Près d’un million de dollars US aux 112 immigrants haïtiens

La justice dominicaine s’est enfin prononcée sur le sort des 112 immigrants haïtiens en conflit avec leur employeur dominicain depuis plusieurs mois. Ces travailleurs devront être indemnisés à près d’un million de dollars américains, selon la décision finale lue ce mercredi matin au tribunal de San Cristobal.

Le propriétaire de la compagnie « Coquera real », en République dominicaine, Rafael Alonso Emilio Luna, est accusé d’avoir retenu illégalement des immigrants haïtiens dans sa compagnie pendant une dizaine d’années, selon ce que rapporte le journal dominicain El Nacional. De ce fait, il lui est fait obligation de payer une « prestation de travail » estimée à plus de dix millions de pesos dominicains (239 000.00 $US).

M. Luna devra également verser une indemnisation de 30 millions de pesos (714 300 $US) aux travailleurs haïtiens pour cause de « non-paiement de prestations de travail sur une période de 10 ans », selon le verdict 18-2013 de la cour d’appel de San Cristobal qui ordonne du même coup l’arrêt des activités de la compagnie.

Les avocats des travailleurs, les frères Carlos et Lucas Sanchez et Santiago Diaz, disent attendre impatiemment la mise en application immédiate du verdict prononcé contre Alonso Luna. Entre-temps, le juge de la cour d’appel de San Cristobal, Juan Perez, a ordonné la saisie immédiate des biens de la compagnie qui s’est déclarée en faillite récemment. Le juge Juan Perez aurait déjà fixé une caution pour garantir les droits des Haïtiens de recevoir ce qui leur est dû.

Cette décision de la justice dominicaine est applaudie par plusieurs organisations haïtiano-dominicaines, notamment la fondation Zile qui a accompagné les travailleurs haïtiens dès le début de cette affaire. « Ce dossier retient jusqu’ à présent l’attention de l’opinion publique insulaire, en raison de ses divers aspects, allant du trafic de personnes aux mauvais traitements infligés à ces compatriotes », indique le directeur exécutif de l’organisation binationale Edwin Paraison, estimant que l’étape la plus importante reste le paiement des sommes fixées. « En ce sens, ajoute-t-il, le groupe d’accompagnement qui s’est créé autour des travailleurs maintient ses réunions hebdomadaires à Haina tous les mardis ».

Rappelons que depuis la fin de l’année 2012, ces travailleurs haïtiens ont été licenciés dans de très mauvaises conditions par la compagnie « Coquera real », pour cause de faillite. Ils ont alors engagé une lutte sans précédent contre leur ex-patron, grâce à la solidarité de divers groupes de la société civile, dont le Centro Bono de l’Église catholique, la fondation Zile, le Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSCTHA) et des syndicats de travailleurs. Les immigrants ont occupé durant plus d’un mois les trottoirs du ministère du Travail dominicain situé dans le plus important centre administratif de Santo Domingo, puis ont été logés dans un vieil immeuble à San Cristobal où certains d’entre eux vivent encore.

L’absence d’encadrement du gouvernement haïtien a été sévèrement critiquée et l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – jouant un rôle de police – avait mis fin à leur manifestation pacifique. Plus d’un doutait de l’impartialité du tribunal de San Cristobal, chargé de l’affaire, dont certains membres auraient supposément été proches de l’homme d’affaires Luna.

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Piégés en République dominicaine

Les travailleurs haïtiens doivent être entendus ce jeudi par la justice dominicaine. En attendant, ils vivent dans des conditions pénibles dans un vieil immeuble de San Cristobal, après des années passées à travailler très dur.

