« Entre nous d’abord, ann komanse fèl », c’est sur ce thème que s’est déroulée la troisième édition du « festival café », à Baptiste, les 28 et 29 octobre 2011. Cette festivité, organisée par l’Association nouvelle image d’Haïti (ANIH), vise à promouvoir et à encourager la culture du café dans ce quartier de la commune de Belladère. Elle a été cette année beaucoup plus grandiose que lors des deux années précédentes
Cette troisième édition du festival café, qui a mobilisé plusieurs milliers de participants venant de Belladère et des zones avoisinantes, de Port-au-Prince et de la diaspora, a été plus grandiose que durant les deux précédentes, selon les participants, qui se disent satisfaits de son déroulement. Réalisée par l’ANIH, en collaboration avec l’Association des fervents samaritains (AFSAM), ENCOMAL S.A., CANAL 11, EDH, CEREM, UCACAB et ICEF, cette initiative a permis non seulement à la localité de Baptiste de vivre 48 heures de chaleur, de gaité et d’ambiance, mais aussi aux étrangers de découvrir cette localité : «un petit coin de paradis à Belladère », avec sa culture de café et sa température agréable. Le festival a coïncidé avec la fête patronale de la zone : la Saint-Jude. Octobre, c’est également l’époque du murissement du café.
L’ambiance festive a eu lieu à partir de 7 heures du soir, le vendredi 28 et le samedi 29 octobre 2011. Des groupes musicaux, de danse et de théâtre aussi bien que des particuliers se sont joints à DJ Constant pour rendre ces deux jours inoubliables.
La festivité a accueilli pas mal de gens de la diaspora qui avaient quitté Baptiste depuis belle lurette. Durant la journée, les différents participants ont eu l’occasion de visiter la communauté de Baptiste et surtout d’entrer en contact avec sa culture caféière.
Avec un accueil chaleureux, les organisateurs de cet évènement annuel ont su guider les visiteurs vers les centres d’activités durant les deux jours, notamment la Ferme d’Etat colonie agricole de Baptiste, où se déroulent les différentes activités relatives à la production de café. Cette ferme héberge le laboratoire de dégustation, un centre de traitement, une pépinière et un champ de café. Plus d’un a été surpris de découvrir qu’il existait à 19 km de Belladère une communauté aussi bien organisée.
Selon les organisateurs, ce festival pourrait favoriser l’investissement dans leur localité. Les commerçants et les planteurs se sont réjouis de cette occasion qui leur a été offerte pour écouler de nombreux stocks de produits locaux. La majorité des activités ont eu lieu aux environs de la place publique de Baptiste, l’une des plus belles places du Plateau central, dit-on, où une exposition de produits locaux a été organisée par l’Association des femmes pour le développement de Baptiste (AFDB).
Pour les habitants du quartier, ce festival est l’occasion de se mettre en valeur et d’offrir aux visiteurs les différentes productions de leur localité. La production numéro un étant le café, on l’a trouvé sous toutes les formes. De la plantule à la tasse de café, sans oublier la liqueur de café, les visiteurs ont été émerveillés de connaître tous les processus de transformation. Etape par étape, ils ont pu visiter, déguster et tout apprendre sur la production caféière à Baptiste.
Dans la soirée, des hommes, des femmes et des enfants ont répondu présent par milliers sur la place publique, pour participer à la grande manifestation culturelle animée par Myria Charles, rédactrice de Ticket magazine, originaire de Baptiste. Vendredi, le groupe Adonnaï a su enflammer le festival par ses prestations, tandis que samedi, c’était plutôt des groupes musicaux et des troupes de danse locaux – Kokad, Gwoup lespwa, le Club des enfants de Baptiste et Casque noire dance – qui ont tenu le public en haleine. Sans négliger l’artiste Jean Jean Roosevelt, dont le festival a coïncidé avec l’anniversaire de naissance de son épouse, Alexis Renée Lynn Gianna. Il en a profité pour la présenter officiellement au grand public.
Les deux soirées se sont déroulées pacifiquement, avec la présence des agents de la police nationale. A la fin, les dix plus grands planteurs de café de Baptiste ont été médaillés et certifiés. Parallèlement, une plaque Honneur et Mérite a été remise à Myria Charles, en signe d’hommage posthume à son père qui n’avait pas cessé d’oeuvrer jusqu’au bout pour le développement de Baptiste.
Dans son discours de circonstance, le principal initiateur du festival, Paulos Jean, a dénoncé des actes de viol qui, selon ses dires, ont été recensés récemment. « Des dispositions seront prises de concert avec la police et la justice pour punir les coupables », a-t-il affirmé. Il a rappelé que la loi interdit aux hommes adultes d’avoir des relations sexuelles avec une fille de moins de 15 ans, même avec son consentement, soulignant que plusieurs jeunes filles de moins de 18 ans sont déjà mères de plusieurs enfants à Baptiste.
D’un autre côté, M. Paulos Jean a fait savoir qu’une proposition de loi a été acheminée au Parlement en vue de recommander à l’EDH de verser à Baptiste 50 centimes sur chaque kilowatt de courant fourni par la centrale électrique de Belladère, qui dessert environ 1 570 clients potentiels et qui est alimentée par la source d’eau de Baptiste. « Cet argent, a-t-il dit, permettra de rémunérer les planteurs de café qui seront comme des fonctionnaires de l’Etat ».
A noter que L’Association nouvelle image d’Haïti (ANIH), qui patronnait cette initiative, a été créée en France depuis juillet 2008. Elle s’est donné pour objectif de véhiculer une nouvelle image d’Haïti et d’inciter les Haïtiens à avoir un nouveau regard envers leur pays, rapporte son président, Etienne Jean.
Juste après sa création, a poursuivi M. Etienne, elle a aidé à la réhabilitation de l’électricité de la ville de Baptiste et a aussi donné des fournitures scolaires à des centaines d’élèves.
« ANIH s’est surtout fait connaître dans sa façon d’organiser et d’aider la communauté haïtienne de France après la catastrophe du 12 janvier 2010. Elle a mis en place une cellule de soutien psychologique et a organisé une veillée à la mémoire des victimes », a-t-il ajouté.
Pour réaliser cette activité, qui devait coûter environ 20 000 dollars américains, les organisateurs ont eu un coup de pouce de la fondation Albert basée en France et l’aide d’un Américain – ami de l’association – qui a également fourni $ 3 000. L’Etat n’a donné aucune participation, ont-ils fait remarquer. Ils espèrent que l’année prochaine beaucoup plus de secteurs et d’institutions contribuerons à la réalisation du festival café de 2012. Dans le même temps, ils espèrent mobiliser plus de participants. Quiconque a raté le festival cette année devrait l’ajouter dès maintenant dans son agenda pour l’année prochaine.
Avec Nathalie et Verné Gladimy Ibraime