Fabienne Colas veut raviver le cinéma haïtien

Fabienne Colas voudrait voir l’image du cinéma haïtien se rehausser et elle s’y attèle fougueusement. Lors de la présentation de son film  » Minuit  » le 23 avril, l’actrice de Barikad s’est ouverte à son public. Elle a dévoilé son angoisse liée à la réalisation et la présentation de ce premier film et son désir de continuer dans cette lancée.

  » Quand j’ai pris connaissance de tous les problèmes auxquels est confronté le cinéma haïtien, je sentais que je ne pouvais pas rester les bras croisés « , a déclaré l’actrice haïtienne devenue productrice et réalisatrice au Canada. Fabienne était visiblement très contente de voir autant de compatriotes haïtiens répondre à son invitation.

 En effet, sa grande tournée aux Etats-Unis, du 23 avril au 1er mai 2016, a débuté à Brooklyn College et c’est une salle remplie comme un œuf qui a assisté à la diffusion de  » Minuit  » : 100 minutes d’intrigues, d’émerveillements et de fous rires. Le film expose des tabous, suscite appréciation et controverses.

 Le public n’a pas caché sa satisfaction par rapport à l’initiative de la nouvelle réalisatrice et sa soif de voir le cinéma haïtien se revivifier. Si Fabienne en voulait la confirmation, elle l’a certainement obtenue : on veut la voir plus souvent à l’écran, mais surtout, on veut qu’elle soit plus souvent derrière les plateaux de réalisation.

 Durant la chaleureuse et divertissante discussion qui a suivi la diffusion du film, la réalisatrice de Minuit a étalé ses actions concrètes visant à propulser le cinéma haïtien et à le faire sortir de son état déplorable actuel.  » A travers la Fondation Fabienne Colas, nous recrutons périodiquement des jeunes cinéastes haïtiens pour les aider à réaliser leurs premiers films « , a-t-elle expliqué, consciente qu’il est important de préparer la relève. Ces films sont généralement projetés aux cours des nombreux festivals de film à Montréal auxquels elle participe activement. Cette initiative aboutit souvent à d’autres opportunités pour les jeunes cinéastes.

 » Chaque année, a poursuivi Fabienne, durant les festivals d’été à Montréal, nous offrons à 10 des jeunes talents de l’unique école de cinéma en Haïti, le Ciné Institute de Jacmel, la possibilité de participer à des ateliers de travail, d’apprendre et de créer aux côtés de cinéastes expérimentés « . La Fondation Fabienne Colas, a-t-elle dit, offre également des bourses à des jeunes talents haïtiens pour des études en cinématographie à l’étranger.

 Une artiste aux chapeaux multiples

 Primée actrice, réalisatrice, productrice et conférencière, Fabienne Colas est considérée par beaucoup aujourd’hui comme l’actrice la plus populaire du cinéma haïtien. Elle a reçu plusieurs prix, dont le Billet d’or pour la meilleure actrice en Haïti, pour le film Barikad.

 Fabienne a débuté comme mannequin. Elle a été couronnée Miss Haïti en 2000, puis a représenté Haïti dans de nombreux concours de beauté dans le monde entier. Après une carrière cinématographique très réussie en Haïti, l’actrice a décidé de faire un essai au Québec et a joué des rôles dans diverses productions québécoises.

C’est en 2008  qu’elle a réalisé et produit son premier film  » Minuit « , dans lequel elle joue également le rôle principal. Le film a été sélectionné pour le Festival du Film Haïtien de Montréal en 2008 et le Rendez-vous du cinéma québécois en 2009. Une version précédente de Minuit a été présentée en Haïti en 2009 et en 2011, au cours du Festival québécois en Haïti, mais seul un public restreint a pu assister à cette diffusion. Le film est aujourd’hui très sollicité au pays et Fabienne y promet une autre tournée pour bientôt.

 Outre ses remarquables performances dans le cinéma, Fabienne est aussi philanthrope, entrepreneure et activiste. Touchée de la situation des artistes noirs au Québec, la réalisatrice a s’est jetée corps et âme dans le soutien et la promotion de la culture noire et des films indépendants sur la scène internationale. Elle a créé la Fondation Fabienne Colas, qu’elle préside elle-même, une fondation dédiée à changer la façon dont on voit le monde à travers le cinéma, l’art et la culture.

 Elle est présidente fondatrice de nombreux festivals internationaux populaires, dont le Festival Haïti en Folie (Haïti on Fire) à Montréal, le plus grand festival multidisciplinaire en dehors d’Haïti entièrement consacré à la culture haïtienne. D’autre part, l’entrepreneure dirige Zaza production, laquelle est dédiée à l’organisation d’événements culturels, la gestion de diverses marques, la création et la gestion de sites web, et à la production de films indépendants.

