Haïti sous le regard d’une journaliste canadienne

La journaliste canadienne Chantal Guy, dans un article sévère à l’endroit d’Haïti, publié vendredi sur le site de Cyber presse, a prodigué des conseils à ses concitoyens qui souhaitent visiter le pays. Selon ses écrits, elle veut que les Canadiens évitent les « mauvaises surprises ». Dans un autre article moins sévère, elle explique pourquoi, à son avis, Haïti est appelée l’île magique, tout en expliquant que les Haïtiens ne s’attendent généralement qu’à de l’aide, venant des « Blancs ».

Après avoir indiqué quels vols choisir, la journaliste, dans son article, a commencé par le budget que doit prévoir les visiteurs canadiens en Haïti. Elle est d’avis qu’Haïti n’est pas bon marché,  « contrairement à ce qu’on pourrait croire ». « Et si vous êtes blanc, vous payez le triple, on ne vous fera pas de cadeau », prévient-elle.

En ce qui a trait à l’utilisation de la monnaie, la journaliste estime que l’argent canadien n’a aucune valeur en Haïti contrairement au dollar américain et à la gourde. Elle suggère à ses touristes d’avoir à leur disposition de petites coupures, « parce qu’on ne vous rendra pas toujours la monnaie! », dit-elle. «  Aussi, les guichets automatiques sont rares, il faut donc des cartes de crédit pour faire des avances de fonds », ajoute-t-elle.

Parlant transports, Mme Guy, qui constate que « tout le monde utilise son véhicule pour faire quelques gourdes », a déclaré que l’on peut se déplacer partout, « selon son degré de sensibilité au risque ». « Les routes ne sont pas éclairées, il n’y a pas de feux de circulation, pas de règles. D’ailleurs, peu de voitures ont des ceintures de sécurité. La méthode de luxe (environ 100$US pour une journée) est de payer une voiture avec chauffeur », souligne-t-elle.

«A  Port-au-Prince les voitures qui affichent une banderole rouge sont des taxis qui suivent un circuit. Le transport rapide et économique est la moto, mais c’est le plus inquiétant: pas de casque et vous pouvez être trois dessus! Enfin, il y a le tap-tap, souvent bondé, et qui porte bien son nom: véritable tape-cul, assez pénible pour les longs déplacements, mais lieu idéal de socialisation », explique la journaliste dans son fameux article.

Seules la nourriture et la communication –  bien que sans contrôle – sont exemptes de sa critique acerbe. « Honnêtement, rien ne vaut un homard grillé servi sur la plage… Et vous ne savez pas ce qu’est une mangue si vous n’avez pas mangé une mangue haïtienne ». « Tout le monde fonctionne par cellulaire. Ayez-en un, c’est primordial pour rester en contact. Si votre téléphone intelligent est déverrouillé, profitez-en pour acheter une carte SIM haïtienne, qui vous permettra de tout faire (texto, téléphone, Internet) pour un prix ridicule ».

Plus tôt, dans un autre article publié sur le même site, titré : « Haïti, l’île magique », Chantal Guy laisse croire que depuis la chute de Bébé Doc, Haïti n’est plus visitée que par les travailleurs des ONG, les militaires et les missionnaires. « Mis à part les Haïtiens de la diaspora qui font régulièrement le va-et-vient et les travailleurs humanitaires de tout acabit, rares sont les touristes qui y débarquent simplement par curiosité. Cette espèce manque cruellement à Haïti, ce qui fausse les rapports entre étrangers et Haïtiens. Dire qu’il y a déjà eu un Club Med très populaire sous la dictature! Un « Blanc » – ce mot désigne avant tout un étranger, peu importe la couleur de sa peau – n’est jamais ici gratuitement et ne semble exister que pour apporter son aide ».

Le voyageur un peu téméraire risque, selon elle, de trouver l’expérience de voyager en Haïti assez pénible. « D’abord, 90% de la population ne parle que le créole. Et si vous êtes blanc, le mot « argent » est écrit en lettres de feu sur votre front, peu importe votre budget », insiste-t-elle.

Pour cela, elle pense que la meilleure façon de découvrir Haïti, est d’y être introduit. « L’esprit de clan ici est fort, et les Haïtiens ont créé les réseaux sociaux bien avant Facebook », signale Mme Guy, ajoutant que la société haïtienne n’est pas une société plus dangereuse contrairement à ce que l’on pourrait croire. « Il y a comme partout de la criminalité, mais certainement proportionnellement moins que dans les quartiers les plus louches des pays industrialisés », ajoute-t-elle.

