Festival de la mer, se la pou w te la !

 « Gardons nos plages propres », c’est sur ce thème que s’est déroulée, du 9 au 11 août 2013, la deuxième édition du Festival de la mer au Cap-Haïtien. Cette initiative du bureau régional du ministère du Tourisme a mobilisé des milliers de festivaliers à la découverte des potentialités touristiques de cette ville historique.

 

Il fait une chaleur torride au Cap-Haïtien. Les avions régionaux atterrissent sur la piste de l’aéroport Hugo Chavez à un rythme plus accéléré que d’habitude. Des Haïtiens et des étrangers venus de Port-au-Prince et de la diaspora débarquent heureux dans la ville du roi Henry Christophe. Une délégation d’officiels et d’investisseurs des îles Turks-et-Caïcos y est également accueillie par la ministre du Tourisme Stéphanie Balmir Villedrouin, elle-même venue lancer l’évènement.

Le Festival de la mer démarre, vendredi 9 août, avec des rencontres et des excursions. Tout autour de l’aéroport, des affiches et des banderoles annoncent son déroulement et les différentes activités associées. La ville est en plein mouvement. Heureusement, sa capacité d’accueil est énorme grâce à ses nombreux hôtels, la plupart déjà bien remplis. Les visiteurs sont assoiffés de plaisir. Des visites guidées, notamment au Parc national historique et à la citadelle leur permettent de découvrir le potentiel touristique de la région. Ils ont eu aussi l’occasion d’apprécier les talents culinaires des Capois, en sillonnant les multiples restaurants de la ville.

Le soir, le centre-ville est entièrement agité par des défilés et des animations musicales diverses. La population est au rendez-vous. A la rue 24, une énorme estrade installée pour l’occasion accueille les artistes invités. Sur un stand juxtaposé, les officiels et les invités spéciaux se défoulent sans restriction. Des artistes d’origine capoise, comme Daniel Larivière, Tonton Bicha, Miss monde, etc., sont honorés par la ministre du Tourisme qui a remis à chacun d’eux une plaque d’Honneur et Mérite. De nombreux show de danses sont offerts par des artistes de la région, mais c’est T-Micky qui aura conquis la grande foule avec ses prestations pimentées.

La journée du samedi est marquée par des conférences visant à sensibiliser la population à préserver les fonds marins et à garder les plages propres. Elle est clôturée par le « boulevard bistrot », une activité qui consiste à faire vivre l’expérience de la gastronomie des gens du Nord, à ciel ouvert, avec l’animation musicale du groupe « The Best ». De son côté, le groupe Klass offre un bal payant au « Feu-vert » à qui veut le voir jouer. Ils sont nombreux à faire la queue pour se procurer le billet d’entrée et le bal connaîtra un grand succès en dépit de la chaleur étouffante.

Les activités se poursuivent ainsi jusqu’au dimanche, jour du « Plezi lanmè », à Camp-Louise, avec l’animation de DJ Tony Mix. Le festival est clôturé lundi matin sur le boulevard du Cap-Haïtien par le groupe musical Anbyans.

Des agents de la PNH et de la Minustah, ainsi que des brigadiers de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile ont été présents durant les trois jours et aucun incident majeur n’a été signalé.

La population a participé massivement à toutes les activités et, manifestement, elle en voulait beaucoup plus que ce qu’elle a eu.

Le ministère du Tourisme veut donner un leadership à ses directions départementales afin qu’elles puissent créer des évènements culturels et touristiques partout dans le pays. « Il faut chercher à chaque moment l’opportunité d’attirer les touristes », estime Stéphanie Balmir Villedrouin, pour qui un tel évènement aura certainement des retombées économiques pour la destination. Le secteur privé du Cap s’est d’ailleurs beaucoup impliqué dans la réalisation de l’évènement.

Le Festival de la mer a toutes les chances d’être pérennisé dans le Nord et de poursuivre son objectif qui est de mettre en évidence à chaque fois l’une des plages de la région.

