitations portent encore les stigmates de ce violent séisme. Boss André*, un autre habitant du quartier qui gagne aussi sa vie dans la maçonnerie, est de son côté très sollicité par les infortunés propriétaires de Morne Lazarre. Lui aussi assure qu’il reconstruit les maisons d’une façon plus sécuritaire, bien qu’on ne puisse pas dire que toutes les règles parasismiques sont respectées.

Boss André dit constater que les propriétaires comprennent mieux l’importance d’une construction de qualité. « Avant, ils avaient tendance à toujours vouloir dépenser le moins possible. Mais maintenant ils savent que même si la construction est plus coûteuse, c’est dans leur intérêt », indique ce professionnel, content d’avoir pu bénéficier d’une formation en construction parasismique dispensée par une ONG.

Les deux ouvriers sont d’accord pour dire qu’il y a encore beaucoup d’autres facteurs à prendre en compte pour construire mieux, notamment en ce qui a trait à la qualité des matériaux et à celle des terrains. « Malheureusement, bien des gens continuent de construire n’importe où et n’importe comment », déplorent-ils en chœur, au milieu du tintamarre ambiant.

*Matthieu et André sont des noms d’emprunt

Pétion-Ville, à la veille de sa fête patronale

Pétion-Ville s’apprête à fêter la Saint-Pierre. La patronale s’annonce grandiose. A cette occasion une série d’activités se dérouleront du 17 au 29 juin en cours sur plusieurs sites de la commune. A la veille de cette période de fête, au coeur de Pétion-Ville, c’est l’empressement. Les sites qui doivent accueillir les activités prévues sont en pleine préparation.

Il  est 2 heures et demie de l’après-midi à Pétion-Ville, le soleil est brûlant et la chaleur insupportable en ce jeudi 14 juin 2012. Des tracteurs et des camions du MTPTC, conduits, la plupart, par des femmes, vont et viennent sur le grand terrain en face de l’église Saint-Jean-Bosco. Ils emportent les détritus qui s’y trouvaient et rapportent des remblais que les travailleurs étendent ensuite sur le sol avec des « rouleaux », suivant les directives d’un homme âgé qui coordonne le tout avec de grands signes de la main. Le terrain, en dépit de l’état d’avancement des travaux, pue encore l’odeur des ordures enlevées. C’est un très grand terrain de forme arrondie, qu’on a entourée d’une immense clôture de fil de fer pour empêcher l’intrusion des passants ou des marchands qui, d’ailleurs, se sont assemblés aux alentours pour observer.

Tout autour de l’espace, des ouvriers  armés de pioches, de planches et de « Plywood » s’acharnent au travail. « Nous sommes en train de construire des stands pour les marchands qui auront à exposer leurs produits ici durant les jours de fête », explique l’un d’entre eux, qui semble être le responsable du chantier, mais qui n’a pas voulu révéler son identité. Ce dernier assure que tout sera prêt d’ici dimanche.  « C’est là que se dérouleront les principales activités relatives à la commémoration de la Saint-Pierre », ajoute-t-il.

Pétion-Ville en général se trouve dans un état d’empressement ce jeudi. L’empressement spécial habituel, accentué par les préparatifs de la fête. Les gros camions et loaders qui vont et qui viennent au niveau de la commune provoquent cependant un sérieux ralentissement. Les bouchons deviennent inévitables et de plus en plus fréquents. Tout près du terrain « Don Bosco », des policiers de l’UDMO assurent la sécurité.

Plus loin, des marchandes courent dans tous les sens, toutes les cinq minutes, poursuivies par des agents de la mairie, qui veulent que les lieux soient totalement libérés pour la période de fête. « Avant-hier, on avait évacué tout le monde, les rues étaient presque vides, mais petit à petit les marchands finissent par regagner leur place », confie un marchand de boissons gazeuses, esquissant un sourire ironique.

Du bruit, il n’en manque pas! Des coups de klaxon des gros camions, dont les conducteurs oublient qu’ils ne sont pas  sur une route nationale, à ceux des motocyclettes qui arrivent de partout, en passant par les marchands de médicaments ambulants, les voitures publicitaires et les marchandes qui s’engueulent entre elles ou qui offrent toutes sortes de produits aux passants, tout y est pour former ce vacarme qui donne le vertige.

Il y aura beaucoup d’activités durant cette période qui durera au moins 10 jours, d’après les Pétion-Villois. Championnat sur la place Boyer, concours, spectacles; un registre d’inscription est d’ailleurs ouvert à la mairie de Pétion-Ville à l’intention de ceux qui veulent y participer, selon une annonce affichée au mur de l’église Saint-Pierre.

