Boliman Brandt, situé entre Delmas 2 et Delmas 4, vient s’ajouter à la liste des camps d’hébergement incendiés au cours de ces dix-huit derniers mois par des mains invisibles.

Il est deux heures de l’après-midi, une atmosphère funèbre règne au camp d’hébergement Boliman Brandt. Des enfants jouent parmi l’insalubrité, tout en respirant un air malodorant, dans les couloirs de cet espace devenu une cité façonnée de tentes en bâches et en tôles. Des adultes font passer le temps en jouant aux dominos. D’autres continuent de vaquer tranquillement à leur train-train quotidien, en dépit des rayons perçants du soleil et de la chaleur de l’été qui, joint à la poussière et la fumée, rendent cet endroit pratiquement invivable.
Un peu à l’arrière, plusieurs citoyens se sont regroupés autour de quelques petites flammes encore vivantes suite à l’incendie qui s’est déclaré vers deux heures dans la matinée du mercredi 24 juillet 2013. Plusieurs dizaines de tentes ont étés consumées par le feu dans ce périmètre. Il n’en reste plus que les débris de tôle, la cendre des planches et la noirceur des objets brûlés, que certains citoyens tentent encore de récupérer.

« Le feu a été mis dans les toilettes, puis s’est propagé de tente en tente, explique Laurent Sylssa, l’un des responsables du camp. On aurait pu le circonscrire dès le début, mais il n’y avait pas d’eau. » Personne ne sait ce qui a provoqué le feu, comme d’habitude. Les suspicions fusent de toute part. Des agents de police et de pompiers sont arrivés sur les lieux un peu après l’incendie et, de concert avec la population, ils ont pu éviter le pire.
Quelques agents de la Minustha ont également sillonné les environs, promettant d’apporter de l’aide, mais, en attendant le coucher du soleil, les réfugiés se questionnent et ne semblent pas savoir où ils vont passer la nuit.
« Ça fait déjà quelque temps que l’organisation Concern avait annoncé la relocalisation des réfugiés, après nos nombreuses manifestations, mais le processus est encore à son début et va très lentement », déplore M. Sylssa qui, de concert avec ses pairs, dit avoir frappé à toutes les portes sans trouver de réponse.

Boliman Brandt est probablement l’un des plus importants camps d’hébergement de la capitale avec les quelque 4 200 familles qui y vivent. Il en existe encore plusieurs autres, surtout au bas de Delmas, bien qu’il soit difficile de croire que des gens vivent encore dans ces conditions inhumaines, plus de trois ans et demi après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.