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L’émouvante histoire

 Dix heures du matin. Il fait 25 degrés C à San Cristobal, en ce dernier lundi de janvier. Les travailleurs haïtiens en difficulté sur le territoire dominicain – qui ont fait l’actualité la semaine dernière – s’activent à l’intérieur de la vieille remise transformée en centre d’hébergement depuis plus d’une semaine. Chacun s’affaire à une besogne personnelle pendant que Tania Jean, une jeune femme dans la vingtaine, fait bouillir le repas collectif dans une large chaudière installée sur un grand réchaud à gaz propane, juste à côté d’une pile de vaisselle sale.

Pour passer le temps, des jeunes hommes jouent aux cartes, indifférents aux enfants en bas âge qui font des allées et venues près du vieux camion en panne qui sert de chambre à Chantal Planquet, une femme enceinte. Le mari de Chantal et deux autres personnes y dorment également, tandis que les autres réfugiés se reposent dans des tentes éparpillées un peu partout dans la cour extérieure. La femme enceinte déplore les conditions dans lesquelles les enfants sont contraints de vivre, mais… a-t-elle le choix ?

A 30 ans, Francisco Ojilus – le mari de Chantal – serait le plus vieux de la bande. Il dit qu’il a passé presque la moitié de sa vie à travailler pour les entreprises de commercialisation de noix de coco « Coquera du Km 5 » et « Coquera Real », à San Cristobal, actuellement en faillite.

Le rude travailleur se souvient comme si c’était hier de son arrivée illégale à Santo Domingo en 1999, un peu à la manière des esclaves au temps de la colonie. « Un ami du patron est venu nous chercher directement à Maïssade, confie le « leader » du groupe. Arrivés à la frontière, nous avons été transportés dans un gros camion couvert d’un prélart, de manière à tromper la vigilance de la police. Nous ne savions même pas quel genre de travail nous allions faire.»

Ces travailleurs, qui gagnaient en moyenne 2 500 pesos par semaine sans aucun avantage social, ont habité depuis dans les locaux de « Coquera du Km 5 y Coquera Real ». « Nous y avons travaillé très dur, sans jour de repos ni aucun soin médical quand nous étions malades », rapporte M. Ojilus, les yeux remplis de tristesse.

« La compagnie étant alors à ses débuts, nous avons vécu dans des conditions infrahumaines, jusqu’à ce que nous ayons pu construire des maisonnettes avec nos propres moyens, dans la cour de la compagnie, ajoute le porte-parole du groupe, sous les regards approbateurs de ses compatriotes. Plusieurs fois, nous avons demandé de retourner chez nous, surtout après l’assassinat de l’un d’entre nous par un Dominicain, mais le chef n’a pas voulu ».

Des mineurs…

La majorité de ces travailleurs ont moins de trente ans. Pis encore, plusieurs d’entre eux sont mineurs. « Mes parents n’étaient pas d’accord, mais j’ai tenu à venir pour gagner un peu d’argent », confie Calixte, 15 ans, qui a dû abandonner ses études scolaires à Maïssade.

« Nous n’avons jamais été autorisés à quitter les locaux de la compagnie, c’est là que nous faisions tout », ajoute, l’air timide, Lucky Pierre, 17 ans, un jeune homme de haute taille aux cheveux tressés. Calixte et Lucky sont arrivés dans la compagnie il y a 10 mois après avoir franchi, eux aussi, la frontière de façon illégale.

Au moment de la faillite de la compagnie, les travailleurs n’en ont pas été informés. « Nous avons seulement constaté que le local était mis en vente, déplore Gérald, dans un créole mêlé d’espagnol. Lorsque plus tard, le propriétaire nous a demandé de partir, nous ne pouvions aller nulle part puisque nous n’avions pas un sou. En plus, il nous doit encore 4 mois d’arriérés de salaire.» Les travailleurs dominicains, eux, auraient été payés…

Plus loin, Gérald ajoute que le propriétaire a fait appel à des policiers pour leur faire quitter les lieux. « L’un d’entre nous a même reçu une balle au pied », dit-il.

