Festival de la mer, se la pou w te la !

 « Gardons nos plages propres », c’est sur ce thème que s’est déroulée, du 9 au 11 août 2013, la deuxième édition du Festival de la mer au Cap-Haïtien. Cette initiative du bureau régional du ministère du Tourisme a mobilisé des milliers de festivaliers à la découverte des potentialités touristiques de cette ville historique.

 

Il fait une chaleur torride au Cap-Haïtien. Les avions régionaux atterrissent sur la piste de l’aéroport Hugo Chavez à un rythme plus accéléré que d’habitude. Des Haïtiens et des étrangers venus de Port-au-Prince et de la diaspora débarquent heureux dans la ville du roi Henry Christophe. Une délégation d’officiels et d’investisseurs des îles Turks-et-Caïcos y est également accueillie par la ministre du Tourisme Stéphanie Balmir Villedrouin, elle-même venue lancer l’évènement.

Le Festival de la mer démarre, vendredi 9 août, avec des rencontres et des excursions. Tout autour de l’aéroport, des affiches et des banderoles annoncent son déroulement et les différentes activités associées. La ville est en plein mouvement. Heureusement, sa capacité d’accueil est énorme grâce à ses nombreux hôtels, la plupart déjà bien remplis. Les visiteurs sont assoiffés de plaisir. Des visites guidées, notamment au Parc national historique et à la citadelle leur permettent de découvrir le potentiel touristique de la région. Ils ont eu aussi l’occasion d’apprécier les talents culinaires des Capois, en sillonnant les multiples restaurants de la ville.

Le soir, le centre-ville est entièrement agité par des défilés et des animations musicales diverses. La population est au rendez-vous. A la rue 24, une énorme estrade installée pour l’occasion accueille les artistes invités. Sur un stand juxtaposé, les officiels et les invités spéciaux se défoulent sans restriction. Des artistes d’origine capoise, comme Daniel Larivière, Tonton Bicha, Miss monde, etc., sont honorés par la ministre du Tourisme qui a remis à chacun d’eux une plaque d’Honneur et Mérite. De nombreux show de danses sont offerts par des artistes de la région, mais c’est T-Micky qui aura conquis la grande foule avec ses prestations pimentées.

La journée du samedi est marquée par des conférences visant à sensibiliser la population à préserver les fonds marins et à garder les plages propres. Elle est clôturée par le « boulevard bistrot », une activité qui consiste à faire vivre l’expérience de la gastronomie des gens du Nord, à ciel ouvert, avec l’animation musicale du groupe « The Best ». De son côté, le groupe Klass offre un bal payant au « Feu-vert » à qui veut le voir jouer. Ils sont nombreux à faire la queue pour se procurer le billet d’entrée et le bal connaîtra un grand succès en dépit de la chaleur étouffante.

Les activités se poursuivent ainsi jusqu’au dimanche, jour du « Plezi lanmè », à Camp-Louise, avec l’animation de DJ Tony Mix. Le festival est clôturé lundi matin sur le boulevard du Cap-Haïtien par le groupe musical Anbyans.

Des agents de la PNH et de la Minustah, ainsi que des brigadiers de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile ont été présents durant les trois jours et aucun incident majeur n’a été signalé.

La population a participé massivement à toutes les activités et, manifestement, elle en voulait beaucoup plus que ce qu’elle a eu.

Le ministère du Tourisme veut donner un leadership à ses directions départementales afin qu’elles puissent créer des évènements culturels et touristiques partout dans le pays. « Il faut chercher à chaque moment l’opportunité d’attirer les touristes », estime Stéphanie Balmir Villedrouin, pour qui un tel évènement aura certainement des retombées économiques pour la destination. Le secteur privé du Cap s’est d’ailleurs beaucoup impliqué dans la réalisation de l’évènement.

Le Festival de la mer a toutes les chances d’être pérennisé dans le Nord et de poursuivre son objectif qui est de mettre en évidence à chaque fois l’une des plages de la région.

