Nouvel incendie dans un camp d’hébergement

Boliman Brandt, situé entre Delmas 2 et Delmas 4, vient s’ajouter à la liste des camps d’hébergement incendiés au cours de ces dix-huit derniers mois par des mains invisibles.
 
 
Il est deux heures de l’après-midi, une atmosphère funèbre règne au camp d’hébergement Boliman Brandt. Des enfants jouent parmi l’insalubrité, tout en respirant un air malodorant, dans les couloirs de cet espace devenu une cité façonnée de tentes en bâches et en tôles. Des adultes font passer le temps en jouant aux dominos. D’autres continuent de vaquer tranquillement à leur train-train quotidien, en dépit des rayons perçants du soleil et de la chaleur de l’été qui, joint à la poussière et la fumée, rendent cet endroit pratiquement invivable.
 
Un peu à l’arrière, plusieurs citoyens se sont regroupés autour de quelques petites flammes encore vivantes suite à l’incendie qui s’est déclaré vers deux heures dans la matinée du mercredi 24 juillet 2013. Plusieurs dizaines de tentes ont étés consumées par le feu dans ce périmètre. Il n’en reste plus que les débris de tôle, la cendre des planches et la noirceur des objets brûlés, que certains citoyens tentent encore de récupérer.
 
 
« Le feu a été mis dans les toilettes, puis s’est propagé de tente en tente, explique Laurent Sylssa, l’un des responsables du camp. On aurait pu le circonscrire dès le début, mais il n’y avait pas d’eau. » Personne ne sait ce qui a provoqué le feu, comme d’habitude. Les suspicions fusent de toute part. Des agents de police et de pompiers sont arrivés sur les lieux un peu après l’incendie et, de concert avec la population, ils ont pu éviter le pire.
 
Quelques agents de la Minustha ont également sillonné les environs, promettant d’apporter de l’aide, mais, en attendant le coucher du soleil, les réfugiés se questionnent et ne semblent pas savoir où ils vont passer la nuit.
 
« Ça fait déjà quelque temps que l’organisation Concern avait annoncé la relocalisation des réfugiés, après nos nombreuses manifestations, mais le processus est encore à son début et va très lentement », déplore M. Sylssa qui, de concert avec ses pairs, dit avoir frappé à toutes les portes sans trouver de réponse.
 
 
 
Boliman Brandt est probablement l’un des plus importants camps d’hébergement de la capitale avec les quelque 4 200 familles qui y vivent. Il en existe encore plusieurs autres, surtout au bas de Delmas, bien qu’il soit difficile de croire que des gens vivent encore dans ces conditions inhumaines, plus de trois ans et demi après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
 

Des lycéens américains heureux de découvrir Haïti

 

Ils sont 10 jeunes Américains à être tombés sous le charme de La Vallée de Jacmel. Au terme de leur visite d’une semaine en Haïti, ces lycéens venus de la Pennsylvanie promettent de revenir prochainement.

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« Visiblement, Haïti est un pays très pauvre, les infrastructures sont presque inexistantes, mais dès qu’on quitte la capitale, on se sent dans un environnement sain et les gens sont très hospitaliers », telle est la conclusion de David Fortin, professeur d’histoire et de société au Saint-Joseph preparatory school de Pennsylvanie, qui a conduit une délégation de dix jeunes Américains en Haïti, du 29 juin au 6 juillet 2013.

Il s’agit de 7 élèves de l’avant-dernière classe du High school Saint-Joseph, accompagnés de 3 moniteurs, qui se sont portés volontaires pour effectuer ce voyage, dans le cadre d’un programme d’échange international organisé chaque année par ledit lycée au bénéfice de ses étudiants finissants. « Notre programme n’est lié au travail d’aucune ONG ni d’organisation humanitaire, nous sommes venus directement du lycée », a averti le responsable qui a déjà conduit ce même programme dans plusieurs autres pays comme la République dominicaine, la Jamaïque et différents Etats indiens.

« L’idée était de permettre à ces adolescents de bien s’imprégner de la réalité et de la culture haïtiennes », a poursuivi monsieur Fortin, estimant qu’il ne suffit pas de se fier uniquement aux informations qui circulent dans les médias ou sur Internet.