 » Il a seulement fallu cinq ans à Fabienne Colas pour accomplir ici (au Québec) ce que la plupart des haïtiens auraient probablement accompli en 30 ans « , a affirmé le célèbre écrivain haïtiano-québécois, Dany Laferrière, membre de l’Académie Française. Une phrase qui dit tout sur l’excellent dynamisme de cette femme qui a reçu l’année dernière une médaille de l’Assemblée nationale du Québec, reconnaissant sa contribution dans la lutte contre le racisme et la discrimination au Québec.

La Montréalaise aux multiples chapeaux a en effet fait ses preuves dans la communauté québécoise et haïtiano-québécoise dans la prise d’initiative florissante. C’est au tour du cinéma haïtien de bénéficier de son expertise. En espérant que d’autres bras se joignent aux siens, souhaitons-lui bonne continuité.

Départ tragique de 5 membres d’une famille

Les funérailles de Myriam Lebrun, sa mère et ses trois enfants ont été chantées samedi 6 septembre, en l’église St Martha de Uniondale, à Long Island, New York. Cette famille entière a péri dans un terrible accident survenu le dimanche 24 août dernier. Un coup dur non seulement pour leurs proches, mais aussi pour toute la communauté haïtienne de New York.

Des centaines de personnes ont assisté samedi à ces émouvantes funérailles. Les parents et amis de Myriam Lebrun ont eu de la peine à croire que cinq membres de la famille sont partis d’un seul coup. Ils ont été inconsolables durant toute la cérémonie. Les cinq cercueils sont arrivés à l’église puis sont repartis, après la messe, sans avoir été ouverts. Les cadavres étaient trop abîmés.

La triste nouvelle de la mort de Mme Lebrun avec sa mère et ses trois enfants dans un accident avait bouleversé toute la communauté haïtienne de New York. Un grand nombre de compatriotes ainsi qu’un représentant du consulat haïtien à New York ont fait le déplacement pour apporter leur support à la famille endeuillée.

Myriam Lebrun, 37 ans, sa mère, 68 ans, et ses trois enfants âgés respectivement de 14, 9 et 8 ans revenaient d’une rencontre familiale à Brentwood, Long Island (New York) et rentraient chez eux à Brooklyn lorsqu’ils ont été tués au cours d’un accident. Mme Lebrun a perdu le contrôle de sa Honda Accord 1998 à environ 11 h du soir le samedi 23 août 2014 sur la State Parkway, une route réputée meurtrière à New York. La voiture a éclaté en flammes après s’être écrasée contre un arbre. La police de New York enquête encore pour savoir si l’alcool ou la vitesse sont les causes de l’accident. Cependant, les parents de Myriam Lebrun jurent qu’elle était sobre cette nuit-là.

« Elle fait la route de Brooklyn à Brentwood et remonte quatre ou cinq fois par semaine, juste pour voir sa sœur et laisser ses enfants passer du temps avec leurs cousins », ont-ils rapporté, décrivant Mme Lebrun comme une mère aimante qui prenait bien soin de ses enfants.

L’année scolaire était pourtant très prometteuse pour chacun des trois enfants de Myriam Lebrun. Marcus Jeanty, 14 ans, rentrerait au secondaire et rejoindrait l’équipe de basket-ball; Marcel Jeanty, 9 ans, pratiquait très bien le dessin, tandis que Kayla Jeanty, 8 ans, démontrait du talent pour le mannequinat.

Mme Lebrun a immigré à New York aux alentours de 1994 avec ses trois sœurs. Depuis, elle a initié sa famille dans un réseau de parents et d’immigrants haïtiens à New York.

Juste avant les funérailles de la famille Jeanty-Lebrun, l’église St Martha a aussi accueilli celles de M. Pierre Richard Antoine, 55 ans, un policier américain d’origine haïtienne, décédé également au cours d’un accident. Résident de Californie, M. Antoine était en visite chez sa mère à New York. Sa femme et ses deux enfants qui étaient aussi à bord du véhicule au moment de l’accident sont actuellement à l’hôpital.

Nous présentons nos sympathies à la famille de Myriam Lebrun, Yolande Moïse Marquis, Marcel et Keyla Jeanty, ainsi qu’à celle de M. Pierre Richard Antoine. Qu’ils reposent en paix !

En masse vers le Vatican !

Des Haïtiens vivant aux Etats-Unis et au Canada s’envolent massivement cette semaine vers le Vatican pour assister, ce samedi 22 février 2014, à la cérémonie d’élévation de monseigneur Chibly Langlois au rang de cardinal. Dès mardi, plusieurs délégations haïtiennes ont quitté l’Amérique à partir des aéroports de New York, de Boston, de Montréal, etc.

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Il fait bon à New York, ce jeudi 20 février. Les délégations haïtiennes arrivent de toute part à l’aéroport international John Fitzgerald Kennedy (JFK) pour ne pas rater le vol de 4h 45 p.m. (heure de New York) de la compagnie Alitalia, branche de Delta Airlines en Italie. L’avion devrait atterrir à Rome vers 7 heures  du matin (heure de l’Italie) le lendemain. Soit huit heures et demie de vol, plus le décalage horaire.

