Vers la coopération haitiano-roumaine

La République de la Roumanie dispose désormais d’un consulat honoraire en Haïti. Sis au no 18, impasse Rigaud, avenue Lamartinière (au local du collège Oswald Durand), ce nouveau consulat a été inauguré le week-end écoulé au cours d’une cérémonie très conviviale.

6h p.m., les tables garnies sont prêtes au troisième étage du collège Oswald Durand.  A l’entrée de l’impasse Rigaud, une file de véhicules officiels est formée. Les riverains du voisinage font des allers-retours dans une impasse en pleine réparation. Les drapeaux d’Haïti, de la Roumanie et de l’Union européenne flottent sur le toit du collège. La musique classique jouée en arrière-plan en dit long sur l’événement qu’il accueille. Il s’agit d’une soirée à la chandelle organisée en plein air.

Les vins blanc et rouge sont déjà servis. Les invités arrivent peu à peu. Le doyen de la mission diplomatique en Haïti, le curé de la paroisse Saint-Louis Roi de France, les ambassadeurs et consuls des pays amis d’Haïti et de la communauté européenne, les représentants de la Minustah, les membres des organisations internationales et ceux du gouvernement prennent place un moment autour des petites tables. Un véritable moment de retrouvailles. Une ambiance conviviale commence à se créer, en dépit du vent qui apporte quelquefois de la poussière, cassant un peu le rythme.

La pluie s’annonce. Les responsables doivent se dépêcher  et commencer les discours plus tôt que prévu.  « La Roumanie a déjà eu des relations diplomatiques avec Haïti, mais depuis plus de 4 ans, ces relations était interrompues », souligne le vice-consul honoraire Joseph Perard Pierre, content de ce que la Roumanie ait pu enfin retrouver un nouveau consul capable de resserrer les liens existant entre les deux pays. « Nous allons faire du consulat de la Roumanie un consulat actif, capable d’ouvrir d’autres portes aux Roumains, Haïtiens et autres ressortissants, vers des échanges commerciaux, éducationnels et touristiques », promet Joseph Perard Pierre, également directeur du collège Oswald Durand.

Le directeur appelle les Roumains à aller constater par eux-mêmes les richesses d’Haïti et à venir y investir. Il invite également les Haïtiens à aller visiter ce « beau pays de l’Europe ». « Les chambres de commerce haitiano-roumaines devront s’unir pour aider commerçants et artisans à décoller », affirme M. Pierre, sous une pluie battante.

Chassés par la pluie, les participants ont dû aller s’entasser dans le salon diplomatique exigu pour écouter le discours du consul honoraire, toujours dans une ambiance récréative.  « Certes, ce poste existait déjà depuis plusieurs années, mais depuis le décès de  mon prédécesseur en 2008, il n’avait pas été comblé. Sans  nul doute, les autorités roumaines entendaient prendre leur temp, évaluer les éventuelles candidatures et manifestations d’intérêt, refonder sur de nouvelles bases les relations entre les deux pays », indique M. Huswald Timothée, fier d’avoir l’opportunité« d’imprimer cette nouvelle dynamique et ce nouveau tournant aux rapports sereins entre les deux républiques».

« La solidarité roumaine à l’endroit d’Haïti ne demande qu’à se renforcer et à s’amplifier au cours des prochaines années », poursuit le consul honoraire, reconnaissant envers la Roumanie pour son aide à Haïti durant ces quatre dernières années particulièrement au lendemain du séisme de janvier 2010.

Les différentes coupures d’électricité qui plongent la petite salle dans l’obscurité complète n’interrompent pas le discours de M. Timothée ni ne gâchent l’amusement des invités. « Je souhaite établir, maintenir et resserrer des relations fortes, constantes et sincères avec chacun d’entre vous », conclut-il, avant de lever son verre.

La cérémonie a marqué également la célébration de la fête nationale de la Roumanie. Elle a été suivie de la projection d’un documentaire présentant les principales  infrastructures et structures de ce pays situé au sud-est de l’Europe, avec sa biodiversité,  ses couchées de soleil au bord de la mer Noire, ses églises, son artisanat, etc.

Le Brésil et Haïti filent le parfait amour

La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, est arrivée en Haïti ce mercredi pour une visite de quelques heures dans le cadre d’une tournée qu’elle effectue dans les Caraïbes. La coopération entre les deux pays, la Minustah et les récents problèmes migratoires sont au menu des entretiens qu’elle a eus avec le président Michel Martelly et d’autres autorités haïtiennes.