Pas question de partir sans dédommagement

Sur ces 112 travailleurs haïtiens, 10 ont déjà été déportés et deux autres « enlevés » par l’immigration dominicaine. Après avoir passé 40 jours devant le ministère du Travail dominicain, les 100 autres sont tous logés dans ce garage à San Cristobal grâce à leurs avocats, Carlos Manuel Sanchez Diaz et Lucas Manuel Sanchez Diaz. Ils sont aussi assistés par des bénévoles haïtiens et dominicains.

Ces migrants réaffirment qu’ils ont été trompés par les responsables de l’Organisation internationale de la migration (OIM), qui ne leur a pas donné le temps de lire les papiers qu’ils leur ont fait signer. Ainsi rejettent-ils d’un revers de main la proposition de l’OIM de recourir au Programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration, qui concerne les victimes du séisme de 2010. Ils se disent prêts à retourner volontairement dans leur pays, à condition d’être d’abord dédommagés. En attendant, ils ne souhaitent aller nulle part de peur d’être victimes des sbires de leur ex-patron.

« Cette intervention non sollicitée de l’OIM, qui doit être qualifiée d’interférence dans une lutte ouvrière où la responsabilité d’un ministère est plus qu’évidente, est profondément regrettable », indique pour sa part le responsable de la fondation Zile, Edwin Paraison, estimant qu’il est totalement illogique que ces ressortissants abandonnent un combat légal qui pourrait leur rapporter collectivement 375 000 US$ pour recevoir moins de 20 000 US$ de l’OIM…

Le cabinet Sanchez, dans son désir de venir en aide aux victimes, peu importe leur nationalité, de violations des droits humains en République dominicaine, a jugé bon d’offrir un espace à ces migrants. Les Sanchez promettent d’accompagner les victimes jusqu’au bout, dénonçant la violation de l’article 137 -3 de la Convention sur les droits des migrants approuvée par la République dominicaine. « Cette loi condamne le trafic humain », affirme Carlos Sanchez, qui voit dans cette affaire un trafic de mineurs et une violation de leur droit à l’éducation.

Si l’ambassade d’Haïti à Santo Domingo a été dénoncée pour son inaction, l’ambassadeur Fritz Cinéas explique vouloir gérer la situation en « vrai diplomate ». A en croire ses explications, l’ambassade y travaille « activement », mais « discrètement ». Outre l’aide humanitaire apportée aux victimes, « nous allons continuer à lutter pour nos compatriotes », jure-t-il.

Par ailleurs, nous avons pris connaissance d’une lettre signée par Fritz Cinéas et adressée à la coordonnatrice du PNUD en République dominicaine, pour la mettre en garde contre « le plan orchestré par des organismes de l’Etat dominicain de concert avec l’OIM pour évacuer les protestataires haïtiens », en attendant la seconde audience devant la justice dominicaine prévue pour ce jeudi 31 janvier 2013. Une lettre avec la même teneur aurait également été envoyée au directeur de l’OIM à Genève.

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28 Dominicains d’origine haïtienne recouvrent leur nationalité

La Junte centrale électorale (JCE), en République dominicaine, a été condamnée mercredi par le tribunal du district de la chambre civile de San Pedro de Macoris pour avoir refusé de délivrer des cartes d’identification à 28 Dominicains d’origine haïtienne.

Selon l’ordonnance du juge Luis Alberto Mejia Adames condamnant la violation des droits fondamentaux de ces Dominicains, ces derniers devront être dédommagés à raison de 1000 $ US chacun, pour chaque jour de retard enregistré après la notification de ce verdict. Le juge s’est référé à l’article 259-12 de la Constitution dominicaine qui permet de mettre la JCE en accusation, en cas de violation du droit à la dignité humaine, à l’égalité, à la citoyenneté et à l’identité des citoyens dominicains.