« Bien sûr, poursuit l’exploratrice d’Haïti, le voyageur fortuné peut se terrer dans Pétion-Ville, sorte de Westmount de Port-au-Prince et emprunter sa voiture pour le moindre déplacement. Il y découvrira le luxe, le confort, la bonne chère, étonnamment possibles au milieu de tant de misères. Mais il ne découvrira en rien la véritable Haïti. Car Haïti vit dans la rue ».

« Haïti n’est pas une anomalie de l’histoire, elle est l’Histoire. Des siècles de bruits et de fureur sans aucun répit. L’atmosphère d’Haïti est imprégnée de cette destinée incroyable et tragique, qui semble flotter au-dessus de ses paysages époustouflants. Une vie ne suffirait pas à comprendre ses mystères, ses paradoxes et ses absurdités. Mais si le dieu Legba, celui qui ouvre les portes, est avec vous, peut-être aurez-vous le privilège d’être invité un jour dans ses coins les plus secrets», explique Chantal Guy.

« On ne l’appelle pas l’île magique pour rien », conclut-elle. 

Le Brésil et Haïti filent le parfait amour

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, est arrivée en Haïti ce mercredi pour une visite de quelques heures dans le cadre d’une tournée qu’elle effectue dans les Caraïbes. La coopération entre les deux pays, la Minustah et les récents problèmes migratoires sont au menu des entretiens qu’elle a eus avec le président Michel Martelly et d’autres autorités haïtiennes.

Mercredi 1er février 2012. 9h 54 a.m., l’avion « Força area Brasilia » aux couleurs du drapeau brésilien atterrit sur la piste de l’aéroport Toussaint Louverture. Vêtue d’une veste saumon et d’un pantalon noir, la présidente du Brésil est accueillie, dès sa descente d’avion, par le président Michel Martelly et son épouse Sophia Martelly, ainsi que le Premier ministre Garry Conille. Une foule d’invités fourmille sur la piste, aux alentours du salon diplomatique de l’aéroport. Parmi  eux, un grand nombre de Brésiliens, dont des journalistes, des soldats de la Minustah et d’autres officiels.

Debout aux côtés du couple présidentiel haïtien, Mme Rousseff écoute d’abord  l’exécution de l’hymne national par la fanfare de l’USGPN  pour ensuite se laisser conduire  près du salon diplomatique orné de drapeaux des deux pays et de pancartes de bienvenue. Là, elle salue les officiels haïtiens et brésiliens, avant de débuter un entretien privé avec le président de la République devant le salon diplomatique. Enfin, les membres des deux délégations se dirigent vers leurs voitures respectives en direction du palais national.

Tout autour de l’aéroport, on peut remarquer des panneaux et affiches souhaitant la bienvenue à Mme Rousseff. Une voie, libérée par des agents de la PNH et des soldats brésiliens mobilisés dès la veille dans les rues de Port-au-Prince, mène au palais national. Des curieux se sont assemblés aux bords de la route pour assister au défilé des deux délégations qui ont emprunté la route de l’aéroport, l’avenue Martin Luther King (Nazon) et l’avenue John Brown (Lalue) pour aboutir au siège du président Martelly, palais national. Au Champ de Mars, des sinistrés se hâtent de sortir des tentes pour venir voir le défilé.

10 h 40 a.m., Palais national. La fanfare défile sur la pelouse pendant que les différents invités arrivent peu à peu. Au cours d’une conférence de presse conjointe donnée au palais national, le chef de l’Etat haïtien a adressé ses remerciements au gouvernement brésilien pour son support durant les diverses crises qu’a connues le pays au cours des 10 dernières années, particulièrement lors du séisme et de l’épidémie de choléra. Les deux présidents ont eu des discussions en privé sur la migration, l’éducation, l’énergie et la coopération tripartite Cuba-Brésil-Haïti.

Le président Martelly sollicite l’appui du Brésil pour la réalisation de plusieurs projets courants, notamment le programme national de lutte contre la faim baptisé « Aba grangou », l’unité de construction de logement, « un projet de construction massive de logements sociaux ». Le Brésil va aussi apporter sa contribution dans le domaine des sports par la coopération technique en formation et en équipements. Il financera les  travaux de construction de la centrale hydroélectrique (Artibonite 4C), entrepris par le président René Préval, qui nécessitent une somme de 192 millions de dollars, selon le président de la République d’Haïti.

Le chef de l’Etat haïtien a en outre réitéré sa volonté de reconstituer l’armée haïtienne, ce qui favorisera le départ de la Minustah. « Une commission mixte sera créée pour travailler sur la faisabilité de ce projet », a-t-il annoncé. La migration des Haïtiens au Brésil est aussi abordée entre les deux chefs d’Etat. « 1 200 visas seront octroyés aux Haïtiens sur une durée allant jusqu’à 5 ans », a fait savoir le président Martelly. Il invite les compagnies brésiliennes  à venir s’installer en Haïti, tout en souhaitant que ces entreprises bénéficient de prêts  des banques internationales.