Il est trois heures passées. Dans la salle d’attente du terminal 1 de l’aéroport JFK, les membres de la délégation des parents du cardinal arrivent l’un après l’autre, échangent des salutations, avant d’aller se faire enregistrer auprès des agents de la compagnie aérienne.

Les cousins, les cousines, les tantes, les oncles, les neveux et les nièces du premier cardinal haïtien sont tous très excités à l’idée de se rendre au Vatican. Dans son manteau couleur rouge vive, la tante de 96 ans du cardinal Chibly Langlois, Lucie B. Moïse, est visiblement très heureuse de réaliser ce voyage et de pouvoir, par la même occasion, revoir plusieurs de ses neveux et nièces qui arrivent du New Jersey, du Connecticut, de Bronx, etc. Elle-même vit à Manhattan et dit qu’elle ne pouvait pas manquer l’occasion d’assister à l’élévation de son neveu au rang de cardinal.

Pour sa part, Jude Augustin, cousin du cardinal, se dit être sous le choc depuis la nomination de monseigneur Langlois par le pape François. « Notre oncle Gaston Franck lui disait toujours qu’il deviendrait cardinal un jour. Donc, lorsque la nouvelle est arrivée, nous avons tous été très émus de constater que notre oncle disait vrai…», se souvient le secrétaire de la Fraternité Valléenne de New York, une organisation d’Haïtiens originaires de La Vallée de Jacmel évoluant à New York depuis près de 40 ans.

« J’ai été la première à apprendre la nouvelle sur BBC vers 8 heures du matin le 12 janvier alors que monseigneur Langlois ne l’a appris que vers 2 heures de l’après-midi, se félicite Mimose Courtois, l’air triomphant. La cousine par alliance du cardinal croit que cette nouvelle a un peu soulagé la peine de tous les Haïtiens, principalement cette peine liée à la célébration du quatrième anniversaire du séisme de 2010. Elle en remercie Dieu.

C’est manifestement une expérience extraordinaire et une occasion à ne pas manquer pour tous les parents du cardinal. Ils sont plus d’une vingtaine à arriver à l’aéroport, ce jeudi. Et ils ne sont pas les seuls. Des amis de la famille Langlois ainsi que d’autres délégations haïtiennes attendent le même vol. Plusieurs prêtres haïtiens vivant aux Etats-Unis sont également de la partie.

Il faut souligner aussi que, la veille, une délégation de huit personnes ayant à sa tête le prêtre Penn Churchill de l’église Saint-Charles de Bridgeport (Connecticut) a pris le vol de 10 h p.m. à l’aéroport JFK. Cette délégation était composée de quelques membres de l’église de Bridgeport et de celle de Queens, dont Marie Calixte Labbé, présidente de la Fraternité Valléenne de New York et Victoire Legerme, présidente de la Fraternité Valléenne de Connecticut. Le cardinal lui-même étant originaire de La Vallée de Jacmel, il est évident que beaucoup de Valléens ont tenu à faire le déplacement.

« Quand la nouvelle a été annoncée au sein de notre église, je me suis dit que cette occasion ne se présenterait pas deux fois et qu’il n’était pas question de la rater, s’exclame Margareth Milien, qui a dû annuler tous ses projets pour le mois de février afin de pouvoir réaliser ce voyage. Dans la voiture qui l’emmène du Connecticut à New York, mercredi sous la pluie, cette femme dans la cinquantaine, vivant aux USA depuis plus de 40 ans, confie n’avoir jamais été aussi excitée de toute sa vie, malgré sa peur de l’avion.

Le même jour, une délégation  de 11 personnes avaient quitté l’aéroport de Boston à 9 h p.m., tandis qu’une autre devait quitter Montréal le lendemain.

Bien entendu, d’autres délégations arrivaient également d’Haïti. De plus, plusieurs autres compatriotes se rendent au Vatican de manière individuelle.

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Mobilisation continue contre l’introduction du choléra en Haïti

Le Collectif Solidarité veut continuer sa lutte jusqu’à obtenir justice et réparation pour les victimes du choléra en Haïti. Ce mouvement tend à mobiliser non seulement la diaspora, mais aussi tous les Haïtiens vivant en Haïti.

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La marche de jeudi est un premier pas dans la mobilisation continue que veut enclencher le Collectif Solidarité avec les victimes du choléra en Haïti. « Nous allons continuer à organiser ce genre de manifestation et bien plus que cela. Nous voulons non seulement justice et réparation pour les victimes, mais aussi pour le pays en général », indique le docteur Figaro, porte-parole du collectif.

« Nos sources et nos rivières sont actuellement empoisonnées, poursuit le docteur Figaro. Nous réclamons donc un système national d’eau potable dans le pays, de l’assainissement, des actions concrètes dans le secteur de l’éducation et la construction d’hôpitaux. Tout cela dans le cadre du plan de l’éradication de la maladie dans le pays ». Le médecin haïtien vivant à Boston réclame des mesures intensives de prévention contre le choléra en Haïti. Selon lui, les Nations unies ont une « responsabilité criminelle » dans la mort des milliers de compatriots.