Le verdict veut que les instances auprès desquelles ces 28 Dominicains avaient sollicité des pièces d’identification les leur octroient dans les plus brefs délais. Cette sentence fait suite à la requête formulée le 11 mai dernier par ces Dominicains d’ascendance haïtienne, qui ont eu recours à la justice contre la JCE et les Conseils électoraux des municipalités pour leur avoir refusé le droit d’obtenir leurs cartes d’identité, afin de prendre part aux récentes élections qui se sont déroulées en mai 2012 en République dominicaine. Cette démarche à été menée à bout par Maria Victoria Méndez Castro et Natanael Santana Ramírez du conseil de la défense de ces 28 Dominicains.

Rappelons que ces derniers avaient manifesté le mardi 12 juin 2012 devant le siège de la JCE et des Conseils électoraux dans différentes villes de la République dominicaine pour réclamer la révocation de la résolution annulant leur nationalité. Résolution  qui, avaient-ils dit, nient leurs droits. 

Haïti sous le regard d’une journaliste canadienne

La journaliste canadienne Chantal Guy, dans un article sévère à l’endroit d’Haïti, publié vendredi sur le site de Cyber presse, a prodigué des conseils à ses concitoyens qui souhaitent visiter le pays. Selon ses écrits, elle veut que les Canadiens évitent les « mauvaises surprises ». Dans un autre article moins sévère, elle explique pourquoi, à son avis, Haïti est appelée l’île magique, tout en expliquant que les Haïtiens ne s’attendent généralement qu’à de l’aide, venant des « Blancs ».

Après avoir indiqué quels vols choisir, la journaliste, dans son article, a commencé par le budget que doit prévoir les visiteurs canadiens en Haïti. Elle est d’avis qu’Haïti n’est pas bon marché,  « contrairement à ce qu’on pourrait croire ». « Et si vous êtes blanc, vous payez le triple, on ne vous fera pas de cadeau », prévient-elle.

En ce qui a trait à l’utilisation de la monnaie, la journaliste estime que l’argent canadien n’a aucune valeur en Haïti contrairement au dollar américain et à la gourde. Elle suggère à ses touristes d’avoir à leur disposition de petites coupures, « parce qu’on ne vous rendra pas toujours la monnaie! », dit-elle. «  Aussi, les guichets automatiques sont rares, il faut donc des cartes de crédit pour faire des avances de fonds », ajoute-t-elle.

Parlant transports, Mme Guy, qui constate que « tout le monde utilise son véhicule pour faire quelques gourdes », a déclaré que l’on peut se déplacer partout, « selon son degré de sensibilité au risque ». « Les routes ne sont pas éclairées, il n’y a pas de feux de circulation, pas de règles. D’ailleurs, peu de voitures ont des ceintures de sécurité. La méthode de luxe (environ 100$US pour une journée) est de payer une voiture avec chauffeur », souligne-t-elle.

«A  Port-au-Prince les voitures qui affichent une banderole rouge sont des taxis qui suivent un circuit. Le transport rapide et économique est la moto, mais c’est le plus inquiétant: pas de casque et vous pouvez être trois dessus! Enfin, il y a le tap-tap, souvent bondé, et qui porte bien son nom: véritable tape-cul, assez pénible pour les longs déplacements, mais lieu idéal de socialisation », explique la journaliste dans son fameux article.

Seules la nourriture et la communication –  bien que sans contrôle – sont exemptes de sa critique acerbe. « Honnêtement, rien ne vaut un homard grillé servi sur la plage… Et vous ne savez pas ce qu’est une mangue si vous n’avez pas mangé une mangue haïtienne ». « Tout le monde fonctionne par cellulaire. Ayez-en un, c’est primordial pour rester en contact. Si votre téléphone intelligent est déverrouillé, profitez-en pour acheter une carte SIM haïtienne, qui vous permettra de tout faire (texto, téléphone, Internet) pour un prix ridicule ».