En dépit de certaines failles organisationnelles, cette réalisation a effectivement permis à plus d’un de se rendre compte que les touristes peuvent toujours continuer à visiter le Nord même en dehors d’un évènement particulier, et qu’ils ne seront pas déçus. D’autant plus que la semaine prochaine, ce sera la fête patronale du Cap-Haïtien et que d’autres activités intéressantes sont prévues pour le bonheur de tous ceux qui feront le déplacement.

Beau spectacle de Martelly au Cap-Haïtien

Après les Cayes, Port-de-Paix et Port-au-Prince, c’est la ville du Cap qui a accueilli, jeudi soir, le chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, dans le cadre de sa grande tournée de solidarité à l’occasion des fêtes de Noël et de fin d’année. Comme dans les villes précédentes, des motocyclettes et des cadeaux divers ont été distribués, ainsi que les clés d’une voiture. Le grand gagnant du Pick-Up, Sandro André, est un handicapé qui préside un groupe de rara.

Le président a dansé sur le podium de la place d’Armes du Cap, képi noir sur son crâne rasé, chemisier blanc à rayures bleues,  jean neuf, faisant apparaître  bien plus son côté d’ « artiste » que celui de « président ». Michel Martelly avait l’air bien dans sa peau. Léger comme une plume dans ses mouvements.

Il est 6 heures de l’après-midi et la foule, immense sur la place publique, comme celle du Champ de Mars, à Port-au-Prince, la veille, se délecte d’attendre le spectacle. Une image qui fait ressurgir, dans de nombreuses têtes, celle du carnaval au Champ de Mars. Comme dans beaucoup de carnavals passés, l’artiste-vedette est bien  Michel Martelly. Des fans brandissaient leurs pancartes avec des slogans comme « Martelly tèt kale » ou « Martelly papa bon coeur ».

L’astuce pour avoir sa part dans les divers cadeaux est d’avoir été là, le plus tôt possible afin de gagner le devant de la scène. Des participants rapportent qu’ils sont là depuis six heures du matin ou même plus tôt. Ceux qui réussissent à gagner le podium sont considérés comme des « héros », parce qu’ils doivent braver plusieurs dangers comme des coups de bâton des agents de l’UDMO. Ceux qui ont eu la chance d’être nés un 22 décembre, sont invités à apporter une pièce d’identité justifiant ce fait, pour recevoir des cadeaux.

Désigné l’un après l’autre par le président lui-même, les bénéficiaires sont invités à danser et chanter à leur façon pour le président. Ils sont également conviés à expliquer pourquoi ils méritent la moto. Femme comme homme, chacun se défend à sa façon. Personne ne se retient pour faire l’éloge du président et de ses bonnes actions.  Certains avaient soutenu le président lors de l’élection présidentielle, d’autres ont fait des kilomètres à pied pour se rendre à l’école ou au travail, d’autres encore ont éduqué seuls de nombreux enfants. Telles sont les raisons, entre autres, pour lesquelles ils méritent les motos. Sans oublier celle qui a perdu son mari lors de l’élection présidentielle. S’ils ont été assez convaincants, la seule réaction du président était : « Moun okap gen pawòl mesye, bal on moto pou mwen ».

C’est ainsi que beaucoup de gens sont sortis « heureux » de la place d’armes du Cap-Haïtien. Ceux qui n’ont pas eu la chance de recevoir des motos, ont reçu d’autres cadeaux ou des enveloppes contenant de l’argent. Des milliers de sacs d’engrais sont déjà disponibles dans la région et seront bientôt distribués aux cultivateurs, dit le président.

C’était un beau spectacle marqué par les rires pour les belles prestations des bénéficiaires qui devenaient tous « artistes », et les pleurs de ceux qui se sont fait bousculer par les autres, par les agents de l’UDMO et notamment de celle qui a perdu son enfant de cinq ans dans la foule.

Le chef de l’État, accompagné du sénateur Edwin Zenny du Sud-Est et de membres de son cabinet, a été accueilli, entre autres, par le délégué départemental, Yvon Alteon, dès sa descente d’hélicoptère au parc St-Victor où il s’est adressé aux journalistes en leur faisant part du sens de son initiative.

Le président Martelly croit que la solidarité est une question de partage, indique un communiqué du bureau de la présidence. Il croit fermement aussi que le plus important est la création d’emplois et le développement durable. Aussi promet- il encore une fois de travailler à cette fin.

