Le festival café organisé à Baptiste le 28 et 29 octobre 2011 a surtout permis de découvrir ce quartier de Belladère, dans le département du Centre, avec ses attraits, ses richesses, sa structure. Une localité qui aspire depuis bien des temps à devenir commune.
C’est la première fois que le quartier de Baptiste a accueilli une telle festivité, récompensant ainsi les efforts consentis par plusieurs groupes de personnes pour faire ressortir les potentialités de cette zone, riche en eau, en roches et en mines de sable. Si le festival café est avant tout une initiative qui tend à encourager et renforcer la production de café, elle vise aussi à attirer des investisseurs et des touristes qui pourraient penser à y installer des usines de transformation, selon ce qu’ont expliqué les initiateurs du festival café.
Il a fallu gravir environ 19 km de pente tantôt douce, tantôt raide, depuis Belladère pour parvenir à découvrir cette petite localité de la commune de Belladère, département du Centre, créée à la suite des vêpres dominicaines en 1933. Le gouvernement de Dumarsais Estimé y avait installé à l’époque un groupe d’Haïtiens qui fuyaient la République dominicaine. Il a créé une zone agricole pour encadrer et faciliter leur insertion sociale et économique. C’est dans ce contexte que fut créée la région de Baptiste, devenue aujourd’hui une localité où se développent des échanges importants avec la République dominicaine. Pourvue d’une population bien organisée, elle dispose d’une paroisse (Saint Jude), d’un sous-commissariat, d’un tribunal de paix, d’un lycée, d’un dispensaire, d’une pharmacie et d’une ferme agricole au centre ville qui fait 3 km2, « tout ce qu’il faut pour devenir commune, avec un peu d’arrangement », commente l’un des organisateurs de festival café.
La culture du café fait de la localité de Baptiste une référence en matière de production et d’exportation. Baptiste compte environ 10 000 habitants et, de par sa situation géographique, elle est plus ou moins sécurisée face aux catastrophes naturelles, selon ce qu’à expliqué M. Etienne Jean, président de l’ANIH (Association nouvelle image d’Haïti).
Outre le café, Baptiste produit également beaucoup de d’agrumes et d’autres fruits juteux. Néanmoins, les responsables se plaignent du manque d’infrastructures. L’Etat, disent-ils, n’est pas actif dans la communauté. Le lycée de Baptiste fonctionne jusqu’à la 9e année fondamentale, après quoi, l’élève, s’il veut continuer ses études classiques, doit se rendre à Belladère, Mirebalais ou Port-au-Prince. « Cela engendre une perte de nos ressources humaines, souligne M. Etienne, car le jeune homme ou la jeune fille qui part étudier ailleurs ne va pas revenir ». En ce sens, estime-t-il, l’agrandissement du lycée et la construction d’écoles professionnelles s’avèrent indispensables.
Jusqu’en 1990, Baptiste dépendait de Belladère du point de vue administratif et politique. Les résidents aimeraient que Baptiste ait un statut de commune afin de bénéficier plus directement des services publics financés par les taxes communales. Depuis 2004, Baptiste relève à nouveau entièrement de Belladère tant du point de vue administratif que du point de vue politique.
Ce quartier, qui a lutté durant longtemps en vue de devenir commune, n’a jusqu’à présent pas encore eu ce privilège. Des documents relatifs à cette requête ont été acheminés au Parlement sous le gouvernement Préval-Alexis, aucune réponse favorable n’a été donnée, selon ce qu’ont expliqué les habitants de Baptiste qui rêvent d’élire leur propre maire aux prochaines élections municipales. « Maintenant, c’est au président Martelly de prendre cette décision par un arrêté présidentiel », ont-ils ajouté. « A présent, nous n’allons plus insister. Nous allons nous taire et laisser les activités parler à notre place », a indiqué M. Paulos Jean, l’un des initiateurs du festival, qui estime que le festival café ayant mobilisé plus de 4 000 participants prouve largement que Baptiste peut devenir commune.
Communications à Baptiste
Dans les années antérieures, il était difficile de communiquer avec le reste du pays quand on se situait dans la zone de Baptiste, le seul centre de télécommunication installé en 1990 par la TELECO ne fonctionnant pas depuis plusieurs années. Ce vide a été comblé depuis mai 2007 avec l’arrivée de la Digicel. L’Internet devient également accessible non seulement à la ferme agricole, mais aussi au presbytère de la zone et au bureau de l’UCOCAB. La presse, sous toutes ses formes, est inexistante. Toutefois, des ondes venant de la commune de Hinche, de Port-au-Prince et de la République Dominicaine peuvent être captées.
La région de Baptiste est pourvue d’électricité. Actuellement, le bourg est électrifié presque 24h sur 24 à partir d’une petite centrale hydroélectrique, installée sur la rivière Onde Verte, et dotée d’une capacité de 750 kilowatts et peut alimenter toute la commune, selon l’avis des habitants. Donc, une gestion efficace de cette ressource s’avère indispensable au développement durable de la zone.