Notons que dans un document acheminé au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, ainsi qu’au Premier ministre haïtien, Laurent Lamothe, le collectif demande clairement à l’ONU de présenter des excuses publiques au peuple haïtien, de dédommager les victimes de la maladie ainsi que les familles de ceux qui en ont péri, respectivement à hauteur de 50 000 et de 100 000 dollars américains.

Durant le sit-in de jeudi, les manifestants sont venus de partout à travers les Etats-Unis et le Canada pour se solidariser avec le collectif. Près d’une centaine d’entre eux s’était encore rassemblée sur une petite place entre la 2e avenue et la 47e rue, à Manhattan, vers quatre heures de l’après-midi, lorsque les organisateurs prononçaient leurs discours de circonstance. « Le plus important, ce n’est pas le nombre de participants, mais la portée symbolique de l’évènement », estime un participant, soulignant que l’initiative en vaut vraiment la peine.

« Nous devons leur montrer que nous pouvons nous unir devant une cause commune, a lancé une participante, d’une voix ferme. Ce ne sera pas le travail d’une journée, mais nous devons lutter tous ensemble pour éradiquer cette maladie… ».

Les responsables disent avoir comptabilisé près de 250 participants tout au cours de la marche. Visiblement, la plupart des participants étaient des personnes âgées et d’aucun pense que le collectif doit sensibiliser plus de jeunes. L’évènement a bénéficié d’une bonne couverture médiatique de la presse international.

Plusieurs ex-hommes d’Etat et hommes politiques ont supporté le mouvement. Pour l’ex- maire de Carrefour, Yvon Jérôme, appuyer cette initiative est un devoir citoyen. « L’ONU doit désormais réviser la forme de coopération et de mission qu’elle offre à Haïti par rapport à ses besoins de l’heure, dit-il. Aujourd’hui nous avons besoin de plus de ressources humaines en matière d’ingénierie, de santé et d’éducation plus que des bras armés ».

A certains moments, des participants ont voulu « politiser » la manifestation en criant « A bas le gouvernement », ce que les responsables du collectif ont formellement interdit. « C’est une occasion de nous unir, ont prôné les différents intervenants. Pour une fois, nous voulons laisser la politique de côté afin de plaider pour une noble cause et non pour nous battre avec nos propres frères ».

« Un petit pas devant l’ONU, un grand pas pour les victimes »

Les organisateurs sont sortis satisfaits du déroulement de la marche de jeudi et de son premier impact. « La mobilisation du collectif au cours des dernières semaines a porté ses fruits et a fait fléchir le gouvernement haïtien. Le Premier ministre Laurent Lamothe a dû reporter son intervention de 3 h à 6 h 30 afin de réviser son discours en y incluant quelques lignes sur le choléra, ce qui n’était pas prévu dans un premier temps », lit-on dans un communiqué du collectif, dénonçant du même coup « la légèreté, la vacuité et l’opportunisme avec lesquels le gouvernement haïtien gère le dossier du choléra aux conséquences si tragiques sur la vie et la santé de la population haïtienne ».

Le collectif estime que le Premier ministre Laurent Lamothe a manqué de courage et de sens des responsabilités. « Il n’a pas profité de la tribune de l’Assemblée générale pour demander officiellement le 26 septembre que l’ONU reconnaisse enfin publiquement son entière responsabilité dans l’introduction du choléra en Haïti. Nous disons que les déclarations générales ne suffisent plus, il nous faut des actions concrètes de la part du gouvernement haïtien et de l’ONU, plus de fermeté et de constance dans les efforts d’éradication du choléra du territoire haïtien ».

Des mobilisations similaires sont prévues pour le mois d’octobre qui marque le 3e anniversaire de l’introduction de la maladie en Haïti. Ces mêmes mouvements de protestation seront aussi organisés en Haïti pour pousser les officiels haïtiens à prendre une position ferme sur cette question.

 
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Ils passent la nuit devant l’ambassade, rêvent de vivre au Brésil

Depuis que l’ambassadeur du Brésil, José Luiz Machado Costa, a annoncé, en mai, qu’il n’y avait plus de restriction sur le nombre de visas permanents à délivrer aux Haïtiens désireux d’immigrer sur son territoire, les longues files devant le consulat brésilien à Pétion-Ville deviennent permanentes.

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Midi. Un brouhaha à l’angle des rues Clerveaux et Darguin attire l’attention de tous les passants. Sous un soleil de plomb, des dizaines de compatriotes sont rassemblés devant l’Hexagone, l’élégant immeuble hébergeant l’ambassade du Brésil à Pétion-Ville. Tous sont en quête d’un visa permanent.