La place qui porte le nom du Saint qui va être célébré est en pleine rénovation. Elle ne sera pourtant pas encore prête pour l’évènement, selon les ouvriers qui y travaillent. L’odeur du ciment y est encore très vive, Boss Jacky est en train de construire un jet d’eau. « On a prévu de finir les travaux le premier juillet, d’ici là; la fête sera à peine finie », indique ce dernier, révélant que c’est la compagnie CECA ingénierie qui est responsable des travaux qui se réalisent sur la place depuis le 27 mars dernier. « Je suis responsable de tondre et de replanter le gazon, mais faute de matériel, je suis obligé de faire un arrêt », rapporte un autre ouvrier couché à l’ombre d’un manguier sous lequel les autres ouvriers ont déposé leurs vêtements.

Visiblement, à la fin de ces travaux, la place Saint-Pierre – occupée durant deux ans par des réfugiés -deviendra un endroit très agréable.

Quant à la place Boyer, les passants disent avoir entendu dire que des travaux d’assainissement s’y réaliseront bientôt pour permettre le déroulement du championnat de football. Entre-temps, malgré les ordures sèches que le vent soulève de temps à autre, tout va de bon train sur cette place où les marchands, les motocyclistes et les passants vaquent à leurs activités habituelles en attendant la Saint-Pierre.

La grève des chauffeurs pénalise les usagers

Les chauffeurs qui assurent le trajet Pétion-Ville/Thomassin et Pétion-Ville/Fermathe sont à leur deuxième journée de grève ce mardi 8 mai. Ils dénoncent des contraventions « injustes » et réclament un espace de stationnement à Pétion ville. Entre-temps, la population de Thomassin et des zones avoisinantes peine à circuler.

Il est 8 heures passées. Sur la route de Kenscoff,  élèves, étudiants, travailleurs et commerçants fourmillent sur les trottoirs en ce matin du mardi 8 mai 2012. Les minibus qui assurent habituellement le trajet Pétion-Ville/Thomassin et Pétion-Ville/Fermathe ne travaillent pas.

Au carrefour de Thomassin 32, une foule de gens fait de l’auto-stop. Ceux qui ont les moyens enfourchent rapidement une motocyclette pour aller vaquer à leurs occupations, ce qui leur coûte au moins 125 gourdes.  Certains se découragent et rentrent chez eux, tandis que d’autres attendent. Même si l’heure de la rentrée des classes est déjà passée, Michelson, un élève du lycée national de Pétion-Ville, attend encore. Il espère qu’un camion venus de Kenscoff finira par passer avant qu’il ne soit trop tard, comme hier. Un camion qui arrivera probablement surchargé, mais qui s’arrêtera quand même pour prendre quelques passagers de plus. C’est courant.

Les chauffeurs de minibus ont enclenché cette grève pour exprimer leur mécontentement par rapport aux mauvais traitements auxquels, ils disent être l’objet. « On est souvent sanctionné injustement par des policiers qui nous font payer jusqu’à six mille gourdes de contravention », déclare un porte-parole des chauffeurs requerrant l’anonymat. « Il nous faut un espace de stationnement à Pétion-ville», revendique-t-il.

Les protestataires pensent que les autorités  concernées doivent régulariser leur situation dans les plus brefs délais afin de leur permettre de reprendre leur travail. Ils menacent de poursuivre ce mouvement de protestation jusqu’à ce que leurs revendications soient prises en compte.

A qui imcombe la responsabilité de trancher ?

Ce mouvement a causé beaucoup de difficultés à la population, seuvrée de ces minibus restés stationner aux bords de la route. En face du sous-commissariat de Thomassin, à Thomassin 25, une file de minibus a été remarquée. Les responsables de ce sous-commissariat se sont dits conscients de le handicap causé par cette grève. Eux-mêmes (les policiers) ont des proches qui empruntent le transport en commun. « Toutefois, disent-il, il ne revient pas à nous de résoudre ce problème. C’est le travail de la mairie et du commissariat de Pétion ville ».

La mairesse de Pétion ville, Claire Lydie Parent, affirme avoir rencontré les protestataires. « Cependant, dit-elle, ce n’est pas à la mairie de résoudre ce problème, mais  au Service de la circulation du commissariat de Pétion-ville, auquel nous avons déjà fait parvenir les requêtes de ces grévistes ». Une rencontre était prévue avec les chauffeurs dans l’après-midi de ce mardi, selon plusieurs sources.

Joint au téléphone, le responsable du service de la circulation, le commissaire Will dimanche, a fait savoir qu’il ne peut pas permettre à ces chauffeurs de stationner n’importe où. La réaction de ce dernier a été simple et claire : Une station n’est pas possible à la rue Lamarre. « On leur a proposé de faire la station près du rond-point du marché, mais ils ne sont pas d’accord », a-t-il indiqué, avant d’ajouter que le service de la circulation n’a pas à décider des aires de stationnement ni de l’emplacement des gares, mais que ce service est là pour réguler la circulation automobile. M. Dimanche croit qu’il revient à la mairie et au ministère des Travaux publics d’en décider. « C’est ce que nous leur avons expliqué dans la rencontre que nous avons eu avec eux aujourd’hui », a-t-il révélé.