M. Fortin a fait choix de La Vallée de Jacmel parce qu’il était déjà venu l’année dernière sur l’invitation de l’organisation Fraternité valléenne pour démarrer une classe d’anglais à l’école des Frères de l’instruction chrétienne, initiative qui a déjà porté ses fruits. Il est, depuis lors, tombé sous le charme de cette belle commune montagneuse, un peu dévastée, entre autres, par les nombreuses intempéries, le phénomène de déboisement et le séisme de janvier 2010.

Durant les 8 jours passés en Haïti, les lycéens disent avoir vécu des expériences très enrichissantes aux côtés des jeunes Valléens venus de plusieurs écoles secondaires de la région. En dépit des difficultés de communication, tous ensemble, ils ont pu participer à des séances de reboisement, dans le cadre d’un programme initié par Fraternité valléenne. « Ensuite, nous avons visité plusieurs localités et plusieurs sites touristiques dans le département du Sud-Est et nous nous sommes familiarisés avec la culture haïtienne, à travers des séances de danse, de cuisine, etc. », se réjouit l’un des lycéens, Anthony Derita, dans un créole presque correct.

Toutefois, « ce qui les a le plus frappés, c’est l’extrême pauvreté qui sévit dans le pays, visible dès qu’on s’apprête à atterrir à l’aéroport international Toussaint Louverture, souligne le professeur. Cette question les a beaucoup intrigués… les tentes qui pullulent encore dans la capitale, l’insalubrité, l’absence d’électricité, d’eau potable, etc, toutes ces choses n’existent presque pas dans de plus petits pays. »

« Si les lycéens ont été si peu nombreux, c’est parce que certains parents refusent de laisser leurs enfants aller dans un pays comme Haïti… ». Et pourtant, ceux qui ont accepté de venir s’en réjouissent. M. Fortin dit souhaiter de tout coeur que cette relation grandisse et aille beaucoup plus loin avec le temps. Déjà, les jeunes Américains se disent impatients de revenir en plus grand nombre l’année prochaine…

 

Pétion-Ville a célébré sa fête patronale pendant 15 jours

Chaque année, Pétion-Ville célèbre grandiosement sa fête patronale, la Saint-Pierre, par une série d’activités qui animent la commune durant plusieurs jours. Cette année encore, la population pétionvilloise s’est réjouie de cette fête qui a égayé toute la ville pendant trois week-ends, malgré la pluie et d’autres difficultés.
 
 
C’est par une cérémonie solennelle, le samedi 29 juin, que la Saint-Pierre a été célébrée. C’est dans une église remplie comme un oeuf que s’est déroulée la cérémonie religieuse présidée par Mgr Guire Poulard, aidé d’une dizaine de prêtres vêtus de blanc et rouge.

Le curé Sanders Louis-Jean a remercié ses nombreux confrères venus l’assister à l’occasion de cette célébration eucharistique, ainsi que les autorités civiles et policières, notamment le conseil communal et le député de Pétion-Ville, dont la présence était remarquée dans l’assistance. Ensuite, il a parlé de son rêve le plus cher qu’est la construction de la chapelle de la Médaille Miraculeuse à Berthé. Aussi chaque acheteur du livret contenant la programmation des festivités de la Saint-Pierre contribue-t-il à atteindre l’objectif.

 
15 jours de festivités intenses ont précédé la célébration officielle de la Saint-Pierre, à Pétion-Ville. Un impressionnant public a envahi les environs de la place Saint-Pierre tous les soirs, comme au carnaval. Ces quelques milliers de citoyens sont venus de partout pour assister aux diverses prestations des DJ et des groupes musicaux comme Djakout #1, Silibo, K-dans, Koudjay, Boukman eksperyans … sur l’énorme stand érigé depuis le 16 juillet à l’angle des rues Lamarre et Ogé.
 
Les prestations commencent généralement très tard la nuit, ce qui ne semble pas être dans l’intérêt des vendeurs présents dès 5 heures de l’après-midi. « Lorsque les groupes commencent à jouer plus tôt, le public aussi arrive plus tôt et reste plus longtemps, et nos produits sont mieux écoulés », estime une marchande de friture.