Ce mercredi 4 septembre, une quinzaine de personnes ayant réussi à prendre rendez-vous par téléphone ont pu franchir la porte d’entrée de l’ambassade dès huit heures trente du matin. Les autres requérants forment une longue file qui s’embrouille et se reforme de temps en temps en attendant que le consul leur fasse grâce comme cela arrive quelquefois. Des affiches collées au mur indiquent pourtant que seules les personnes ayant pris rendez-vous par téléphone seront admises à l’intérieur du consulat. On invoque le désordre provoqué à l’entrée par certains appliquants…

Beaucoup téléphonent pourtant à maintes reprises au numéro indiqué pour la prise de rendez-vous. Sans succès. « Il paraît que le centre d’appel de l’ambassade reçoit 13 000 appels par jour, ce qui perturbe la ligne », chuchote un requérant, une enveloppe brune à la main contenant tous ses documents officiels.

Valise, cartable ou parasol sur la tête pour se protéger des rayons du soleil, les demandeurs de visa sont aujourd’hui en rage contre les responsables du consulat qui, selon eux, les méprisent. Les agents de sécurité disent avoir reçu l’ordre de ne laisser entrer personne, pas même un journaliste… Ils réclament que tout le monde fasse la queue, une exigence qu’ignorent les plus têtus qui n’hésitent pas à encombrer le passage. Un jeune homme en fureur jure que si le consul décide de faire entrer quelques requérants sans rendez-vous, il sera le premier à foncer à l’intérieur sans faire la queue.

C’est que les gens ont soif de ce visa de cinq ans qui leur permettrait d’étudier et de travailler légalement dans le plus grand pays d’Amérique du Sud. Certains viennent passer la journée et même la nuit à la rue Clerveaux depuis plusieurs semaines, en vain. « Le pays ne m’offre rien, j’aimerais aller voir ce qu’il y a ailleurs, scande une jeune fille dans la vingtaine. J’ai un voisin qui est parti récemment pour le Brésil, il travaille déjà et envoie de l’argent à sa famille ».

Si certains sont vraiment confiants qu’une vie meilleure les attend au Brésil, d’autres veulent tout simplement faire l’expérience de vivre dans un autre pays. « J’aimerais connaître le Brésil, voir la Coupe du monde de 2014, mais je ne peux pas me procurer un visa de touriste, confie un homme de 32 ans. Alors, je suis venu ici voir si je peux avoir un visa permanent ». Si les choses vont bien au Brésil, ce dernier pourrait peut-être y rester définitivement, mais pour le moment il veut seulement visiter, dit-il. « Je ne suis pas encore prêt à quitter mon pays pour aller vivre ailleurs, mais ça vaut la peine d’avoir ce visa, car on ne sait pas comment seront les choses à l’avenir », affirme ce technicien de la Croix-Rouge haïtienne.

« Il y a des gens ici qui n’ont même pas un passeport, commente un agent de sécurité. De plus, certains ont obtenu le visa depuis des lustres, mais ne peuvent même pas se payer le billet d’avion ». Un demandeur rétorque, tout de go: « J’aurais préféré vendre tout ce que j’ai et rester tout nu juste pour acheter le billet. »

Trois heures de l’après midi. Le soleil frappe moins dur. L’ombre de l’immeuble Hexagone remplit toute la rue Clerveaux. Les apparitions et disparitions du consul au seuil de la porte d’entrée redonnent de l’espoir. Les gens sont déterminés à attendre jusqu’au bout. « Celui qui persévèrera jusqu’à la fin sera sauvé », entend-on de la bouche d’une dame.

Certains essayent de cacher la nouvelle, mais elle se répand comme une traînée de poudre: « Hier soir, le consul a reçu les 17 personnes qui sont restées devant le consulat jusqu’à huit heures 30 du soir ». On pressent déjà que ce soir, beaucoup plus de gens vont y passer la nuit…

Huit heures 30 du soir. Le cortège présidentiel vient de passer à la rue Clerveaux, totalement éclairée par les projecteurs des entreprises de la place. La porte de l’ambassade est fermée, mais la plupart des demandeurs sont encore là, entassés sur l’escalier d’entrée de l’Hexagone, assis sur les trottoirs ou éparpillés dans tous les coins de la rue pour discuter fraternellement. Jusque là, personne n’a été servi.

« C’est un manque de respect !, hurle un jeune homme. C’est le consul qui encourage les gens à dormir ici par le fait qu’il en reçoit à 8 heures du soir. »

« Je viens ici depuis au moins 15 jours et j’y ai déjà dormi deux fois pour pouvoir être en tête de ligne le lendemain matin. Hier soir, j’étais la 18e personne et à peine me suis-je déplacée que le consul a fait grâce aux 17 qui étaient devant moi », poursuit ce jeune homme, s’estimant malchanceux.

10 heures du soir, les projecteurs sont éteints. Plusieurs requérants finissent par désister. Mais la plupart sont encore là, tenaces, déterminés à y passer la nuit… et à rêver de leur vie au Brésil, un jour…

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10 heures du soir, la plupart des requérants sont encore là, tenaces, déterminés à y passer la nuit…

Le consulat dominicain en panne de visa

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Il est trois heures de l’après midi, des dizaines de compatriotes haïtiens se sont rassemblé devant le consulat général de la République dominicaine, à Pétion-Ville. Les rayons du soleil se sont heureusement atténués en ce lundi 19 août par un temps nuageux qui annonce la pluie. Dans une longue file mal formée, sur le trottoir de la rue Panaméricaine, ces demandeurs de visa se bousculent les uns les autres comme devant les bureaux haïtiens de service public.

