Saut-d’Eau ouvert aux investissements et au tourisme

Découvrir la commune de Saut-d’Eau avec ses diversités et ses possibilités

La commune de Saut-d’Eau, une ville d’eau. Bel atout pour la culture agricole. On a pu constater des sources un peu partout. Selon les révélations des autorités locales, les 4 sections communales de Saut-d’Eau, située à 26 km de Port-au-Prince ,ont une diversité éco-climatique. « La commune, a précisé M. Rénick Thélus, directeur du lycée de Saut-d’Eau, dispose de plusieurs grottes,  qui restent des monuments pouvant attirer des touristes, des chercheurs et des archéologues ». Il a cité en exemple la grotte Mahotière, située à Coupe-Mardi-gras et la grotte Toco ,située à proximité de la cascade. « Beaucoup de personnes commencent d’ailleurs à s’y intéresser », a-t-il ajouté.

Plus loin,  M. Thélus a révélé que la section Coupe-Mardi-gras est la localité la plus riche de la commune de Saut-d’Eau avec sa grande capacité de production en culture vivrière et en fruits. « Elle dispose d’un climat identique à celui de Kenscoff et une couverture végétale impressionnante », a-t-il fait remarquer.

Abondant dans le même sens, le maire de Saut-d’Eau a signalée que la commune est voisine du volcan La vigie. « Tous, des   attraits touristiques à visiter », a-t-il insisté. Beaucoup de possibilités d’investissements ont été abordées par les responsables durant cet échange d’idées. Ces derniers estiment que la route et  l’électricité ouvrent la ville aux investissements et au tourisme.

Infrastructures de services publics

En dehors des sites naturels qui sont très riches à Saut-d’Eau, les infrastructures des services publics sont plûtot dérisoires. Cependant, plusieurs d’entre elles continuent d’attirer des regards, d’après des responsables. La paroisse Mont-Carmel,située au cœur de la ville, par exemple, est un lieu très visité, selon le maire de la commune. Ce n’est pas la seule que la commune possède, il y a aussi la paroisse Notre-Dame du perpétuel secours située à Dubuisson.

Le marché se fait à Saut-d’Eau tous les mercredis et samedis sur un vaste terrain loué, il n’y a pas très longtemps, par le sénateur Desras Simon Dieuseul, d’après ce qu’a révélé le maire  Barthélémy. La production principale de la commune est la mangue. «deuxième  commune exportatrice de mangues après Gros-Morne. Ainsi, nous avons exporté environ 300 000 douzaines de mangues l’année dernière », a indiqué M. Barthélémy. Rénick Thélus estime, quant à lui, que ce chiffre peut largement augmenter si des acteurs investissent dans ce secteur. Il souhaiterait voir s’ériger dans sa commune des usines de transformation de fruits. Saut- d’Eau produit également beaucoup d’autres fruits, légumes et céréales, notamment,  l’ »Arbre véritable », le riz, le maïs, le petit-mil, le pois, l’ananas,la canne à sucre, pour ne citer que ceux-là.

Côté infrastructures hôtelières. C’est bien connu que la capacité d’accueil de la commune déborde durant la période de fête. Il n’y a que trois hôtels de niveau standard. « Des investisseurs sont très intéressés à se lancer dans le secteur de l’hôtellerie à Saut-d’Eau », a affirmé le premier citoyen de la commune, ajoutant que les Saudelais sont très hospitaliers et qu’ils font de leur mieux pour accueillir les visiteurs. « Mais dans deux ou trois ans, nous avons la garantie que les choses vont évoluer », a-t-il promis.

La sécurité laisse à désirer en général à Saut-d’Eau, car seulement 6 policiers peu équipés sont affectés au commissariat de cette commune qui compte environ 54 000 habitants. Heureusement que des policiers de Port-au-Prince et de Pétion-Ville les ont rejoints durant la période de fête.

Le maire de Saut-d’Eau a exprimé sa reconnaissance au gouvernement qui, malgré les problèmes du pays, n’a pas hésité à mobiliser des fonds pour investir dans sa commune.  Il souhaite que des projets qui visent spécifiquement le secteur éducatif finissent par atterrir dans sa communauté. « Le lycée de Saut-d’Eau, a-t-il précisé, est logé à l’école nationale, déjà en très mauvais état; il faudrait le reconstruire ailleurs ».

Le rêve de M. Barthélémy est de voir sa commune disposer sous peu d’un terrain sportif, d’un centre culturel et d’un centre cybernétique. De plus, il souhaite le renforcement de toutes les institutions de la ville. Enfin, Il demande  aux parlementaires de penser à travailler sur un projet de loi déclarant cette zone d’attraction touristique, centre de pèlerinage national et international.