En dépit de certaines failles organisationnelles, cette réalisation a effectivement permis à plus d’un de se rendre compte que les touristes peuvent toujours continuer à visiter le Nord même en dehors d’un évènement particulier, et qu’ils ne seront pas déçus. D’autant plus que la semaine prochaine, ce sera la fête patronale du Cap-Haïtien et que d’autres activités intéressantes sont prévues pour le bonheur de tous ceux qui feront le déplacement.

Destination Aquin, un grand festival

Cette année, le festival Destination Aquin a pris une dimension étonnante. Un vrai festival. Les participants ont eu droit à trois jours d’activités intenses, au choix. Un grand nombre d’artistes ont fait le plaisir de milliers de festivaliers. L’objectif des organisateurs, pour cette année, a été atteint, et l’attente des festivaliers comblée. Aquin cherche désormais à s’aménager, et le CIAT dit OUI.

Un festival pluridisciplinaire

La pluridisciplinarité du festival exige qu’elle se soit déroulée sur plusieurs lieux, dans un esprit de rencontre entre la population et les festivaliers. Outre les divertissements, des activités sont réalisées pour valoriser certains lieux (sites, baies, etc.) et  d’autres pour attirer l’attention des autorités sur les bonnes choses qu’offre la nature.

Destination Aquin s’adresse à toutes les catégories d’âge sur trois journées de fête. Contes dits aux enfants, cinéma, lecture scénique, activités sportives, expositions, excursions, animations de rues ont fait le bonheur des uns et des autres. Sous le ciel tantôt clair, tantôt nuageux, toujours peu étoilé mais éclairé par la pleine lune, la population a répondu en grand nombre les trois soirs sur la place d’armes. Les spectacles  nocturnes ont été exquis par leur diversité.  Des enfants aux flûtes, aux prestations musicales des artistes (haïtiens et étrangers) reconnus internationalement en passant par les danses et musiques traditionnelles, chacun en est sorti satisfait.

« Il y a eu beaucoup de difficultés, mais le même plaisir », a commenté la présidente de Fondation Aquin Solidarité (FAS), Magali Comeau Denis, à l’ouverture du festival, jeudi soir. Pour le maire d’Aquin, Destination Aquin est tout simplement un festival international. Ce dernier s’est réjoui de ce que cette fête ait pu réunir de nombreux amis étrangers et haïtiens de la diaspora. Le premier citoyen de la commune d’Aquin a estimé que les autorités haïtiennes devraient prendre en exemple l’union du comité organisateur pour faire avancer le pays. « Nous pouvons changer le pays, donnons-nous la main pour arriver », a-t-il dit.

Magali Comeau Denis est très fière de l’histoire d’amour et de solidarité qui unit les Aquinois. Aquinoise elle-même, elle a pris conscience de la tendance de la destination à voyager à l’intérieur du pays, durant les périodes de vacances.  « D’où l’organisation de ce festival pendant la fête de Pâques ». 

C’est tout un programme de développement en faveur de la ville d’Aquin que constitue ce rendez-vous annuel, selon  Mme Denis, qui souhaite la même « prise de conscience » à l’échelle nationale où elle constate une « fidélité à la misère ».

C’était l’occasion d’offrir à tous l’accès à la culture et aux manifestations culturelles de qualité, selon l’ex-ministre de la Culture, Magali Comeau Denis. « Les rencontres entre les jeunes espoirs d’Aquin avec les artistes confirmés les aident à sortir de l’isolement total », a souligné celle qui privilégie la construction de l’être sur la construction de l’avoir. « La diversité et la qualité du contenu font le succès de ce festival », s’est-elle félicitée.