Mercredi 1er février 2012. 9h 54 a.m., l’avion « Força area Brasilia » aux couleurs du drapeau brésilien atterrit sur la piste de l’aéroport Toussaint Louverture. Vêtue d’une veste saumon et d’un pantalon noir, la présidente du Brésil est accueillie, dès sa descente d’avion, par le président Michel Martelly et son épouse Sophia Martelly, ainsi que le Premier ministre Garry Conille. Une foule d’invités fourmille sur la piste, aux alentours du salon diplomatique de l’aéroport. Parmi  eux, un grand nombre de Brésiliens, dont des journalistes, des soldats de la Minustah et d’autres officiels.

Debout aux côtés du couple présidentiel haïtien, Mme Rousseff écoute d’abord  l’exécution de l’hymne national par la fanfare de l’USGPN  pour ensuite se laisser conduire  près du salon diplomatique orné de drapeaux des deux pays et de pancartes de bienvenue. Là, elle salue les officiels haïtiens et brésiliens, avant de débuter un entretien privé avec le président de la République devant le salon diplomatique. Enfin, les membres des deux délégations se dirigent vers leurs voitures respectives en direction du palais national.

Tout autour de l’aéroport, on peut remarquer des panneaux et affiches souhaitant la bienvenue à Mme Rousseff. Une voie, libérée par des agents de la PNH et des soldats brésiliens mobilisés dès la veille dans les rues de Port-au-Prince, mène au palais national. Des curieux se sont assemblés aux bords de la route pour assister au défilé des deux délégations qui ont emprunté la route de l’aéroport, l’avenue Martin Luther King (Nazon) et l’avenue John Brown (Lalue) pour aboutir au siège du président Martelly, palais national. Au Champ de Mars, des sinistrés se hâtent de sortir des tentes pour venir voir le défilé.

10 h 40 a.m., Palais national. La fanfare défile sur la pelouse pendant que les différents invités arrivent peu à peu. Au cours d’une conférence de presse conjointe donnée au palais national, le chef de l’Etat haïtien a adressé ses remerciements au gouvernement brésilien pour son support durant les diverses crises qu’a connues le pays au cours des 10 dernières années, particulièrement lors du séisme et de l’épidémie de choléra. Les deux présidents ont eu des discussions en privé sur la migration, l’éducation, l’énergie et la coopération tripartite Cuba-Brésil-Haïti.

Le président Martelly sollicite l’appui du Brésil pour la réalisation de plusieurs projets courants, notamment le programme national de lutte contre la faim baptisé « Aba grangou », l’unité de construction de logement, « un projet de construction massive de logements sociaux ». Le Brésil va aussi apporter sa contribution dans le domaine des sports par la coopération technique en formation et en équipements. Il financera les  travaux de construction de la centrale hydroélectrique (Artibonite 4C), entrepris par le président René Préval, qui nécessitent une somme de 192 millions de dollars, selon le président de la République d’Haïti.

Le chef de l’Etat haïtien a en outre réitéré sa volonté de reconstituer l’armée haïtienne, ce qui favorisera le départ de la Minustah. « Une commission mixte sera créée pour travailler sur la faisabilité de ce projet », a-t-il annoncé. La migration des Haïtiens au Brésil est aussi abordée entre les deux chefs d’Etat. « 1 200 visas seront octroyés aux Haïtiens sur une durée allant jusqu’à 5 ans », a fait savoir le président Martelly. Il invite les compagnies brésiliennes  à venir s’installer en Haïti, tout en souhaitant que ces entreprises bénéficient de prêts  des banques internationales.

La présidente Dilma Rousseff affirme avoir beaucoup d’intérêt dans les propositions du président Martelly, le félicitant pour  « la démocratie haïtienne » et sa capacité de former un nouveau gouvernement garantissant la participation du Brésil dans la reconstruction d’Haïti. La présidente du Brésil promet de donner son support aux secteurs de la santé et de la sécurité. Elle s’engage aussi à soutenir le programme d’évacuation dans les camps. Le processus de la réduction des soldats brésiliens de la Minustah en Haïti doit être enclenché sous peu, selon Mme Rousseff, qui vote pour la réduction systématique de la troupe à long terme et la formation d’une commission mixte de sécurité.

Le Brésil est prêt à recevoir les Haïtiens à la recherche d’opportunités, promet la présidente Rousseff, certaine que le Brésil et Haïti auront toujours de bons rapports. Elle souhaite garantir aux Haïtiens l’accès au Brésil « dans des conditions de sécurité et de dignité, tout en combattant le trafic humain ».

Le Brésil, on le sait, dirige, depuis 2004, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah). C’est le pays qui a fourni le plus gros contingent à cette troupe. Mme Rousseff, qui a effectué une visite de 48 heures à Cuba, s’est rendu en Haïti  pour la première fois depuis son élection comme présidente du Brésil. Avant de quitter Haïti en fin de journée, Dilma Rousseff devait rendre visite aux Casques bleus brésiliens.