 

La Mont-Carmel attire de plus en plus de pèlerins

La fête de la Mont-Carmel, qui s’est déroulée cette année dans la lumière à Saut-d’Eau, a attiré beaucoup plus de visiteurs par rapport aux années antérieures. Des centaines de milliers de pèlerins s’y sont rendus le week-end écoulé pour participer aux activités liées à la célébration de cette patronale, qui devient plus grandiose d’année en année.

Comme à l’accoutumée, la traditionnelle fête patronale de la Mont-Carmel de Saut-d’Eau s’achève le 16 juillet avec la célébration eucharistique qui se déroule dans la paroisse de la commune pour honorer la « Vierge-Miracle ».  Le couple présidentiel a assisté à la messe en compagnie de plusieurs autorités.

L’affluence a été plus forte que d’habitude, d’autant plus que l’accès a été plus facile grâce à une route toute neuve en voie d’achèvement. La capacité d’accueil de la commune  n’y a pas répondu. En dehors de ceux qui ont eu la possibilité de louer une chambre d’hôtel ou de se rendre à Mirebalais pour dormir, les visiteurs, de plus en plus nombreux à  l’approche de la fête, ont dormi partout. On a pu les remarquer sous des galeries, à l’intérieur de leur voiture, sous les arbres, par terre en pleine rue…

Implorer le secours  de la Vierge

Dès que le visiteur foule cette terre de pèlerinage, à l’entrée même de la ville, une atmosphère vaudouesque le saisit. Sous les arbres, dans les « lakou », catholiques et vaudouisants, dans un syncrétisme religieux, évoquent les saints et les ‘’lwa’’. Des bougies sont allumées au pied des arbres,  l’éternelle bouteille de « tafia » arrose les cérémonies où les cabris sont sacrifiés. Des dizaines de pèlerins s’assemblent autour de l’immense mapou, situé à l’entrée du bourg pour « implorer le secours  de la Vierge. Là, ils viennent «déposer» leurs problèmes quotidiens, disent-ils. Les pèlerins chantent en dansant, djakout en bandoulière, vêtus de chapeaux de paille, de robes Karabella et de bijoux locaux.

Une grande partie des visiteurs sont à Saut-d’Eau pour la première fois et s’empressent de découvrir le mystère de la chute d’eau. Bougies, savons, feuilles, cigarettes, allumettes, tafia, chapelets, images de saints et mouchoirs de toutes les couleurs, tout ce dont on peut avoir besoin pour entamer le pèlerinage sont étalés aux coins de la route. Tout ce qu’il faut pour manger également.

Les airs de vaudou joués un peu partout rappellent aux visiteurs qu’ils sont là pour se familiariser avec leur culture qui, selon plus d’un, est en voie de disparition. Ce qui n’empêche pas aux autres activités comme les animations musicales des chars de DJ, d’attirer la grande foule. De temps en temps, la ville se trouve complètement bloquée par  le déferlement des véhicules qui arrivent et repartent. L’arrivée du cortège présidentiel, dans la soirée, n’a pas arrangé la situation.

Les pèlerins se sont défoulés, vendredi soir, dans une commune bouillonnante d’activités et complètement éclairée par un système électrique à peine établi. Entre les groupes de « rara » qui sillonnent les rues, les animations musicales de DJ et les bals des artistes invités, ils ont choisi leur lieu de détente en fonction de leurs besoins et de leurs goûts. Le groupe Racine Mapou de Azor a satisfait ses fans par de belles compositions, même en l’absence d’Azor, décédé l’année dernière.  La relève a été assurée par Wilbert Joseph, Nickel Jasmin et Belfort André, qui ont beaucoup travaillé avec le défunt. Un hommage spécial a été rendu à Azor, qui était très attaché à cette fête. C’est la première fois depuis 18 ans qu’il y est  absent.

 Le chef de l’Etat a distribué des enveloppes

Samedi à  3h 45, les pèlerins ont été ravis d’accueillir le couple présidentiel qui a visité la chute d’eau. Martelly en maillot à col blanc avec « manman lavyèj tande rèl nou » inscrit dessus, et sa femme, vêtue d’un corsage léger et bariolé ont encouragé le tourisme local. Ensuite, le président a eu un bref tête-à-tête avec les membres du corps de surveillance du ministère de l’Environnement, qui avaient la mission de réaliser une journée de reboisement aux environs de la chute d’eau. Mission réussie, la veille, le chef de l’Etat a distribué des enveloppes contenant la somme de 250 gourdes à la population, selon le témoignage de certains bénéficiaires.

Plusieurs autres autorités et membres du gouvernement, dont des sénateurs, des députés et le chef de la police nationale, Mario Andrésol, ont fait le déplacement. Leur présence a rendu la circulation plus difficile. Ni cet embouteillage monstre ni les averses n’ont empêché à la commune de Saut-d’Eau de s’embraser durant les trois jours.

