Fond-Cochon veut changer de nom

L’Organisation pour le rehaussement de la commune des Roseaux (ORCRO), dans le cadre de son projet baptisé « Fond-cochon en route vers 2022 », a relevé toute une série de possibilités de développement pour sa communauté. Après de nombreuses discussions et consultations, les responsables ont estimé que le nom « Fond-cochon » mérite d’être changé.

Le nom « Fond-Cochon », un fardeau pour certains

Le changement de nom de la section communale Fond-Cochon a été l’objet de plusieurs discussions dans la communauté durant la période de l’organisation de la foire agro-artisanale et écotouristique, la semaine écoulée.  « Fond-Cochon est non seulement désagréable à l’oreille, mais aussi ne correspond pas à l’histoire de la zone », avance l’un des responsables d’ORCRO, Daryl Pierre, qui fait savoir que le nom Fond-Cochon a été emprunté à une petite zone d’une autre localité où l’on emmenait les cochons autrefois, devenue Fond Bois-Sec. Pour lui, ce changement de nom est indispensable pour que cette communauté qui cherche à s’ouvrir au tourisme puisse « décoller » réellement.

La plupart des habitants rencontrés approuvent ce changement de nom. Pour eux, c’est un nom qui fait perdre beaucoup  d’opportunités, par la mauvaise  impression laissé aux étrangers. Ils estiment que les natifs de Fond-Cochon en proie à beaucoup de discriminations ailleurs à cause de leur origine méritent d’en être libérés.

Les responsables d’ORCRO, qui n’attendent que l’aval de toutes les couches de la population pour soumettre officiellement le nouveau nom aux autorités, estiment que la localité est trop riche pour avoir un nom aussi dégradant.

De concert avec des cadres de la zone et d’ailleurs, ces responsables ont fait choix du nom « Laval », qu’ils empruntent à une municipalité urbaine du Québec où se développent actuellement le commerce et l’industrie. « Une zone très fertile avec un climat très doux où il fait bon vivre », se réjouissent-ils, indiquant que c’est la ressemblance entre cette zone habitée essentiellement par des agriculteurs et Fond-Cochon qui justifie ce choix.

« Fond-Cochon en route vers 2022 »

L’Organisation pour le rehaussement de la Commune des Roseaux (ORCRO) veut se mettre au travail pour parvenir à la revalorisation de la section communale Fond-Cochon. Faciliter l’accès aux soins de santé, assurer une éducation de qualité, relancer la production agricole et l’élevage et faire la promotion de l’écotourisme, telles sont, entre autres, les initiatives de développement envisagées par l’organisation dans ce projet.  Certaines sont déjà mises en œuvre, tandis que  d’autres sont encore à l’étude.

ORCRO s’attèle à trouver les moyens pour atteindre ses objectifs et, en même temps, encourager les autorités à penser aux richesses existantes dans cette région, riche en eau, mais qui ne sont pas canalisées.

Fond-Cochon, la perle cachée de la Grand -Anse

Fond-Cochon est la deuxième section communale de la commune des Roseaux, dans le département de la Grand-Anse. Elle est bornée au nord par la 3e section Fond-Vincent, au sud par le massif de la Hotte, à l’ouest par la commune de Jérémie et à l’est par celle de Beaumont. Sa superficie de 98 km2 et sa population estimée à 10 431 habitants en 2009 par l’IHSI, font d’elle la plus grande section communale de la Grand-Anse. Sa production agricole est intense :  haricots, maïs, patates, choux, avocats, giraumons et café. Il y a également énormément de volailles et de bétails. Les responsables estiment que cette section peut, à elle seule, nourrir tout le département.

Depuis 1956, la section dispose d’une paroisse : Saint-Antoine de Padoue. Les personnes agées racontent qu’après un cyclone dévastateur qui avait sévèrement touché la zone vers les années 1940, des étrangers y ont débarqué en grand nombre pour faire de cette communauté une vraie ville en établissant des écoles, des églises, des groupements communautaires, etc. Par contre, au fil du temps, bon nombre de gens ont dû quitter la zone pour aller chercher, ailleurs, des lendemains meilleurs.

Fond-Cochon compte actuellement beaucoup d’établissements scolaires, dont deux écoles nationales, mais qui ne fournissent que l’instruction primaire. De plus, la qualité de l’éducation laisse à désirer. Récemment, près de 500 élèves issus de trois écoles ont subi les épreuves de la sixième année fondamentale. ORCRO, dans son projet, va ouvrir une salle de 7e A.F., cette année pour desservir les écoliers qui, autrement, seraient obligés d’aller à Jérémie ou de discontinuer leurs études.

Plusieurs sites touristiques sont identifiés à proximité de la région, dont le pic Macaya et le massif de la Hotte.  La population croit même qu’il existerait une mine de pétrole ou d’asphalte à Masanga, l’une des 33 localités de Fond-Cochon. Ils invitent les experts de l’Etat à venir vérifier par eux-mêmes. « Un expert d’une université américaine, sur la base de ses recherches, a déclaré que Macaya dispose d’une espèce d’amphibiens en voix de disparition dans le monde », affirme un responsable.

Pourtant, les besoins primaires, comme l’accès à des soins de santé et à l’eau potable, ne sont pas satisfaits à Fond-Cochon. Il  faut se rendre jusqu’à la ville de Jérémie pour se faire soigner.  Dans ses démarches ORCRO a achevé récemment la construction d’un centre de santé qui n’est pas encore opérationnel.

Selon plus d’un, le gaspillage de richesses de cette zone est dû à l’irresponsabilité des autorités de  l’Etat. Désormais, les habitants de Fond-Cochon, de concert avec ORCRO, tout en réclamant des interventions de l’Etat central, veulent se mettre au travail pour faire de cette région une véritable communauté organisée et dotée de toutes les infrastructures de base nécessaires, afin d’en faire d’ici à 2022 une section autonome, voire même une commune.