Selon le communiqué, le président s’est entretenu à l’école St-Joseph avec les frères Charles Coutard et Yves Allain sur le programme de scolarisation. Sur la cour de cet établissement scolaire, le chef de l’État a procédé à une distribution de cadeaux à des centaines d’enfants.

« Avant cette ambiance conviviale historique sur la place publique du Cap, poursuit le communiqué, une séance de travail a eu lieu à l’hôtel Roi Christophe avec des responsables de la région, des représentants d’associations, du secteur privé ainsi que des autorités religieuses dont Mgr Louis Kébreau, à qui le président de la République a adressé ses remerciements pour son dévouement et son sens de leadership. Au cours de cette rencontre, le président de la République a demandé des comptes quant à l’exécution des projets d’infrastructure et d’assainissement dans les différentes communes du département du Nord. Il en a profité pour évaluer l’état d’avancement des travaux d’extension de la piste de l’aéroport international du Cap-Haïtien. Ces travaux seront achevés en 2013 ».

« Les participants ont eu le privilège de présenter leurs revendications au chef de l’État qui, à son tour, a exhorté les autorités concernées à travailler en synergie afin de fournir des résultats concrets en faveur de la population locale », conclut le communiqué. 

Gérer le transport maritime en Haïti, un casse-tête pour le SEMANAH

Le non-respect des normes par les usagers des voies maritimes est le principal inconvénient que rencontre, dans l’exécution de son travail, le Service de navigation et de transport maritime en Haïti (Semanah), dont la mission est de réguler et de contrôler les eaux maritimes haïtiennes, qu’elles soient côtières, régulières ou internationales.

Un représentant de l’institution placé dans chaque port et chaque point de mouillage, de concert avec quelques représentants des gardes-côtes, effectue un travail de vérification des bateaux et voiliers qui doivent prendre les eaux. Il ne doit pas y avoir de surcharge, l’embarcation doit disposer de matériel de premier soin, de gilet de sauvetage, etc. Le capitaine doit s’informer sur le temps qu’il fera lors de son voyage et ne pas partir en cas d’interdiction de l’institution qui, dès qu’il y a une menace sur les eaux, avise toutes les institutions partenaires et les capitaines. Si tout se passe bien, le capitaine pourra avoir accès à un certificat de déplacement. Cependant, les choses ne se passent pas toujours comme ça; les deux naufrages survenus récemment peuvent en témoigner.

En effet, le 26 juillet 2011 dernier, une petite chaloupe à moteur qui sortait de Borgne pour se rendre à Anse-à-Foleur, a sombré au large d’Anse-à-Foleur coûtant la vie à plus de dix personnes. Seulement 19 survivants ont été dénombrés, selon une lettre du représentant territorial du SEMANAH au Cap-Haïtien, M. Bernadin Francisque, adressée au directeur de la sécurité maritime, M.Ronald Jabouin au surlendemain de l’incident. « Nous n’avions pas eu la chance de rencontrer le capitaine de cette chaloupe qui pourrait nous informer sur la quantité de personnes qui étaient à bord; mais selon des sources peu sûres, il devait y avoir au moins 40 personnes, le vent était un peu fort », a indiqué M. Bernadin Francisque.

Pour la directrice générale du SEMANAH, Mme Marie Yvrose Jean, il s’agissait d’un bateau surchargé pris par un mauvais vent, à 45 minutes d’Anse-a-Foleur, c’était un navire pirate (non identifié) dont le capitaine était quand même enregistré aux archives de l’institution. Celui-là avait décidé de prendre les eaux, alors qu’on le lui avait interdit ce jour-là, prenant départ à un point non reconnu par les autorités maritimes.

« Ce cas est très courant: pour éviter de suivre les procédures, certains capitaines préfèrent ne pas démarrer leur navire dans les points d’embarcation autorisés. », a révélé le numéro un du Semanah, qui ne compte que 15 bureaux territoriaux; « On ne peut pas faire de chaque point de déplacement un port ou un point de mouillage, ce serait placer des représentants sur tous les côtes du pays, ce qui est impossible », a-t-elle ajouté.