Du point de vue organisationnel, les responsables ont encore exprimé leur fierté. « Cela répond au standard international d’organisation, dans une ville démunie », a fait remarquer Mme Denis, dénonçant du même coup l’incompréhension de certaines institutions par rapport à leur travail de qualité. Des problèmes avec l’ED’H dans les démarches pour l’électricité, l’envahissement des rues par des petits marchands ont été, entre autres,  abordés. Cependant, on a pu constater une très bonne qualité technique (son, éclairage, etc.).

La population a bénéficié, à l’occasion, de la création d’emplois temporaires et de la sensibilisation à l’hygiène publique. Beaucoup de travaux ont été réalisés pour préparer la ville à recevoir le festival. De plus, les 3 km de routes asphaltées et l’éclairage des rues sont des retombées de cette initiative.

 « C’est  un festival prestigieux, qui coûte très cher et de plus en plus cher», a nuancé Mme Denis, qui prépare déjà le rapport complet de l’événement pour le mettre à la portée du public. Environ 9 millions de gourdes ont été allouées à la réalisation de l’ensemble des activités, avec le support du CIAT, des ministères de la Culture, des Finances, des Sports et des Haïtiens vivant à l’étranger, ainsi que les ambassades des Etats-Unis, du Canada et de la France, la FOKAL,  la DINEPA, l’Institut français, Vorbe et Fils, Solidarité aquinoise de Montréal, pour ne citer que ceux-là, ont également contribué à faire de Destination Aquin « l’évènement annuel à ne pas rater ».

Un plan d’aménagement

« Il n’y a aucune infrastructure. Nous bricolons et inventons tout  avec l’accompagnement de la municipalité », a indiqué Michel Oriol, secrétaire exécutif du Comité interministériel d’aménagement du territoire (CIAT), lors de la présentation du plan d’aménagement de la ville d’Aquin, vendredi. Le CIAT est un important partenaire dans l’organisation du festival depuis des années. Cette institution créée en 2009 traite de la question d’urbanisme et d’aménagement du territoire.

Jean Michel Morin, collaborateur du CIAT, explique que l’institution travaille à la constitution de documents d’urbanisme. L’ex-collaborateur du MTPTC cherche, pour l’instant, la consolidation juridique de ces documents. La ville d’Aquin a été choisie comme pilote non seulement parce que c’est une commune qui pourra donner des éléments de référence, mais aussi suite au plaidoyer de la Fondation Aquin Solidarité (FAS).

Dans cette étude financée par la Banque mondiale, il est prévu  un aménagement intégré du territoire qui souligne à la fois les potentialités et les menaces. Aquin est l’une des villes d’Haïti exposée aux risques sismiques, aux inondations, à l’érosion et à des glissements de terrain. De plus, les initiateurs cherchent à éviter le développement anarchique et informel des villes, où les gens vivent dans des conditions catastrophiques.

Des réflexions sont ouvertes sur l’établissement complet de ces documents. Déjà, tous les intéressés  sont invités à soumettre leurs propositions. Le maître d’ouvrage restera le CIAT, qui, par la suite, se chargera de retrouver les fonds nécessaires à la concrétisation du plan. Le CIAT veut se démarquer des priorités gouvernementales, en entamant lui-même des recherches isolées de fonds, par la mobilisation des différentes fondations partenaires. 

Echanges captivants sur la littérature et les aspirations littéraires

La journée du vendredi 3 février à l’institution Saint-Louis de Gonzague, à Delmas 33, ne s’est pas déroulée comme toutes les autres pour les élèves de cette école. L’auditorium Saint-Louis s’est paré de ses plus belles décorations pour accueillir les écrivains Léonora Miano et Dany Laferrière dans une atmosphère de joie et de gaieté. Une rencontre enrichissante a eu lieu entre ces jeunes et les deux étonnants voyageurs.

Les élèves du secondaire de l’institution Saint-Louis de Gonzague, auxquels se sont joints ceux des institutions Mère Délhia et Vision nouvelle, ont eu d’intéressants échanges avec les écrivains Dany Laferrière et Léonora Miano, qui leur ont rendu visite dans le cadre de leur tournée d’étonnants voyageurs. Les discussions ont surtout porté sur les oeuvres respectives de ces écrivains.

