La communauté haïtienne

Un spectacle de danse envoûtant à l’hôtel Oloffson

Au terme de son traditionnel séminaire de danse, Jean Apollon Expressions (JAE) a offert vendredi dernier un spectacle envoûtant dans la cour de l’hôtel Oloffson. Professeur dans plusieurs universités américaines, Jean Apollon organise depuis 2006 cette activité en Haïti afin de remercier sa terre natale qui lui a permis d’accéder à ce sommet.
 
 
Dès 6 heures 30 du soir, la cour de l’hôtel Oloffson accueille les premiers arrivants dans son cadre mystique habituel. Le show est introduit par un discours de Mme Emerante de Pradines, radieuse dans sa robe bleu argent et ses souliers de la même couleur, le tout allant avec ses cheveux couleur cendre. Celle-ci partage les souvenirs de ses débuts dans la danse avec un public ému, constitué principalement d’acteurs des secteurs culturel et vaudou, comme Vivianne Gauthier, Michèle D. Pierre-Louis, Hérold Josué, etc.
 
 
Peu après, une première troupe de jeunes tout de blanc vêtus fait son entrée pour offrir aux spectateurs une prestation d’inspiration vaudoue formidable. Ils continuent ainsi dans des chorégraphies différentes l’une de l’autre. Les participants s’impliquent au fur et à mesure que la troupe diversifie ses prestations de danse, entrecoupées de textes et de chants engagés. Les danseurs s’oublient complètement pour faire le bonheur du public. Ils s’étalent et se replient dans des mouvements semblables à du yoga, du karaté ou simplement du ballet. Ce qu’ils font est, en fait, un mélange de tout ça, un mélange de danses modernes et de folklore.
 
A certains moments, leurs déhanchements endiablés sur un rythme de tambour coupent le souffle. C’est l’émerveillement au sein de l’assistance qui, très vite, se laisse envoûter. Les assistants ne manquent pas d’exprimer leur satisfaction et se disent impatients de revivre une scène pareille… l’année prochaine.
 
 
 
La danse comme thérapie
 
C’est en moins d’un mois que Jean Apollon et ses danseurs ont pu préparer ce spectacle impressionnant, grâce à des séances de répétition assidues. Tout au cours du séminaire, ces jeunes ont eu l’occasion d’apprendre des techniques de danse propres à JAE. « Le yoga que nous avons commencé à pratiquer est une méditation assez bénéfique pour leur physique, fait remarquer Jean Apollon qui, cependant, met l’accent sur le folklore. Le yoga les aide à mieux respirer en vue de combattre le stress découlant des circonstances parfois pénibles vécues en Haïti. »
 
« J’aimerais apprendre aux jeunes à apprécier leur propre culture, car il est incompréhensible que notre danse traditionnelle soit adoptée et travaillée par des étrangers, alors que nous la négligeons », indique le danseur professionnel qui donne des séminaires un peu partout dans le monde.
 
 
 
Depuis 2006, Jean Apollon organise ce spectacle de danse chaque été. Cette activité constitue, selon lui, une véritable thérapie pour ces jeunes, la plupart du temps livrés à eux-mêmes, comme ça a été le cas pour lui autrefois. « La danse a toujours été pour moi une guérison lors des moments tragiques », confie le résident de Boston, qui a vu son père mourir brulé vif et sa maison partir en fumée, sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide. Ne pouvant disposer d’un psychologue pour l’aider à panser ce choc émotionnel, son seul recours était la danse. C’est pourquoi le chorégraphe pense pouvoir aider aujourd’hui des jeunes à se soigner de ce qu’il appelle « la fracture mentale » provoquée, entre autres, par le séisme de 2010.
 
Recrutés gratuitement sur la seule base de leur motivation et de leur aptitude pour la danse, les jeunes ont manifesté beaucoup d’intérêt pour ce séminaire qui a été pour eux un espace d’éducation et de discipline à tous les niveaux. Au terme de l’événement, environ une quarantaine d’entre eux ont reçu chacun un certificat.
 
 
 
« C’est nécessaire de former des jeunes qui peuvent aller représenter Haïti dans des cadres exceptionnels à l’étranger », estime M. Apollon, qui met du coeur et beaucoup de ressources dans ce projet. Une initiative qu’il réalise avec ses propres moyens et le support de quelques particuliers. « Mon plus grand rêve est de voir d’autres partenaires se joindre à moi afin que l’on puisse toucher beaucoup plus de jeunes, dit-il, pendant que les jeunes danseurs répètent leur numéro. J’aimerais que ces cours soient disponibles toute l’année. Un jour peut-être, ces poulains pourront nous représenter partout dans le monde ! »

Nouvel incendie dans un camp d’hébergement

Boliman Brandt, situé entre Delmas 2 et Delmas 4, vient s’ajouter à la liste des camps d’hébergement incendiés au cours de ces dix-huit derniers mois par des mains invisibles.
 
