


Pinchinat et Wolf sont les deux derniers des 36 camps de déplacés à être fermés définitivement dans la ville de Jacmel. Les autorités locales, de concert avec l’Organisation internationale de la migration, ont octroyé une enveloppe de 21 000 gourdes à chacune des 360 familles qui y vivaient pour leur permettre de louer une maison.
Plusieurs déplacés du camp de Pinchinat interrogés estiment qu’il était grand temps pour eux de quitter les camps où ils ont vécu dans des conditions de vie vraiment difficiles. Cependant, personne ne semble leur avoir dit quand ils quitteront ces « abris provisoires ».
« Nous sommes arrivés ici depuis le 16 juin 2011 », confie Mme Claudine, qui a dû arrêter une partie de domino pour accorder cette interview. Assise autour d’une petite table posée sur la galerie de son T-Shelters en compagnie de trois autres voisins, Claudine fait passer le temps en s’adonnant à son jeu favori. Questions d’oublier un peu ses soucis.
« Il y avait à notre arrivée ici 4 latrines communautaires qui étaient construites pour trois mois selon les prévisions, mais voilà que plus d’un an après, aucun réaménagement n’y a été réalisé », s’indigne-t-elle. « Le comité du camp a fini par les détruire toutes, parce qu’elles puaient et nous empêchaient même de respirer, ajoute l’un de ses compagnons de jeu. Maintenant notre plus grand embarras, c’est que nous n’avons aucun endroit où faire nos besoins ».
Quelques-uns déduisent qu’ils sont là pour une durée indéterminée. « Les responsables ne nous ont donné aucune explication à ce sujet », s’attriste Claudine, qui habitait dans la ville de Jacmel avant le séisme dévastateur de janvier 2010 qui a détruit sa maison où elle et ses quatre enfants ont failli laisser leur peau.
Plus de 350 autres T-Shelters pareils à celui de Claudine sont érigés sur ce grand espace appelé « Village Beaudouin ». Les familles qui y vivent sont issues des camps Pinchinat, Wolf, Sainte-Hélène, etc. Elles ont été relogées en août 2011 dans ces abris provisoires construits par l’OIM, dans le cadre d’un vaste programme national d’abris financé à hauteur de 13 millions de dollars.
L’un des représentants du village, Mme Sœurette, regrette que près de 2000 personnes soient installées sur ce site sans accompagnement. « Les autorités ont promis de nous fournir de la nourriture et du travail, mais aucune de ces promesses n’a été tenue. A l’heure qu’il est, il n’y a pas d’eau potable ni accès à des soins de santé pour les gens à faibles moyens que nous sommes », se plaint-elle.
Notons que la mairie de Jacmel est, elle-même, logée dans un local provisoire, jusqu’à présent. Le gouvernement haïtien projete d’investir 40 millions de dollars pour rendre la ville de Jacmel plus accessible et améliorer ses infrastructures, afin de la transformer en l’une des destinations touristiques les plus en vue du pays.
Un incendie a éclaté, ce mercredi, dans le camp d’hébergement situé sur la cour de l’Ecole nationale République d’Argentine, à Carrefour Péan, semant la panique parmi les sinistrés. Une fillette de 3 ans a été brulée, deux autres enfants sont portés disparus et au moins une cinquantaine de tentes ont été consumées par le feu.
Il est dix heures du matin et la circulation est un peu difficile à la rue Saint-Martin prolongée. Cette rue mène à l’Ecole nationale République d’Argentine, autrement dit au camp des déplacés de Carrefour Péan où un incendie vient de se déclarer un peu avant huit heures du matin. Avertis au téléphone par des résidents du camp, les pompiers de la mairie de Delmas arrivent bien vite sur les lieux pour éteindre le feu, mais ne peuvent éviter les dégâts. Une ambulance de la Croix-Rouge haïtienne et des brigadiers d’action civique sont venus apporter les premiers soins aux victimes.
Dans le périmètre où était érigé environ une trentaine de tentes, il ne reste plus que les débris de tôle, la cendre des planches et la noirceur des objets brûlés. La population du site et de la zone avoisinante assiste, impuissante, à la scène, ne pouvant que déplorer les pertes matérielles.
Une atmosphère de désolation totale règne sur le site où la solidarité, heureusement est présente, les uns compatissent à la douleur des autres. Le cadavre d’une fillette de trois ans, brûlée vive à l’intérieur de sa tente, est retrouvé dans les ruines. Sa mère, qui s’est rendu à Canaan, ne le sait pas encore, rapporte les voisins. Son père, en sanglots, explique qu’il était sorti chercher de l’eau lorsque l’incendie s’est produit.
Deux autres enfants sont portés disparus et leurs parents sont inconsolables. Les responsables essaient d’organiser des réunions avec les voisins pour savoir s’il y a des habitants du camp qui manquent à l’appel. La police canadienne et des Casques bleus brésiliens viennent renforcer la PNH présente sur les lieux. Le maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason, qui est sur place n’a pas de mots pour exprimer sa tristesse. De son côté, le secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, Réginald Delva, promet de diligenter une enquête pour faire la lumière sur cet incendie dont l’origine est jusque-là inconnue.
Le feu a éclaté chez M. Eddy Auguste : « Il n’y avait personne à la « maison » et la porte était fermée à clé», affirme celui-ci, ne pouvant fournir aucun détail sur l’origine de l’incendie et doutant que cela puisse être de nature malveillante. Les victimes réclament de l’aide, se demandant où elles vont dormir ce soir.
L’Ecole nationale République d’Argentine ne peut fonctionner dans une atmosphère pareille. Déjà, la présence de ces déplacés nuit énormément à l’apprentissage des enfants. Certains de ces sans-abri ont souvent des comportements inacceptables durant les heures de cours, rapportent des responsables. Cette école n’est pas la seule à partager sa cour avec un camp d’hébergement. Une dizaine d’autres de Port-au-Prince, de Delmas et de Pétion-Ville, deux ans après le séisme de janvier 2010, cohabitent encore avec des déplacés.