Ils sont pour la plupart des étudiants ou de futurs étudiants, des commerçants ou de simples visiteurs, désireux d’aller chez le voisin pour un long ou un court séjour. « Nous sommes là depuis quatre heures du matin, ces gens viennent tout juste d’arriver, ils ne peuvent pas passer avant nous », lance nerveusement une jeune femme en sueur, pendant qu’un agent de sécurité et un policier essayent de rétablir l’ordre. Entre-temps, des « racketteurs » profitent de ce brouhaha pour essayer de gagner leur pain auprès des intéressés en leur promettant de les faire passer plus rapidement.

Un peu plus tard, des responsables informent que seul le visa d’une année est disponible au prix de 225 $US et que c’est le requérant lui-même qui doit se présenter au consulat avec son passeport. Toutes les personnes « en règle » sont finalement admises à entrer à l’intérieur du consulat pour déposer leur passeport et revenir les récupérer le lendemain. « Lorsque j’aurai enfin ce visa, je ferai le signe de la croix », s’exclame un jeune homme dans la vingtaine qui dit s’être présenté au consulat plusieurs fois déjà, en vain.

« J’habite Carrefour, mais hier soir j’ai été obligée de dormir chez mon frère à Torcelles pour pouvoir arriver ici à quatre heures et demie du matin », explique une dame dans la quarantaine, heureuse que son fils de 20 ans ait pu entrer à l’intérieur du consulat. Ça fait déjà huit jours que je viens ici et m’entendre dire de revenir parce qu’il n’y a pas de visa. Quand on est dans le besoin, il faut accepter de faire des sacrifices. »

Cette dame veut à tout prix permettre à son jeune fils d’aller passer quelques mois en République dominicaine afin d’apprendre l’espagnol avant de partir pour le Mexique dans le cadre d’une bourse d’études en médecine. « Si je n’étais pas tenace, aujourd’hui encore je serais repartie sans visa », ajoute-t-elle triomphante.

Comme cette dame, chacun semble avoir une raison importante de faire la queue, bien qu’on se plaigne de devoir affronter toutes ces misères pour un simple visa dominicain. Certains en arrivent même à lier ce problème aux récentes crises qui divisent les deux pays.

Le visa dominicain a toujours été à meilleur marché dans certaines agences. Dans tous les coins de la capitale, des affiches indiquent qu’on peut l’avoir à 180, 170 et parfois 160 dollars américains. Cependant, un petit tour dans quelques-unes d’entre elles nous a permis de confirmer que le visa dominicain est devenu plus rare ces jours-ci.

Festival de la mer, se la pou w te la !

 « Gardons nos plages propres », c’est sur ce thème que s’est déroulée, du 9 au 11 août 2013, la deuxième édition du Festival de la mer au Cap-Haïtien. Cette initiative du bureau régional du ministère du Tourisme a mobilisé des milliers de festivaliers à la découverte des potentialités touristiques de cette ville historique.

 

Il fait une chaleur torride au Cap-Haïtien. Les avions régionaux atterrissent sur la piste de l’aéroport Hugo Chavez à un rythme plus accéléré que d’habitude. Des Haïtiens et des étrangers venus de Port-au-Prince et de la diaspora débarquent heureux dans la ville du roi Henry Christophe. Une délégation d’officiels et d’investisseurs des îles Turks-et-Caïcos y est également accueillie par la ministre du Tourisme Stéphanie Balmir Villedrouin, elle-même venue lancer l’évènement.

Le Festival de la mer démarre, vendredi 9 août, avec des rencontres et des excursions. Tout autour de l’aéroport, des affiches et des banderoles annoncent son déroulement et les différentes activités associées. La ville est en plein mouvement. Heureusement, sa capacité d’accueil est énorme grâce à ses nombreux hôtels, la plupart déjà bien remplis. Les visiteurs sont assoiffés de plaisir. Des visites guidées, notamment au Parc national historique et à la citadelle leur permettent de découvrir le potentiel touristique de la région. Ils ont eu aussi l’occasion d’apprécier les talents culinaires des Capois, en sillonnant les multiples restaurants de la ville.

Le soir, le centre-ville est entièrement agité par des défilés et des animations musicales diverses. La population est au rendez-vous. A la rue 24, une énorme estrade installée pour l’occasion accueille les artistes invités. Sur un stand juxtaposé, les officiels et les invités spéciaux se défoulent sans restriction. Des artistes d’origine capoise, comme Daniel Larivière, Tonton Bicha, Miss monde, etc., sont honorés par la ministre du Tourisme qui a remis à chacun d’eux une plaque d’Honneur et Mérite. De nombreux show de danses sont offerts par des artistes de la région, mais c’est T-Micky qui aura conquis la grande foule avec ses prestations pimentées.