L’assistant-directeur de la sécurité maritime, M. Dieudonné Bruno, dans une lettre adressée au directeur général, a indiqué que le canot qui faisait entre 7 et 8 mètres de long pouvait transporter 15 personnes s’il avait le matériel de sauvetage. Les conditions météorologiques n’étaient pas trop favorables car le vent soufflait jusqu’à 20 noeuds et les vagues montaient à six pieds de haut. Le canot aurait subi une double vague et un fort vent de travers occasionnant une gîte sous le poids du déplacement des passagers à tribord. « Le représentant territorial du Cap-Haïtien a rencontré le juge de paix de Borgne, Me Saint-Louis, lui sollicitant l’arrestation de M. Luc Augustin, propriétaire et capitaine du navire, mais celui-ci a pris la fuite », a-t-il écrit.

Durant le passage du cyclone Emily sur le pays, le Semanah avait interdit toute navigation maritime, mais cela n’a pas empêché que certains incrédules aient quand même tenté de prendre les eaux. « On a procédé ce matin à l’arrestation d’un capitaine », a fait savoir le directeur général, le vendredi 5 août dernier, date à laquelle l’interdiction n’était pas encore levée pour la navigation, en dépit du fait que le ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Paul Antoine Bien-aimé, ait annoncé la levée de l’alerte sur tout le territoire. « Jusqu’à ce moment, la mer est encore agitée », a affirmé Mme Yvrose Jean vendredi.

En ce qui a trait au naufrage du navire la Belle Gonavienne # 2, survenu le 27 juin 2011, à Anse-à-Galet, le représentant territorial du Semanah à Anse-à-Galet, Vilbrun Vilméus, a affirmé que celui-là est renversé par un gros vent non loin de son port. Le navire avait à son bord 19 passagers et quatre membres d’équipage pour un total de 23 personnes, a-t-il confirmé. « On a retrouvé cinq morts, toutes sont des femmes, sept survivants et sept personnes sont portées disparues », a fait savoir l’Armateur, M. Elie Guipson, ajoutant que le navire avait également à son bord 227 sacs de charbon, 8 sacs de d’arachides et quelques volailles. Ce navire-là était enregistré, a appuyé le directeur général.

Mme Yvrose Jean félicite certains notables de cette zone qui ont demandé au bureau central du Semanah d’organiser des séances de formation pour les capitaines de la Gonâve, afin qu’ils comprennent comment protéger la vie des passagers en mer, pour éviter ce genre d’accidents. Elle affirme qu’à plusieurs reprises, ils ont organisé des séminaires à leur intention. « D’ailleurs des inspecteurs sont actuellement en formation », a-t-elle révélé.

Le directeur général du Semanah a souligné que l’institution qu’elle dirige est confrontée à un problème majeur qui est le vol du matériel de signalisation qui se fait de plus en plus. Il évoque aussi les ports qui ne sont pas en bon état.

Dans sa sphère d’action, le Semanah travaille en collaboration avec la police et les élus locaux (député, CASEC, ASEC). Il se trouve paralysé par l’absence de législation maritime. Les nombreux traités internationaux auxquels la République d’Haïti a adhéré, particulièrement les conventions de l’OMI, ne sont pas insérés dans notre droit positif, a expliqué Mme Yvrose Jean, qui rêve d’un gouvernement plus ferme qui pourra faire respecter les normes. « Les gens ne respectent pas la loi ni l’Etat », s’est-elle plaint, souhaitant que les ports de cabotage soient aménagés pour faciliter les contrôles.

« Presque toutes les activités relatives aux mouvements des navires dans les eaux haïtiennes et également dans les ports de la région sont réunies par la direction de la Sécurité maritime. Cette Direction englobe aussi la réglementation du transport dans les eaux haïtiennes, l’enregistrement et le travail des gens de mer nécessaires à la bonne conduite du navire et de la signalisation maritime: trois éléments vitaux pour la sécurité de la navigation maritime. Elle représente l’une des plus importantes directions du SEMANAH qui comprend quatre autre directions : l’unité de coordination, la direction de la sécurité maritime, la direction de la coopération et des affaires maritimes et la direction de la protection du milieu marin », a expliqué Mme Yvrose Jean.