Manque de promotion pour la foire artisanale

Durant 8 jours, la place Saint-Pierre a accueilli une foire artisanale et gastronomique. Les diverses expositions ont enjolivé l’espace et ont fait l’honneur de la production locale. Pourtant, les exposants ne sont pas satisfaits.

 
« Les choses ne se sont pas du tout bien passées, nos produits sont restés dans leurs emballages ». Cette marchande venue de la plaine du Cul-de-sac s’est dite étonnée de constater que les Pétionvillois n’encouragent pas la production locale. Madame Raymonde est certaine que cela est dû à un manque de promotion de la part des organisateurs. « La mairie devait exposer des banderoles quelque temps à l’avance et faire de la publicité dans les médias, pense-t-elle. Les gens ne sont pas venus acheter parce qu’ils ne savaient pas qu’une foire se déroulait ici ».

Tous du même avis, les commerçants estiment qu’il ne suffit pas de faire connaître leurs produits. « Nous avons investi beaucoup d’argent pour nous présenter ici tous les jours. En plus des 3 000 gourdes versées pour l’inscription, nous devons chaque jour transporter les marchandises, à nos propres frais », explique madame Guerrier, une productrice de liqueur à base de fruits.

La pluie joue au trouble-fête

Pour la section de la restauration, les choses sont un peu différentes. « De toute façon, les gens doivent toujours se restaurer pendant un tel défoulement », reconnaît Etienne, pour qui les choses n’ont pas pour autant marché comme sur des roulettes.

Lors des averses survenues presque chaque soir dans la zone métropolitaine, les marchands se sont affolés. « Nous faisons d’énormes déficits à cause de la pluie qui, le plus souvent, chasse la plupart des participants, ce qui ne favorise pas du tout la vente de nos produits. De plus, étant donné que les tentes installées par la mairie ne sont pas imperméables, nous sommes obligés de tout réemballer pour ensuite les déballer à nouveau après la pluie », explique une autre vendeuse.

Des actes de banditisme

Plusieurs actes de banditisme et des scènes de bagarre ont causé des blessés au cours des grandes manifestations. Heureusement que des agents de la PNH et de l’UDMO ont été sur place pour calmer le jeu lorsque c’était nécessaire, bien qu’ils ne purent pas être partout en même temps. La présence des agents de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile a été également d’un grand secours pour les victimes.

 
« C’est dommage, autrefois il n’arrivait pas ce genre de chose lors des fêtes champêtres à Pétion-Ville, mais la tendance commence à changer », regrette Ti Manno, un Pétionvillois dans la trentaine qui avoue s’être bien amusé durant cette période de fête.

Dans l’ensemble, la fête Saint-Pierre était bien pour la plupart des participants qui se sont détendus de toute leur âme en ce début de vacances. Les Pétionvillois font ce genre de rassemblement deux fois par année : en février pour le carnaval et en juin pour la Saint-Pierre. Cette fête patronale demeure une manifestation très populaire et incontournable dans la commune de Pétion-Ville !

Les Valléens célèbrent fastueusement leur fête patronale

La Saint-Jean-Baptiste a été célébrée fastueusement cette année à La Vallée de Jacmel. Entre festival, bals, foire et messes d’action de grâce, les quelques milliers de Valléens et de visiteurs venus de Port-au-Prince et de l’étranger ont eu de quoi s’occuper durant tout un long week-end. Le couple présidentiel en visite dans cette commune en chantier a été chaleureusement accueilli par la population.

À la veille de la célébration de son saint patron, Jean-Baptiste, le centre-ville et certaines localités de La Vallée de Jacmel vibrent d’animation. Les colonies de vacances, en majorité des jeunes, débarquent en grand nombre la veille du 24 juin, en transport public ou privé. Beaucoup de Valléens venus de la diaspora et leurs amis ont fait le déplacement exprès pour célébrer cette fête de plus en plus populaire.

Vendredi, il fait frais à La Vallée de Jacmel, même si nous sommes en plein été. Le ciel s’assombrit peu à peu, mais la pluie tarde encore à venir.  Dans un nuage de poussière, les  visiteurs descendent des véhicules un à un, heureux d’être enfin arrivés.

