Il est clair que les Dominicains dominent toujours le marché binational dans toutes les zones frontalières. Leurs produits (naturels ou transformés) arrivent en affluence sur le marché haïtien, tandis que les Haïtiens en ont très peu à offrir. Outre cette inégalité, les commerçants de Belladère doivent affronter le mauvais état des routes ainsi que les mauvaises conditions d’hygiène auxquelles ils sont exposés dans le cadre de leurs activités commerciales.
Tous les lundis et vendredis, des commerçants haïtiens de partout viennent faire leurs achats à Elias Piña (ville dominicaine, voisine de Belladère). « Je viens des Cayes, je fais ce commerce depuis presque dix ans ; je souhaiterais que les conditions de transport soient meilleures ; mais jusqu’à présent, elles sont comme elles sont », se contente d’affirmer M. Etienne Jean-Baptiste au moment de monter à bord d’un camion, déjà en surcharge, avec ses marchandises : caisses de vin, de rhum, extraits de malt, assiettes en carton, etc.
L’assainissement est tout aussi déplorable au niveau de Belladère qui présente l’aspect d’une zone attractive en termes d’activités socio-économiques, mais qui ne bénéficie d’aucun programme d’assainissement approprié ni de travaux de curage. L’insalubrité qui y règne est susceptible d’affecter l’économie locale, selon plus d’un. « Les eaux usées ne sont pas évacuées ; elles forment des flaques et deviennent très dangereuses pour la santé de tous ceux qui fréquentent la frontière », fait remarquer une commerçante qui s’inquiète aussi de la dégradation de l’environnement que peut provoquer cette situation.
A cela s’ajoute le très mauvais état des routes. Celle qui va de Lascahobas à Belladère n’est pas asphaltée et devient impraticable à chaque période de pluie. Une situation qui cause des accidents de motocyclettes et de camions, selon des riverains. Pourtant, à en croire les usagers, beaucoup d’argent circule à la frontière de Belladère placée sous le contrôle des services d’un complexe administratif installé à proximité du marché, à Carizar. Construit en 2008 avec un financement de la coopération canadienne, ce complexe est doté d’un bureau de l’Immigration, d’un commissariat, d’un bureau de douane, mais seule la douane fonctionne actuellement.
Des habitants de la zone rapportent que des trafics illicites se font à la frontière, conséquence de la présence insignifiante de policiers haïtiens .
Par contre, de l’autre coté, des militaires dominicains assurent la sécurité. Un service de l’Immigration est également sur place pour contrôler les entrées et sorties sur le territoire dominicain.