L’origine et l’objectif de ce festival de littérature et de cinéma ont d’abord été au centre des préoccupations de ces élèves, manifestement accrochés à la lecture.  Puis, ils ont fait montre de leur envie d’en savoir plus sur ces auteurs dont ils se sont empressés de connaître la biographie et la bibliographie. Tour à tour, de multiples questions ont été adressées aux deux invités, qui se sont fait le plaisir de plonger ces jeunes dans leur monde réel et littéraire.

Contents de la vivacité d’esprit des élèves, ils se sont très vite transformés en professeurs qui enseignent à ces derniers comment devenir écrivain. Beaucoup de ces jeunes semblent aspirer à ce métier, mais se demandent s’ils ont quelque chance de réussir ou s’ils sont sur la bonne voie.

La leçon est pourtant très simple, selon les deux auteurs. Pour Dany, il suffit de le vouloir  vraiment. L’essentiel n’est pas de se demander si l’on peut le faire, mais de le faire tout simplement. Le premier talent est la persévérance, a expliqué celui qui a écrit 22 ouvrages littéraires en 30 ans. Il aimerait encore faire mieux, mais des nuits d’angoisse attendent, prévient-il. « Qui va aller plus loin dans ce tunnel ? », s’interroge t-il pour montrer  que l’écriture constitue vraiment un véritable chemin sans aboutissement. « Un chemin un peu solitaire, et on n’a pas vraiment besoin de conseils pour l’emprunter ».

Léonora pense, quant à elle, qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un écrivain modèle. Il faut trouver sa propre voie, sa propre singularité. La seule leçon à tirer des grands  auteurs, selon elle, n’est pas de les imiter, mais de s’en servir comme crayon pour tracer son propre sillon. Le seul conseil est de continuer, si l’on a déjà commencé, et de persévérer. Il n’y a pas vraiment de règle, sinon que d’écrire sans cesse et d’attendre qu’on soit prêt pour la publication. Rien que ça ! Tels sont les conseils prodigués par l’auteure dont le livre préféré est toujours celui qu’elle n’a pas encore écrit.

L’intérêt des élèves  pour ces réflexions littéraires augmentait au fur et à mesure que les écrivains répondaient à leurs diverses questions. Interrogés sur certaines de leurs œuvres, ils  fournissent toutes les explications nécessaires avec patience et modestie, tout en s’assurant de la compréhension de ces jeunes. 

Réagissant sur son livre « Tout bouge autour de moi » retraçant le séisme de 2010, Dany Laferrière pense qu’il fallait absolument en rendre compte. « C’était aussi important que panser les blessures des victimes », dit l’auteur, pour qui l’œuvre en question constitue une relation d’amour entre lui et sa ville. 

Il habite l’Amérique. Dany Laferrière aime dire que son « cœur est à Port-au-Prince, son corps à Miami et son âme à Montréal. » Façon bien personnelle d’habiter l’Amérique tout entière !

Quant à Léonora Miano, née en 1973, à Douala au Cameroun, elle réside en France depuis 1991. L’écriture, dit-elle, est simplement une chose qui lui est arrivée sans qu’elle puisse l’empêcher. Pour Miano, on écrit en raison d’une certaine tournure d’esprit et parce qu’on y est poussé. Elle est l’auteure de plusieurs romans, qui ont remporté divers prix, et également de nombreux textes courts.

Léonora Miano et Dany Laferrière n’ont pas été les seuls à avoir rencontré des élèves. 20 auteurs au total sont allés à la rencontre des élèves de 10 collèges et lycées de la capitale. Cette série de rencontres a débuté dès jeudi avec Yahia Belaskri, Georges Castera, Ernest Pépin, Inéma Jeudi, Yvon Le men et Michel Le bris qui ont visité des collèges et lycée de Port-au-Prince, de Delmas, de la plaine du cul-de-sac, de Pétion-Ville, etc.  Tout cela s’inscrit dans le cadre du festival « Étonnants voyageurs » qui a lieu en Haïti du 1er au 4 février 2011. 