Samedi, la foire artisanale et gastronomique est lancée dans les locaux de l’école congréganiste Saint-Paul, au coeur du centre-ville, ici appelé Ridoré. L’événement se déroule durant trois jours dans une atmosphère sereine, sur fond de musique locale composée par des fils de La Vallée. Des prestations de troubadours et de danse « Annavan 4 » réjouissent le coeur des participants. Différents produits artisanaux et agricoles de la région sont présentés par des exposants visiblement satisfaits de cette initiative réalisée pour la première fois par la mairie.

L’objectif est un retour à la production locale et à d’anciennes pratiques, en voie de disparition, selon les initiateurs. Une façon aussi de mettre en valeur les artistes, artisans et producteurs de la commune. « Nous cherchons à  inculquer aux jeunes Valléens le sentiment de patriotisme et d’attachement à leur terre d’origine », explique la mairesse principale par intérim de La Vallée de Jacmel, Marie Yolaine Philippeaux.

Visite du président Martelly

L’arrivée du cortège présidentiel dans l’après-midi du dimanche 23 juin, accompagné de  l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Marie Carmel Jean-Marie, originaire de La Vallée de Jacmel, attire la foule. Après trois heures de route, le président Martelly et son épouse Sophia, ainsi que les officiels qui les accompagnent, se rendent directement dans les locaux de l’école congréganiste où se déroule la foire. Là, le chef de l’Etat prend la parole pour encourager la population valléenne à « se mettre au travail », en vue de faire avancer le pays.

Vêtu d’une chemise rose et d’un jean délavé, le président de la République se lance dans un discours à la Tèt kale, sensibilisant les citoyens aux  comportements à adopter pour mieux préparer leur avenir. Comme un candidat en pleine campagne électorale, il en profite également pour faire l’éloge de son équipe. Adoptant l’attitude taquine qui lui est habituelle, Michel Martelly chante et danse au grand plaisir de son public, puis distribue des ballons aux enfants. La délégation fait ensuite le tour du centre-ville avant de se rendre chez l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Marie Carmel Jean-Marie, que le président déclare d’ailleurs être « toujours ministre ». Le président quittera la commune vers dix heures du soir, le même jour.

Lundi, la messe de célébration officielle de la fête patronale met fin à une neuvaine de préparation organisée par l’Eglise catholique, ainsi qu’à tout un week-end d’activités intenses qui ont fait le bonheur des pèlerins, visiteurs et vacanciers. 

 

La Vallée de Jacmel est une commune de l’arrondissement de Jacmel (Sud-Est), située entre Jacmel et Bainet, à 800 mètres d’altitude, ce qui explique qu’il y fait toujours frais. Elle compte trois sections communales sur une superficie totale de 83,90 km2 pour une population estimée à près de 40 000 habitants. Sa production agricole est très diversifiée : maïs, petit-mil, haricot, avocat, mangue, orange, chadèque, patate, chou, etc. On dit que la section communale de Musac est le bastion de la mandarine, tandis que celle de Ternier est réputée pour son igname succulente.

La route qui mène à La Vallée est actuellement en pleine rénovation. Cette reconstruction a déjà été entamée plusieurs fois, puis abandonnée. Il n’y a pas encore d’électricité, mais quelques lampadaires solaires récemment installés éclairent le centre-ville et certaines localités. Il y règne un bon climat de sécurité, bien que le commissariat ne dispose que de 9 policiers et d’un inspecteur sous-équipés. Le centre-ville dispose également d’un hôpital, d’un tribunal, de deux hôtels – Prague et Mont Saint Jean -, d’une bibliothèque communale et d’une église paroissiale : Saint Jean-Baptiste.

Dans chaque section, il y a un centre de santé, une chapelle, un lycée et des écoles communales. Cependant, les fils et les filles de paysans doivent parfois parcourir plusieurs kilomètres à pied pour s’y rendre, empruntant des routes souvent en très mauvais état. Les sites touristiques, dont une grotte située dans la localité de Morne-à-Brûler, un fort situé à Blockhaus, et des rivières admirables un peu partout ne sont pas suffisamment mis en valeur. Ce sont des endroits à visiter absolument, bien que l’accès y soit très difficile. Un aménagement serait donc nécessaire si l’on veut vraiment attirer les touristes.