La journée du samedi est marquée par des conférences visant à sensibiliser la population à préserver les fonds marins et à garder les plages propres. Elle est clôturée par le « boulevard bistrot », une activité qui consiste à faire vivre l’expérience de la gastronomie des gens du Nord, à ciel ouvert, avec l’animation musicale du groupe « The Best ». De son côté, le groupe Klass offre un bal payant au « Feu-vert » à qui veut le voir jouer. Ils sont nombreux à faire la queue pour se procurer le billet d’entrée et le bal connaîtra un grand succès en dépit de la chaleur étouffante.

Les activités se poursuivent ainsi jusqu’au dimanche, jour du « Plezi lanmè », à Camp-Louise, avec l’animation de DJ Tony Mix. Le festival est clôturé lundi matin sur le boulevard du Cap-Haïtien par le groupe musical Anbyans.

Des agents de la PNH et de la Minustah, ainsi que des brigadiers de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile ont été présents durant les trois jours et aucun incident majeur n’a été signalé.

La population a participé massivement à toutes les activités et, manifestement, elle en voulait beaucoup plus que ce qu’elle a eu.

Le ministère du Tourisme veut donner un leadership à ses directions départementales afin qu’elles puissent créer des évènements culturels et touristiques partout dans le pays. « Il faut chercher à chaque moment l’opportunité d’attirer les touristes », estime Stéphanie Balmir Villedrouin, pour qui un tel évènement aura certainement des retombées économiques pour la destination. Le secteur privé du Cap s’est d’ailleurs beaucoup impliqué dans la réalisation de l’évènement.

Le Festival de la mer a toutes les chances d’être pérennisé dans le Nord et de poursuivre son objectif qui est de mettre en évidence à chaque fois l’une des plages de la région.

En dépit de certaines failles organisationnelles, cette réalisation a effectivement permis à plus d’un de se rendre compte que les touristes peuvent toujours continuer à visiter le Nord même en dehors d’un évènement particulier, et qu’ils ne seront pas déçus. D’autant plus que la semaine prochaine, ce sera la fête patronale du Cap-Haïtien et que d’autres activités intéressantes sont prévues pour le bonheur de tous ceux qui feront le déplacement.

Un souffle d’espoir pour les agriculteurs de Lhomond

A Lhomond, une localité de Miragoâne, le secteur agricole est confronté à tout un ensemble de difficultés qui paralysent son développement. Les jardins et les espaces agricoles dépérissent. La sécheresse y bat son plein. La détresse et le découragement se lisent tout naturellement sur le visage des paysans, lesquels sont pourtant animés du désir de travailler la terre malgré que cette activité devienne de moins en moins rentable.

L’une de leurs principales préoccupations, le non-fonctionnement de la pompe d’irrigation installée dans la section communale depuis quatre ans. L’eau et les canaux sont pourtant là, mais l’appareil n’a jamais pu fonctionner depuis son installation, selon les habitants de la zone qui assimilent cette panne à des problèmes de réglage ou à une mauvaise installation. Cette machine devait pourtant servir à améliorer leurs conditions de travail…

 « Certes, nous n’avons pas participé activement à la mise en place de cette pompe, mais nous l’avons accueillie avec beaucoup de plaisir, pensant qu’elle allait soulager les paysans. C’est vraiment pénible de constater qu’elle n’est pas fonctionnelle », indique Alfred Etienne, président de la Fondation pour le développement économique et social (FODES-5), une organisation très réputée dans la commune de Miragoâne pour ses interventions dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture.

C’est à l’invitation de cette association que le secrétaire d’Etat à la relance agricole, Joseph Vernet, a effectué une visite à Lhomond le week-end dernier afin de rencontrer les paysans et d’évaluer la situation. Au cours de cette rencontre, les besoins les plus urgents ont été exprimés par la population : difficultés pour trouver des semences de bonne qualité et problème de main-d’oeuvre, entre autres. « De nos jours, les jeunes négligent l’agriculture au profit des taxis-motos », explique un agriculteur.

 Après avoir pris connaissance des doléances, le représentant du ministère de l’Agriculture a promis de dépêcher sur place une équipe de techniciens. « Ils pourront faire un meilleur diagnostic de la situation afin de trouver des solutions durables », affirme-t-il, soulignant que le problème n’est pas seulement d’ordre mécanique, mais aussi d’ordre organisationnel. C’est pourquoi le responsable s’engage à établir tout un programme d’accompagnement technique, technologique et social dans cette communauté.

 En ce qui concerne la pompe et tout le système d’irrigation établi dans la région, M. Vernet promet de donner suite à l’entretien par la formation de gens pouvant assurer le suivi. En outre, même réparé, ce système ne pourra irriguer qu’un quart des terres disponibles dans la section communale. Une extension est donc indispensable.

 Le secrétaire d’Etat a parlé de la mécanisation du secteur agricole pour un retour à la terre et une meilleure production agricole dans la zone. Selon lui, les potentialités sont là, il suffit de mieux les valoriser. « Il faut un encadrement des paysans et une orientation vers des marchés où ils pourront écouler leurs produits », indique M. Vernet. D’après lui, les paysans pourront ainsi sortir définitivement de « l’agriculture de subsistance » pour passer à « une agriculture tout à fait rentable ».