Une soirée en l’honneur des invités d’Etonnants voyageurs

La résidence privée de l’ambassadeur de France en Haïti, Didier Le Bret, a accueilli ce jeudi 2 février 2012 une manifestation culturelle. Un cocktail organisé en l’honneur des invités de la 3e édition du festival Etonnants voyageurs, notamment les artistes et écrivains qui arrivent de l’étranger.

L’objectif de ce cocktail culturel organisé chez l’ambassadeur Didier Le Bret est de réunir les invités du festival « Etonnants voyageurs », lequel se déroule  du 1er au 4 février. Cette soirée a été un moment de grandes retrouvailles entre écrivains, acteurs culturels, artistes et amis de la littérature.

20 heures, la plupart des invités sont déjà arrivés. Contents de se voir les uns les autres, ils se donnent l’accolade. Le député Gracia Delva, le Premier ministre Garry Conille, ainsi que le ministre de la Culture, Pierre-Raymond Dumas représentent les autorités haïtiennes à cette soirée.

L’agréable odeur des bons petits plats ornant les tables de chez l’ambassadeur, le tintement des verres et la douce musique, jouée en arrière-plan, rehaussent l’éclat de la soirée. Les plus vieux se sont regroupés au bord de la piscine pour échanger entre eux sur la vieille littérature et leur vieille amitié, devant leurs verres de Whisky posés sur des petites tables.

Les plats valent la peine d’être dégustés, même si l’on n’a pas faim, et les verres de toutes les boissons sont tentants. Que ceux qui vont prendre le volant évitent de se soûler ! Amélie Baron, la correspondante de RFI en Haïti, qui a ôté son costume de journaliste ce soir-là, pour s’offrir une soirée de plaisir, s’est vêtue d’une courte robe décontractée verte teintée de noir.

Les écrivains haïtiens Dany Laferrière, Kettly Mars, Lionel Trouillot, Yanick Lahens, Franketienne  et Emmelie Prophète se réjouissent de cette belle et riche soirée.

Pour Dany, il ne manque à cette soirée que la présence des lecteurs de moins de 17 ans, puisque l’un des objectifs était de permettre aux lecteurs de rencontrer les écrivains. « C’est un festival ouvert sur le monde avec des écrivains venant du monde entier, et discutant sur des thèmes ouverts; ils ont exploré tout le pays », a souligné Dany Laferrière, qui croit que, symboliquement, il y a un lien excessivement fort entre les écrivains haïtiens et le reste de la société haïtienne. Il estime que le lecteur est l’égal de l’écrivain. « Comme il n’y a pas de cuisine sans gourmet et gourmand, il n’y a pas de littérature sans lecteur et écrivain », dit-il.

Emmelie Prophète, présente à cette soirée à la fois comme écrivaine et directrice exécutive du festival, parle déjà de la réussite de cet évènement qui n’a pas encore pris fin. « Le public a participé en grand nombre aux différentes manifestations réalisées dans 9 villes du pays » dans le cadre de ce festival organisé pour permettre au peuple haïtien d’offrir ce qu’il a.

« Malgré les menaces et accidents, nous existons et avons de belles choses à offrir », affirme Mme prophète, qui remercie les écrivains venus de partout. « Pour une fois, nous ne demandons pas, mais offrons des choses », insiste-t-elle, fière des écrivains haïtiens qui, en 2010, ont donné autre chose à voir d’Haïti que sa seule détresse, dans la presse internationale.

 L’ambassadeur Le Bret a pris la parole pour dire qu’Haïti et la France semblent connaître, à intervalles réguliers, les mêmes maux : le doute, et parfois l’effondrement. Selon lui, les artistes et créateurs sont généralement annonciateurs et pionniers des grands changements.