 

La Vallée accueille le premier centre professionnel du Sud-Est

Les Frères de l’instruction chrétienne (FIC) ont procédé à l’inauguration du premier centre technique et professionnel du département du Sud-Est. Sise à Ridoré, dans la commune de La Vallée de Jacmel, cette nouvelle institution est appelée à former de jeunes cadres dans le domaine de la construction des bâtiments et de l’hôtellerie.
 
 
La cérémonie d’inauguration de l’école technique Frère André Guimond a réuni les autorités locales, départementales et religieuses du Sud-Est, dans les locaux flambant neufs de ce nouveau-né, au terme d’une messe d’action de grâce dite en l’église Saint-Jean-Baptiste de La Vallée.
 
 
Ce nouvel établissement, pouvant accueillir près de 250 élèves, est doté de 12 salles de classe réparties sur un étage et un rez-de-chaussée, au coeur de la ville. 60 jeunes de la région y seront admis cette année pour étudier les techniques de construction des bâtiments et de l’hôtellerie, deux priorités pour le Sud-Est, particulièrement voué au tourisme.
 
 
« Notre plus grand souhait est que cette école réponde aux attentes de tous les jeunes Valléens aux attentes d’une formation qui les aide à trouver une place dans la société, et un emploi utile pour eux et pour les autres», indique le frère Lamy Dessalines, directeur de l’institution.
 
L’ouverture du Centre technique Frère André Guimond, dont les travaux de construction ont débuté le 12 février 2012, constitue la matérialisation d’un rêve chéri depuis plusieurs années par les Valléens. L’idée de construire cette école a pris naissance en 2006 après une importante réunion entre les FIC, le CODEVA et l’organisation Fraternité valléenne. Sa matérialisation a été le fruit d’un long processus gorgé de difficultés.
 
Un montant de 30 millions de gourdes a finalement été décaissé après le tremblement de terre pour la construction de ce centre, ainsi que la réhabilitation des écoles fondamentales de La Vallée. Les deux tiers de ce montant ont été versés par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), à travers l’organisation Terre sans frontières (TSF). Le projet a également bénéficié de l’accompagnement technique et financier de Fraternité valléenne et des FIC.
 
Grâce à cette nouvelle structure, les jeunes de la région auront la volonté de rester dans leur commune et contribuer à son avancement « C’est l’une des preuves les plus tangibles de l’intérêt exceptionnel que La Vallée et ses citoyens continuent à vouer à l’éducation », estimé la représentante de Fraternité valléenne, souhaitant que les techniciens formés dans cet établissement jouent un rôle majeur au niveau de l’économie locale, départementale et nationale.
 
« Haïti a besoin de techniciens qualifiés et compétents capables d’investir leur énergie et leur savoir dans les grands chantiers de développement », a affirmé pour sa part la mairesse de la commune, Mme Marie Yolaine Philippaux.
 
La députée de la circonscription de La Vallée de Jacmel, Ruffine Labbé, le premier sénateur du Sud-Est Edwin Zenny et le représentant de la présidence Joseph Lambert ont tous salué cette réalisation qui constitue, selon eux, un pas de plus dans le développement de La Vallée, du Sud-Est et de tout le pays. Ces autorités ont formulé leur engagement à accompagner ledit établissement pour son bon fonctionnement.
 

Près d’un million de dollars US aux 112 immigrants haïtiens

La justice dominicaine s’est enfin prononcée sur le sort des 112 immigrants haïtiens en conflit avec leur employeur dominicain depuis plusieurs mois. Ces travailleurs devront être indemnisés à près d’un million de dollars américains, selon la décision finale lue ce mercredi matin au tribunal de San Cristobal.

Le propriétaire de la compagnie « Coquera real », en République dominicaine, Rafael Alonso Emilio Luna, est accusé d’avoir retenu illégalement des immigrants haïtiens dans sa compagnie pendant une dizaine d’années, selon ce que rapporte le journal dominicain El Nacional. De ce fait, il lui est fait obligation de payer une « prestation de travail » estimée à plus de dix millions de pesos dominicains (239 000.00 $US).