La présidente Dilma Rousseff affirme avoir beaucoup d’intérêt dans les propositions du président Martelly, le félicitant pour  « la démocratie haïtienne » et sa capacité de former un nouveau gouvernement garantissant la participation du Brésil dans la reconstruction d’Haïti. La présidente du Brésil promet de donner son support aux secteurs de la santé et de la sécurité. Elle s’engage aussi à soutenir le programme d’évacuation dans les camps. Le processus de la réduction des soldats brésiliens de la Minustah en Haïti doit être enclenché sous peu, selon Mme Rousseff, qui vote pour la réduction systématique de la troupe à long terme et la formation d’une commission mixte de sécurité.

Le Brésil est prêt à recevoir les Haïtiens à la recherche d’opportunités, promet la présidente Rousseff, certaine que le Brésil et Haïti auront toujours de bons rapports. Elle souhaite garantir aux Haïtiens l’accès au Brésil « dans des conditions de sécurité et de dignité, tout en combattant le trafic humain ».

Le Brésil, on le sait, dirige, depuis 2004, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah). C’est le pays qui a fourni le plus gros contingent à cette troupe. Mme Rousseff, qui a effectué une visite de 48 heures à Cuba, s’est rendu en Haïti  pour la première fois depuis son élection comme présidente du Brésil. Avant de quitter Haïti en fin de journée, Dilma Rousseff devait rendre visite aux Casques bleus brésiliens. 

Visite de 48 heures de la reine d’Espagne en Haïti

Doña Sofía est arrivée en Haïti, ce vendredi 7 octobre 2011, pour une visite officielle de 48 heures. Une visite qui fait suite à celle du président de la République d’Haïti en Espagne au mois de juillet de cette année. La reine est en Haïti pour soutenir des projets de coopération qui permettront d’améliorer la situation du logement, de l’éducation et des infrastructures.

La reine Sofía a été accueillie à l’aéroport international Toussaint Louverture par le président de la République, Michel Martelly, et son épouse Sophia Martelly. Des élèves du collège Immaculé conception de Delmas 11 y étaient conduits pour  souhaiter la bienvenue à Sa Majesté, en lui offrant un bouquet de fleurs. Cette visite doit être l’occasion pour la reine de renforcer la coopération entre L’Espagne et Haïti, notamment dans le domaine de l’éducation et des travaux d’infrastructure.

Dans la soirée, la reine Sofía a assisté, à l’hôtel Karibe convention center, à un dîner offert en son honneur par le chef de l’État haïtien. Après le discours de remerciement et de bienvenue prononcé par ce dernier à son endroit, elle a affirmé que « Ayiti kapab konte sou Espay ak tout espayòl (Haïti peut compter sur l’Espagne, ainsi que les Espagnols) ».

La Reine doit, durant son bref séjour dans le pays, visiter certains projets financés par la coopération espagnole à Gressier, Léogane et Cité-Soleil. Elle prévoit de se rendre à Titanyen, pour constater l’état d’avancement de la construction d’une usine de traitement des eaux usées.

Quelques heures après, elle devrait revenir à la capitale pour effectuer une tournée dans la commune de Cité-Soleil où elle visitera les Soeurs de la Charité qui travaillent avec les personnes défavorisées de la zone. La reine visitera également le projet éducatif de l’ONG espagnole Jóvenes y Desarrollo et de la Fondation Rinaldi-Salésiens de Don Bosco. À Léogâne, la Reine Doña Sofía d’Espagne s’informera de l’état d’avancement d’un projet de 1 500 maisons, en charge de la Croix-Rouge haïtienne, en collaboration avec la Croix Rouge espagnole et l’AECI.

Avant de compléter son voyage en Haïti, la reine devrait également se rendre sur la base de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).

Selon le Protocole, Sa Majesté doit rencontrer la communauté espagnole d’Haïti en la résidence de l’ambassadeur Manuel Hernandez Ruiz Gomez, le soir même de son arrivée dans la capitale haïtienne. Cette visite royale est la concrétisation d’une promesse faite par le roi d’Espagne, Don Juan Carlos de Borbón, au président Martelly lors de son séjour à Madrid en juillet dernier. D’abord annoncée pour le mois de septembre, la visite a été repoussée pour enfin être fixée au 7 octobre 2011.

Notons que c’est la deuxième visite de la reine d’Espagne en Haïti. Elle avait déjà effectué une première visite dans le pays en janvier 2009.