Kako, accompagné de T-Micky, a tenu un public restreint en haleine durant toute la soirée du samedi dans son habituel « Bingo Night », en dehors de la tension des rues.

Dimanche, les pèlerins ont été tellement nombreux qu’ils ont dû faire la queue pour aller vers la chute. Chacun y est allé pour une raison particulière, sinon par simple curiosité. Certains en ont profité pour prier, chanter ou se baigner à tue-tête, tandis que d’autres n’ont fait qu’explorer les lieux ou regarder les autres. Beaucoup d’étrangers ont également été de la partie.

Dimanche soir, ils ont eu pendant toute la soirée, sur le vaste terrain aménagé pour les recevoir: Boukman Eksperyans, T-Micky, Koudjay et Ram. Plus d’un croit que « la fête patronale la plus populaire du pays » n’a jamais été aussi grandiose que cette année.  Lundi matin de bonne heure, sans même assister à la messe traditionnelle, la majorité des visiteurs se sont empressés de rentrer à Port-au-Prince avec la même affluence qu’à l’aller.

Le danger est toujours présent

Suite au mouvement du sol survenu le 6 juin dernier à Kicroix, plus d’un s’est interrogé sur l’origine de ce phénomène et sur l’attitude à adopter par les habitants de cette localité. Une délégation du bureau des Mines et de l’Energie, à la demande de la direction de la Protection civile du ministère de l’Intérieur s’est rendue mardi 12 juin sur le site en question en vue de faire des observations de terrain. Claude Prépetit, Hermin Jean-Louis, Marceau Jean-Baptiste et Daniel Saint-Louis ont élaboré un rapport de circonstance.
 
La zone affectée par le mouvement de terrain est localisée à Bongars, environ 5 km au sud-ouest de Kenscoff, à la deuxième section communale de Kenscoff. Le rapport révèle que les localités touchées par le mouvement sont Kicroix, Boucambour et Saint-Antoine. L’accès se fait par la route en terre battue qui mène au Montcel. La zone en question n’est pas accessible directement par les véhicules, il faut s’y rendre à pied.
 
Dans la zone affectée par le glissement, les experts disent remarquer des calcaires broyés de l’eocène qui sont recouverts par des sols latéritiques de couleur rougeâtre de 1 à 2 m d’épaisseur (même plus). Ces derniers sont très sensibles à l’eau et peuvent être lessivés facilement par des eaux de ruissellement, ce qui est susceptible de créer des coulées boueuses, rapportent-ils.

 « Dans ces types de mouvements de terrain, poursuit le rapport, il y a lieu de considérer les facteurs naturels et les facteurs de déclenchement. Parmi les facteurs naturels, il y a lieu de signaler surtout : la topographie, la géologie et l’hydrologie. La zone où a lieu le glissement – est très escarpée (40 % de pente), la géologie est caractérisée par des sols latéritiques rouges peu épais reposant sur des calcaires très fracturés et broyés.

Le facteur de déclenchement est bien sûr la pluviométrie. De mars à mi-mai, il a beaucoup plu dans la zone. L’eau s’est accumulée dans les sols latéritiques très sensibles et il s’en est suivi un mouvement gravitaire.

De plus, la zone touchée par le glissement est située à 25 km à l’est de l’épicentre du séisme du 12 janvier 2010. Elle a été fortement secouée par ce séisme. Il est probable que de telles secousses aient pu réactiver ces anciens glissements qui se sont manifestés pendant la période de fortes pluies. »

 Impact du glissement

D’après les informations recueillies sur place par les experts, les maisons de 10 familles ont été endommagées par le glissement. Des routes ont disparu et beaucoup de jardins de maïs, de choux, de pois, de carottes, etc. sont perdus. Il n’y a pas eu de pertes en vies humaines. L’environnement de la zone est aussi perturbé. Une évaluation exhaustive des pertes est en train d’être finalisée par le Casec de la zone.

 Recommandations des géologues

Les zones de fissures observées en amont du point à partir duquel a lieu le glissement et sur lesquelles se trouvent encore des maisons, sont à évacuer. Nous sommes en plein dans la saison pluvieuse, il faut s’attendre à une amplification du phénomène dans les mois à venir. Il est important d’établir un cordon de sécurité autour de la zone et d’interdire toute nouvelle construction dans les localités de Kicroix et de Saint-Antoine jusqu’à ce que le mouvement soit stabilisé et mieux identifié. Les fissures observées doivent être surveillées régulièrement jusqu’à la fin de la saison pluvieuse et une campagne de géophysique serait intéressante à mener dans la zone pour évaluer la profondeur de la surface de rupture. A cet effet, le BME pourrait se faire assister par l’ IMSRN, moyennant que des fonds soient trouvés pour une telle étude.

 
Source: Rapport sur le glissement de terrain survenu à Kenscoff/Bongars, élaboré le 12 juin 2012, par l’ingénieur géologue Claude Prépetit.

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