Plus tôt, dans un autre article publié sur le même site, titré : « Haïti, l’île magique », Chantal Guy laisse croire que depuis la chute de Bébé Doc, Haïti n’est plus visitée que par les travailleurs des ONG, les militaires et les missionnaires. « Mis à part les Haïtiens de la diaspora qui font régulièrement le va-et-vient et les travailleurs humanitaires de tout acabit, rares sont les touristes qui y débarquent simplement par curiosité. Cette espèce manque cruellement à Haïti, ce qui fausse les rapports entre étrangers et Haïtiens. Dire qu’il y a déjà eu un Club Med très populaire sous la dictature! Un « Blanc » – ce mot désigne avant tout un étranger, peu importe la couleur de sa peau – n’est jamais ici gratuitement et ne semble exister que pour apporter son aide ».

Le voyageur un peu téméraire risque, selon elle, de trouver l’expérience de voyager en Haïti assez pénible. « D’abord, 90% de la population ne parle que le créole. Et si vous êtes blanc, le mot « argent » est écrit en lettres de feu sur votre front, peu importe votre budget », insiste-t-elle.

Pour cela, elle pense que la meilleure façon de découvrir Haïti, est d’y être introduit. « L’esprit de clan ici est fort, et les Haïtiens ont créé les réseaux sociaux bien avant Facebook », signale Mme Guy, ajoutant que la société haïtienne n’est pas une société plus dangereuse contrairement à ce que l’on pourrait croire. « Il y a comme partout de la criminalité, mais certainement proportionnellement moins que dans les quartiers les plus louches des pays industrialisés », ajoute-t-elle.

« Bien sûr, poursuit l’exploratrice d’Haïti, le voyageur fortuné peut se terrer dans Pétion-Ville, sorte de Westmount de Port-au-Prince et emprunter sa voiture pour le moindre déplacement. Il y découvrira le luxe, le confort, la bonne chère, étonnamment possibles au milieu de tant de misères. Mais il ne découvrira en rien la véritable Haïti. Car Haïti vit dans la rue ».

« Haïti n’est pas une anomalie de l’histoire, elle est l’Histoire. Des siècles de bruits et de fureur sans aucun répit. L’atmosphère d’Haïti est imprégnée de cette destinée incroyable et tragique, qui semble flotter au-dessus de ses paysages époustouflants. Une vie ne suffirait pas à comprendre ses mystères, ses paradoxes et ses absurdités. Mais si le dieu Legba, celui qui ouvre les portes, est avec vous, peut-être aurez-vous le privilège d’être invité un jour dans ses coins les plus secrets», explique Chantal Guy.

« On ne l’appelle pas l’île magique pour rien », conclut-elle. 

Marlène Dorcéna: une perle haïtienne en Belgique

Marlène Dorcéna est une artiste haïtienne installée en Belgique depuis quelques années. Accompagnée d’excellents musiciens, elle fait découvrir son pays et sa culture à de nombreux spectateurs. Cette semaine, elle est arrivée dans le pays en vue d’apporter son soutien aux victimes du séisme de janvier 2010, et dans le même temps, présenter son nouvel album : « Voyage». Entre enregistrements musicaux, radio, télévision, théâtre et littérature, sa vie est marquée par de longs voyages qu’elle tente de faire découvrir à travers cet album.

L’artiste haïtienne évoluant en Belgique, Marlène Dorcéna, est arrivée cette semaine dans le pays pour une visite de  quelques jours, dans le cadre de  son projet spécial : « Une mallette pour Haïti », dédié à des victimes du tremblement de terre de l’an dernier, particulièrement des enfants. Il s’agit d’une action lancée par la chanteuse elle-même, au lendemain du séisme. Ainsi a-t-elle procédé, durant son séjour en Haïti, à la distribution de kits scolaires pour enfants, dans plusieurs camps d’hébergement. L’artiste en a profité pour présenter son nouvel album « Voyage », qui se situe autour d’Haïti et surtout autour de ses dix dernières années de voyages musicaux qu’elle a entrepris ces derniers temps.