M. Luna devra également verser une indemnisation de 30 millions de pesos (714 300 $US) aux travailleurs haïtiens pour cause de « non-paiement de prestations de travail sur une période de 10 ans », selon le verdict 18-2013 de la cour d’appel de San Cristobal qui ordonne du même coup l’arrêt des activités de la compagnie.

Les avocats des travailleurs, les frères Carlos et Lucas Sanchez et Santiago Diaz, disent attendre impatiemment la mise en application immédiate du verdict prononcé contre Alonso Luna. Entre-temps, le juge de la cour d’appel de San Cristobal, Juan Perez, a ordonné la saisie immédiate des biens de la compagnie qui s’est déclarée en faillite récemment. Le juge Juan Perez aurait déjà fixé une caution pour garantir les droits des Haïtiens de recevoir ce qui leur est dû.

Cette décision de la justice dominicaine est applaudie par plusieurs organisations haïtiano-dominicaines, notamment la fondation Zile qui a accompagné les travailleurs haïtiens dès le début de cette affaire. « Ce dossier retient jusqu’ à présent l’attention de l’opinion publique insulaire, en raison de ses divers aspects, allant du trafic de personnes aux mauvais traitements infligés à ces compatriotes », indique le directeur exécutif de l’organisation binationale Edwin Paraison, estimant que l’étape la plus importante reste le paiement des sommes fixées. « En ce sens, ajoute-t-il, le groupe d’accompagnement qui s’est créé autour des travailleurs maintient ses réunions hebdomadaires à Haina tous les mardis ».

Rappelons que depuis la fin de l’année 2012, ces travailleurs haïtiens ont été licenciés dans de très mauvaises conditions par la compagnie « Coquera real », pour cause de faillite. Ils ont alors engagé une lutte sans précédent contre leur ex-patron, grâce à la solidarité de divers groupes de la société civile, dont le Centro Bono de l’Église catholique, la fondation Zile, le Mouvement socioculturel des travailleurs haïtiens (MOSCTHA) et des syndicats de travailleurs. Les immigrants ont occupé durant plus d’un mois les trottoirs du ministère du Travail dominicain situé dans le plus important centre administratif de Santo Domingo, puis ont été logés dans un vieil immeuble à San Cristobal où certains d’entre eux vivent encore.

L’absence d’encadrement du gouvernement haïtien a été sévèrement critiquée et l’intervention de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) – jouant un rôle de police – avait mis fin à leur manifestation pacifique. Plus d’un doutait de l’impartialité du tribunal de San Cristobal, chargé de l’affaire, dont certains membres auraient supposément été proches de l’homme d’affaires Luna.

Lire aussi: Piégés en République dominicaine

Le Best Western Premier ouvre ses portes en Haiti

L’hôtel Best Western Premier a ouvert ses portes officiellement ce jeudi, au coeur de Pétion-Ville. Haïti est le 35e pays à accueillir un « Best Western Premier », alors que Best Western compte environ 4 200 hôtels à travers le monde.
 
Crédit-photo: Lakay News weekly
Crédit-photo: Lakay News weekly

C’est le premier établissement hôtelier sous enseigne d’une chaîne américaine à ouvrir ses portes en Haïti depuis des décennies. L’appellation « Best Western Premier » revient aux hôtels de première catégorie (quatre étoiles ou plus), dans la chaîne des Best Western. En dessous, il y a les « Best Western plus » et les « Best Western ».

Cet établissement dont les travaux de construction ont été entamés en avril 2011 comporte 106 chambres et suites étalées sur 7 étages. Il est doté d’un restaurant « Le Michel », d’un spa « Oxygène », de deux suites exécutives et deux suites présidentielles impériales, des salles de réception et de réunion, et d’une salle de conférence « Louverture », le tout pour offrir le luxe et le standard international.

580 oeuvres artisanales décoratives et 42 oeuvres d’art provenant d’artistes et d’artisans du pays ont été soigneusement sélectionnés ou conceptualisés par l’équipe de l’atelier 1804 design, ayant à sa tête la designer Pascale Théard, pour refléter la richesse de l’art haïtien.

En ce qui a trait au prix des chambres, « cela va dépendre du marché », indique M. Christopher Handal, ajoutant que l’équipe va « suivre les prix du marché et essayer de donner les meilleurs services à la clientèle ».