« Aujourd’hui, il n’y a pas que des connaisseurs et des fervents pour apprécier la culture haïtienne. Grâce aux talents de votre pays, il y a également des milliers de regards disposés aujourd’hui à connaître et à aimer Haïti », dit-il, adressant ses remerciements aux artistes, plasticiens et écrivains présents, spécialement à ceux venus de France ou de plus loin encore.

Il a aussi mis l’accent sur la restauration prochaine d’une salle de cinéma, « l’Eldorado », lieu chargé d’histoires. Le séisme et les soubresauts politiques de ces 25 dernières années auront eu, selon lui, raison de l’une des dernières salles de cinéma de la capitale. « Je lance ici un appel à tous, aux journalistes notamment, pour nous aider à mobiliser les fonds nécessaires en France et en Haïti pour redonner un espace à ce qui fut jadis une passion haïtienne, le cinéma ». 

Pour promouvoir et renforcer la production de café

« Entre nous d’abord, ann komanse fèl », c’est sur ce thème que s’est déroulée la troisième édition du « festival café », à Baptiste, les 28 et 29 octobre 2011. Cette festivité, organisée par l’Association nouvelle image d’Haïti (ANIH), vise à promouvoir et à encourager la culture du café dans ce quartier de la commune de Belladère. Elle a été cette année beaucoup plus grandiose que lors des deux années précédentes

Cette troisième édition du festival café,  qui a mobilisé plusieurs milliers de participants venant de Belladère et des zones avoisinantes, de Port-au-Prince et de la diaspora, a été plus grandiose que durant les deux précédentes, selon les participants, qui se disent satisfaits de son déroulement. Réalisée par l’ANIH, en collaboration avec l’Association des fervents samaritains (AFSAM), ENCOMAL S.A., CANAL 11, EDH, CEREM, UCACAB et ICEF, cette initiative a permis non seulement à la localité de Baptiste de vivre 48 heures de chaleur, de gaité et d’ambiance, mais aussi aux étrangers de découvrir cette localité : «un petit coin de paradis à Belladère », avec sa culture de café et sa température agréable. Le festival a coïncidé avec la fête patronale de la zone : la Saint-Jude. Octobre, c’est également l’époque du murissement du café.

L’ambiance festive a eu lieu à partir de 7 heures du soir, le vendredi 28 et le samedi 29 octobre 2011. Des groupes musicaux, de danse et de théâtre aussi bien que des particuliers se sont joints à DJ Constant pour rendre ces deux jours inoubliables.

La festivité a accueilli pas mal de gens de la diaspora qui avaient quitté Baptiste depuis belle lurette. Durant la journée, les différents participants ont eu l’occasion de visiter la communauté de Baptiste et surtout d’entrer en contact avec sa culture caféière.

Avec un accueil chaleureux, les organisateurs de cet évènement annuel ont su guider les visiteurs vers les centres d’activités durant les deux jours, notamment la Ferme d’Etat colonie agricole de Baptiste, où se déroulent les différentes activités relatives à la production de café. Cette ferme héberge le laboratoire de dégustation, un centre de traitement, une pépinière et un champ de café. Plus d’un a été surpris de découvrir qu’il existait à 19 km de Belladère une communauté aussi bien organisée.

Selon les organisateurs, ce festival pourrait favoriser l’investissement dans leur localité. Les commerçants et les planteurs se sont réjouis de cette occasion qui leur a été offerte pour écouler de nombreux stocks de produits locaux. La majorité des activités ont eu lieu aux environs de la place publique de Baptiste, l’une des plus belles  places du Plateau central, dit-on, où une exposition de produits locaux a été organisée par l’Association des femmes pour le développement de Baptiste (AFDB).

Pour les habitants du quartier, ce festival est l’occasion de se mettre en valeur et d’offrir aux visiteurs les différentes productions de leur localité. La production numéro un étant le café, on l’a trouvé sous toutes les formes. De la plantule à la tasse de café, sans oublier la liqueur de café, les visiteurs ont été émerveillés de connaître tous les processus de transformation. Etape par étape, ils ont pu visiter, déguster et  tout apprendre sur la production caféière à Baptiste.