Haïti et la langue créole sont au coeur des concerts de Marlène. Elle parle et chante avec douceur et conviction d’Haïti sous le soleil, de la misère et des réalités sociales. Elle revendique son origine africaine, celle des esclaves déracinés de leurs terres et envoyés « aux Amériques ». Marlène Dorcéna, qui a combien brillé sur la scène artistique belge depuis son arrivée là-bas, reste jusque-là presque inconnue sur la scène musicale d’Haïti, alors qu’elle continue de chanter de la musique traditionnelle haïtienne un peu partout dans le monde. Sur la demande de la presse, elle promet de revenir bientot mettre à l’appréciation du public haitien ses nombreux talents artistiques.

Pour son nouveau CD, elle était venue à la recherche de nouvelles sonorités, de nouvelles émotions simples produites par des instruments tels que : lambi (instrument de révolution du peuple haïtien), tambour haïtien, pin, noisettes, ti bwa, agogo, maracas, coquillages, etc.

Le dernier CD de Marlène Dorcéna, intitulé  « Haïti », illustre toute sa reconnaissance envers la Belgique. L’on verra que son style n’a pas changé, d’autant plus que les instruments traditionnels d’Haïti et d’autres provenant de la nature méritent une attention et dégustation particulières.

L’engagement de Marlène ne se limite pas aux heures passées sur la scène. La situation des femmes et celle des enfants de son pays font partie de ses préoccupations et de son engagement quotidien.

Depuis quelques années, Marlène Dorcéna a créé une association au nom de « Haïti Chérie », qui a pour but de promouvoir la culture et la musique d’Haïti en Belgique dans d’autres pays. Son tout premier projet consistait à installer une pompe à eau dans un petit village, à Cavaillon, où beaucoup de gens parcouraient plusieurs kilomètres pour trouver de l’eau qui n’est même pas buvable.

Afin de partager avec les enfants une partie de son enfance et de rendre hommage à sa grand-mère, Marlène Dorcéna a rédigé un recueil de contes et de chants créoles. Les bénéfices de ce livre seraient versés à la réalisation du projet d’eau. Son spectacle pour enfants illustre son histoire, son parcours et sa vision de la vie.

Marlène Dorcéna est née et a grandi aux Cayes, dans le sud du pays. A l’école, tout en faisant partie de l’association culturelle, elle pratiquait un répertoire de chansons françaises. Avec l’aide de la famille, elle est devenue membre et choriste dans une chorale évangélique.

En 1991, elle s’est rendue en Belgique pour participer au Mechels Miniatuur Theater, à Mechelen, comme actrice dans la pièce  » Mèsi Bondye Verdomme  » mise en scène par René Verreth. De retour en Haïti, elle a participé à un séminaire au Venezuela, organisé par la Confédération des travailleurs latino-américains.

A la suite du coup d’Etat en Haïti, en 1991, elle a décidé de retourner en Belgique afin de poursuivre ses études en Communication.

Sa rencontre avec Raoul Nassar (musicien, compositeur et médecin d’origine haïtienne), l’a incité à développer un vaste répertoire de chansons traditionnelles ainsi que ses compositions personnelles.

Son premier enregistrement en qualité de chanteuse soliste se ferait avec l’Orchestre Super Combo Créole, formation de quinze musiciens sous la direction du Maestro Raoul Nassar.

En 1999, sa rencontre avec Didier Mélon lui a permis d’enregistrer 5 titres qui figuraient sur la compilation 2  » Le monde est un village « .

En 2002, c’est avec succès qu’elle a présenté son nouveau CD  » Mèsi « , produit et réalisé par Contre-jour, dans lequel elle a dévoilé l’âme, les couleurs, les rires et la poésie des gens d’Haïti. Ce qui lui a permis également de participer à des festivals non seulement en Belgique mais aussi en Allemagne, à la Martinique, en Suisse, en Russie, en Ukraine, en Hollande, en France, etc. 

 

www.marlene-dorcena.com