C’est près de 15 millions de dollars qui ont été investis dans la construction de cet hôtel quatre étoiles, grâce au financement de la Capitale Bank et de la Unibank. Il y a une empreinte haïtienne partout et à tout moment de la construction de l’hôtel. En dépit du fait que Pétion-Ville compte déjà plus d’une dizaine d’hôtels, les responsables ont choisi de le placer là « parce que pour le moment il y aura toujours des touristes qui viennent en Haïti pour affaires ».

« Il y a toujours un grand marché pour d’autres hôtels à venir », souligne M. Handal, estimant qu’en Haïti, « nous avons besoin de beaucoup de chambres d’hôtel ». L’homme d’affaires déplore qu’il n’y ait même pas mille chambres d’hôtel en Haïti alors que la République dominicaine dispose de plus de 60 000.

Best Western a déjà employé près d’une centaine de cadres au niveau national. « On va sûrement en employer 20 autres ».

Au carrefour des rues Louverture et Geffrard, l’hôtel Best Western Premier donne sur la rue comme aucun autre établissement de la place.

La Saint-Gabriel de Lascahobas, tout un festival

La patronale de Lascahobas a été célébrée de façon grandiose le 25 mars dans la paroisse Saint-Gabriel, au coeur de la ville. Les pèlerins sont arrivés de partout pour participer aux différentes activités organisées à l’occasion de cette « fête de l’Annonciation ».

Toute la ville de Lascahobas est en fête à l’occasion de la Saint-Gabriel. La fête commence dès samedi matin avec l’ouverture de la 7e édition de la foire exposition organisée par l’Initiative de la société civile (ISC), qui n’a pas connu un très grand succès. Tôt dans la matinée, la ville est bouillonnante avec les préparatifs pour le festival organisé par la mairie. Des dizaines de banderoles de différentes institutions de la commune souhaitent la bienvenue aux pèlerins et visiteurs.

Dans la soirée du samedi, la pluie qui tombe durant des heures n’empêche pas  la population de continuer à festoyer sereinement. La chaleur humaine contribue à faire baisser la température, après l’averse. C’est étonnant de voir cette population assoiffée de plaisir qui, dans un fourmillement, déambule sur la place d’armes, en attendant Koudjay (groupe musical à tendance racine) qui arrive vers 4 heures du matin avec beaucoup de retard. En revanche, des groupes locaux se joignent à Trankil pour tenir le public en haleine durant une bonne partie de la nuit. T-Micky est également attendu, mais, finalement il ne joue pas.

Le dimanche, c’est Tropicana qui fait le plaisir de ceux qui ont les moyens d’aller le voir jouer. 

Le « lundi saint » est férié à Lascahobas pour favoriser la participation des citoyens de cette commune aux différentes activités organisées à l’occasion. La paroisse Saint-Gabriel est remplie comme un oeuf. Un grand nombre de prêtres venus d’un peu partout du diocèse de Hinche ainsi que des milliers de pèlerins participent à la messe solennelle de célébration  de cette patronale, entamée dès dix heures du matin sous la direction de l’évêque de Hinche, Mgr Simon Pierre Saint-Hillien. « Nous sommes faits pour vivre ensemble et pour être en relation les uns avec les autres », souligne le père Eustache, en présence de diverses autorités locales (sénateurs, députés, maires, directeurs généraux et départementaux, etc.).

Le célébrant principal invite tous ceux qui ont une responsabilité dans les institutions publiques à oeuvrer pour le bien-être de la communauté et pas seulement pour eux-mêmes. « Nous sommes tous coupables de la situation actuelle du pays, soutient-il. Dieu nous a créés pour vivre en communauté et non en cercle fermé. » En outre, le père Eustache a prêché la tolérance : « Dieu nous a créés égaux en droit et en dignité, mais différents les uns des autres », affirme-t-il, exhortant les Haïtiens à s’entraider et à se supporter mutuellement.

Pour sa part, Mgr Simon Pierre Saint-Hillien salue les progrès enregistrés dans le fonctionnement de la paroisse Saint-Gabriel, qui s’implique fortement dans le développement de la communauté. Un superbe tableau du collège Saint-Gabriel lui a été offert en guise de remerciement pour sa participation à la patronale.