Dans la soirée, des hommes, des femmes et des enfants ont répondu présent par milliers sur la place publique, pour participer à la grande manifestation culturelle animée par Myria Charles, rédactrice de Ticket magazine, originaire de Baptiste. Vendredi, le groupe Adonnaï a su enflammer le festival par ses prestations, tandis que samedi, c’était plutôt des groupes musicaux et des troupes de danse locaux – Kokad, Gwoup lespwa, le Club des enfants de Baptiste et Casque noire dance –  qui ont tenu le public en haleine. Sans négliger l’artiste Jean Jean Roosevelt, dont le festival a coïncidé avec l’anniversaire de naissance de son épouse, Alexis Renée Lynn Gianna. Il en a profité pour la présenter officiellement au grand public.

Les deux soirées  se sont déroulées pacifiquement, avec la présence des agents de la police nationale.  A la fin, les dix plus grands planteurs de café de Baptiste ont été médaillés et certifiés. Parallèlement, une plaque Honneur et  Mérite a été remise à Myria Charles, en signe d’hommage posthume à son père qui n’avait pas cessé d’oeuvrer jusqu’au bout pour le développement de Baptiste.

Dans son discours de circonstance, le principal initiateur du festival, Paulos Jean, a dénoncé des actes de viol qui, selon ses dires, ont été recensés récemment. « Des dispositions seront prises de concert avec  la police et la justice pour punir les coupables », a-t-il affirmé. Il a rappelé que la loi interdit aux hommes adultes d’avoir des relations sexuelles  avec une fille de moins de 15  ans, même avec son consentement, soulignant que plusieurs jeunes filles de moins de 18 ans sont déjà mères de plusieurs enfants à Baptiste. 

D’un autre côté, M. Paulos Jean a fait savoir qu’une proposition de loi a été acheminée au Parlement en vue de recommander à l’EDH de verser à Baptiste 50 centimes sur chaque kilowatt de courant fourni par la centrale  électrique de Belladère, qui dessert environ 1 570 clients potentiels et qui est alimentée par la source d’eau de Baptiste. « Cet argent, a-t-il dit, permettra de rémunérer les planteurs de café qui seront comme des fonctionnaires de l’Etat ».

A noter que L’Association nouvelle  image d’Haïti (ANIH), qui patronnait cette initiative, a été créée en France depuis juillet 2008. Elle s’est donné pour objectif de véhiculer une nouvelle image d’Haïti et d’inciter les Haïtiens à avoir un nouveau regard envers leur pays, rapporte son président, Etienne Jean.

Juste après sa création, a poursuivi M. Etienne, elle a aidé à la réhabilitation de l’électricité de la ville de Baptiste et a aussi donné des fournitures scolaires à des centaines d’élèves.

« ANIH s’est surtout fait connaître dans sa façon d’organiser et d’aider la communauté haïtienne de France après la catastrophe du 12 janvier 2010. Elle a mis en place une cellule de soutien  psychologique et a organisé une veillée à la mémoire des victimes », a-t-il ajouté. 

Pour réaliser cette activité, qui devait coûter environ 20 000 dollars américains, les organisateurs ont eu un coup de pouce de la fondation Albert basée en France et l’aide d’un Américain – ami de l’association – qui a également fourni $ 3 000. L’Etat n’a donné aucune participation, ont-ils fait remarquer. Ils espèrent que l’année prochaine beaucoup plus de secteurs et d’institutions contribuerons à la réalisation du festival café de 2012. Dans le même temps, ils espèrent mobiliser plus de participants. Quiconque a raté le festival cette année devrait l’ajouter dès maintenant dans son agenda pour l’année prochaine. 

 

Avec Nathalie et Verné Gladimy Ibraime