Heureusement, conviennent-ils tous, les routes sont en bon état et la zone est déjà bien désenclavée. En conséquence, les résultats économiques sont quasiment garantis. Les paysans de Lhomond sont donc dans l’attente des premières actions concrètes…

Un spectacle de danse envoûtant à l’hôtel Oloffson

Au terme de son traditionnel séminaire de danse, Jean Apollon Expressions (JAE) a offert vendredi dernier un spectacle envoûtant dans la cour de l’hôtel Oloffson. Professeur dans plusieurs universités américaines, Jean Apollon organise depuis 2006 cette activité en Haïti afin de remercier sa terre natale qui lui a permis d’accéder à ce sommet.
 
 
Dès 6 heures 30 du soir, la cour de l’hôtel Oloffson accueille les premiers arrivants dans son cadre mystique habituel. Le show est introduit par un discours de Mme Emerante de Pradines, radieuse dans sa robe bleu argent et ses souliers de la même couleur, le tout allant avec ses cheveux couleur cendre. Celle-ci partage les souvenirs de ses débuts dans la danse avec un public ému, constitué principalement d’acteurs des secteurs culturel et vaudou, comme Vivianne Gauthier, Michèle D. Pierre-Louis, Hérold Josué, etc.
 
 
Peu après, une première troupe de jeunes tout de blanc vêtus fait son entrée pour offrir aux spectateurs une prestation d’inspiration vaudoue formidable. Ils continuent ainsi dans des chorégraphies différentes l’une de l’autre. Les participants s’impliquent au fur et à mesure que la troupe diversifie ses prestations de danse, entrecoupées de textes et de chants engagés. Les danseurs s’oublient complètement pour faire le bonheur du public. Ils s’étalent et se replient dans des mouvements semblables à du yoga, du karaté ou simplement du ballet. Ce qu’ils font est, en fait, un mélange de tout ça, un mélange de danses modernes et de folklore.
 
A certains moments, leurs déhanchements endiablés sur un rythme de tambour coupent le souffle. C’est l’émerveillement au sein de l’assistance qui, très vite, se laisse envoûter. Les assistants ne manquent pas d’exprimer leur satisfaction et se disent impatients de revivre une scène pareille… l’année prochaine.
 
 
 
La danse comme thérapie
 
C’est en moins d’un mois que Jean Apollon et ses danseurs ont pu préparer ce spectacle impressionnant, grâce à des séances de répétition assidues. Tout au cours du séminaire, ces jeunes ont eu l’occasion d’apprendre des techniques de danse propres à JAE. « Le yoga que nous avons commencé à pratiquer est une méditation assez bénéfique pour leur physique, fait remarquer Jean Apollon qui, cependant, met l’accent sur le folklore. Le yoga les aide à mieux respirer en vue de combattre le stress découlant des circonstances parfois pénibles vécues en Haïti. »
 
« J’aimerais apprendre aux jeunes à apprécier leur propre culture, car il est incompréhensible que notre danse traditionnelle soit adoptée et travaillée par des étrangers, alors que nous la négligeons », indique le danseur professionnel qui donne des séminaires un peu partout dans le monde.
 
 
 
Depuis 2006, Jean Apollon organise ce spectacle de danse chaque été. Cette activité constitue, selon lui, une véritable thérapie pour ces jeunes, la plupart du temps livrés à eux-mêmes, comme ça a été le cas pour lui autrefois. « La danse a toujours été pour moi une guérison lors des moments tragiques », confie le résident de Boston, qui a vu son père mourir brulé vif et sa maison partir en fumée, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide. Ne pouvant disposer d’un psychologue pour l’aider à panser ce choc émotionnel, son seul recours était la danse. C’est pourquoi le chorégraphe pense pouvoir aider aujourd’hui des jeunes à se soigner de ce qu’il appelle « la fracture mentale » provoquée, entre autres, par le séisme de 2010.
 
Recrutés gratuitement sur la seule base de leur motivation et de leur aptitude pour la danse, les jeunes ont manifesté beaucoup d’intérêt pour ce séminaire qui a été pour eux un espace d’éducation et de discipline à tous les niveaux. Au terme de l’événement, environ une quarantaine d’entre eux ont reçu chacun un certificat.
 
 
 
« C’est nécessaire de former des jeunes qui peuvent aller représenter Haïti dans des cadres exceptionnels à l’étranger », estime M. Apollon, qui met du coeur et beaucoup de ressources dans ce projet. Une initiative qu’il réalise avec ses propres moyens et le support de quelques particuliers. « Mon plus grand rêve est de voir d’autres partenaires se joindre à moi afin que l’on puisse toucher beaucoup plus de jeunes, dit-il, pendant que les jeunes danseurs répètent leur numéro. J’aimerais que ces cours soient disponibles toute l’année. Un jour peut-être, ces poulains pourront nous représenter partout dans le monde ! »