Après la longue célébration eucharistique, durant laquelle les différents problèmes de la communauté ont été abordés, les invités ont pris part à des réceptions. 

Pour la souveraineté alimentaire, marchons unis !

C’est par sa traditionnelle marche que le Mouvman peyizan Papay (MPP) a clôturé, le vendredi 22 mars 2013, le congrès de 5 jours organisé dans le cadre de la célébration de son 40e anniversaire. Cette année, le mouvement a mobilisé près de 50 000 participants. Une étonnante manifestation paysanne.

La marche a démarré à midi au Carrefour de Hinche-Thomassique situé à quelque 7 km de la ville de Hinche. Des cultivateurs venus de partout dans le Plateau central y ont débarqué comme des pèlerins, arrivés à pied ou dans de gros camions. La foule de paysans vêtus de maillots rouges et de chapeaux de paille avec des messages revendicatifs inscrits dessus se dirige vers la ville dans une atmosphère de fête. Des riverains impressionnés par la manifestation agrandissent la foule au fur et à mesure qu’elle avance. Plusieurs partenaires internationaux sont également de la partie.

Motivés plus que jamais à faire entendre leur voix, les militants gagnent les rues poussiéreuses de Papaye, en brandissant des pancartes et en chantant des refrains destinés à dénoncer la dépendance alimentaire. De loin, on peut les voir traverser le pont Gwayamouk comme une colonie de fourmis ou d’abeilles. Certains d’entre eux dansent autour des grands chars musicaux qui les accompagnent.

Des agents de la police nationale et de la protection civile sont sur place. Aucun incident majeur n’est signalé.

La caravane sillonne ensuite les rues de Hinche avant d’aboutir à 2 heures 15 de l’après-midi sur la place Charlemagne Péralte, sa destination. A ce moment, le leader du MPP, Chavannes Jean-Baptiste, prend la parole pour appeler ses compatriotes à la conscience citoyenne et à l’organisation, seule façon de continuer à mener la lutte pour la souveraineté alimentaire. C’est alors que le long discours de déclaration finale est lu par le responsable du MPP et un autre collègue.

Dans ce discours, l’organisation félicite les 1875 délégués d’organisations paysannes venus des dix départements géographiques du pays, ainsi que les délégations de la diaspora, qui ont pris part au congrès, tout en présentant ses revendications qui concernent principalement les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation.

Rappelons que cette marche a mis fin au congrès de 5 jours réalisé dans le cadre de la célébration du 40e anniversaire de MPP. L’objectif de cette initiative est de réclamer une organisation plus cohérente « dans un pays qui importe plus de la moitié de ses produits alimentaires ». Les participants ont plaidé pour que soit entrprise dans le pays une véritable réforme agraire et une agriculture agro-écologique, méthode basée sur le renouvellement des sols qui bannit l’utilisation des engrais chimiques.

Celui qui s’était vivement opposé à l’arrivée en Haïti de semences hybrides ou OGM du géant industriel américain Monsanto après le séisme de 2010 pense que l’agro-écologie peut offrir de meilleurs rendements et réduire la pauvreté, en fournissant de l’emploi rural.

La priorité pour les agriculteurs haïtiens, selon lui, est une véritable réforme agraire au terme de laquelle chaque agriculteur pourrait sécuriser une portion de terre pouvant nourrir sa famille et approvisionner les marchés locaux. << Les paysans doivent être considérés comme des Haïtiens au même titre que les autres, ils doivent être respectés et impliqués dans les décisions du pays >>, recommande-t-il.

Le Mouvement Paysan Papaye est une organisation paysanne qui a pour but d’unir tous les paysans d’Haïti et de rassembler les jeunes travailleurs ruraux organisés en groupement, en vue de leur promotion culturelle et économique. Sa mission principale est de promouvoir l’organisation de toute la masse paysanne pauvre d’Haïti (hommes, femmes, jeunes) afin de lutter pour bâtir une société où les besoins vitaux de l’homme sont satisfaits (alimentation, logement, éducation, travail, soins médicaux, loisirs, etc.) ; tout en respectant l’identité et la liberté du peuple. Le slogan « òganizasyon ou lanmò » revient sans cesse dans tous les grands rassemblements du MPP.