 
Il est deux heures de l’après-midi, une atmosphère funèbre règne au camp d’hébergement Boliman Brandt. Des enfants jouent parmi l’insalubrité, tout en respirant un air malodorant, dans les couloirs de cet espace devenu une cité façonnée de tentes en bâches et en tôles. Des adultes font passer le temps en jouant aux dominos. D’autres continuent de vaquer tranquillement à leur train-train quotidien, en dépit des rayons perçants du soleil et de la chaleur de l’été qui, joint à la poussière et la fumée, rendent cet endroit pratiquement invivable.
 
Un peu à l’arrière, plusieurs citoyens se sont regroupés autour de quelques petites flammes encore vivantes suite à l’incendie qui s’est déclaré vers deux heures dans la matinée du mercredi 24 juillet 2013. Plusieurs dizaines de tentes ont étés consumées par le feu dans ce périmètre. Il n’en reste plus que les débris de tôle, la cendre des planches et la noirceur des objets brûlés, que certains citoyens tentent encore de récupérer.
 
 
« Le feu a été mis dans les toilettes, puis s’est propagé de tente en tente, explique Laurent Sylssa, l’un des responsables du camp. On aurait pu le circonscrire dès le début, mais il n’y avait pas d’eau. » Personne ne sait ce qui a provoqué le feu, comme d’habitude. Les suspicions fusent de toute part. Des agents de police et de pompiers sont arrivés sur les lieux un peu après l’incendie et, de concert avec la population, ils ont pu éviter le pire.
 
Quelques agents de la Minustha ont également sillonné les environs, promettant d’apporter de l’aide, mais, en attendant le coucher du soleil, les réfugiés se questionnent et ne semblent pas savoir où ils vont passer la nuit.
 
« Ça fait déjà quelque temps que l’organisation Concern avait annoncé la relocalisation des réfugiés, après nos nombreuses manifestations, mais le processus est encore à son début et va très lentement », déplore M. Sylssa qui, de concert avec ses pairs, dit avoir frappé à toutes les portes sans trouver de réponse.
 
 
 
Boliman Brandt est probablement l’un des plus importants camps d’hébergement de la capitale avec les quelque 4 200 familles qui y vivent. Il en existe encore plusieurs autres, surtout au bas de Delmas, bien qu’il soit difficile de croire que des gens vivent encore dans ces conditions inhumaines, plus de trois ans et demi après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
 

Un film de sensibilisation sur la syndicalisation en Haïti

En Haïti, le secteur informel représente 95% de la main-d’oeuvre. Face à cette réalité, le cinéaste québécois André Vanasse croit qu’il est indispensable que les travailleurs haïtiens se regroupent en syndicats. Pour le compte de la Confédération syndicale internationale, il vient de passer un mois en Haïti afin de tourner un documentaire sur l’importance de la syndicalisation.
 
 
« Ce film sera un outil de formation sur la question de l’informel et de la syndicalisation », affirme André Vanasse, au terme de son travail d’un mois en Haïti visant à inciter les ouvriers de l’informel à rejoindre un syndicat.
 
Les personnages de ce court-métrage, en créole, sont exclusivement des travailleurs haïtiens. Le réalisateur s’est rendu sur le terrain pour filmer des paysans dans l’Artibonite, des marchands, des travailleurs domestiques et des ouvriers du secteur de la construction, estimant que ces derniers doivent se regrouper en syndicat pour exiger une meilleure protection.
 
« Je travaille entièrement au bénéfice des syndicats et je suis là pour défendre leur point de vue. Mon travail consiste à leur donner une fenêtre pour exprimer leur voix en produisant cet outil de communication qui sera diffusé à la fois en Haïti et sur la scène internationale », a précisé le cinéaste québécois.
 
 
André Vanasse croit que le syndicalisme engendre le partage de la richesse dans tout pays. « Les pays les plus riches sont ceux où il y a le plus de syndicats », dit-il, citant notamment les pays de l’Europe du Nord. « Ils ont 70% de la main-d’oeuvre qui est syndiquée, alors qu’en Haïti ça n’est seulement que 3% », souligne le cinéaste indépendant, engagé par la Confédération syndicale internationale (CSI) pour produire ce documentaire.
 
« Malheureusement, les travailleurs haïtiens du secteur informel, comme le personnel domestique, sont très mal payés et ne jouissent d’aucun avantage social. Les syndicats doivent donc regrouper ces personnes-là pour leur donner plus de force », insiste-t-il.
 
Le tournage terminé, le cinéaste promet que d’ici deux mois le film sera mis à la disposition des syndicats en Haïti, qui s’en serviront pour faire de la formation.
 
André Vanasse exerce le métier de cinéaste depuis déjà une trentaine d’années. Formé en sciences de l’éducation, sa carrière s’est forgée dans la production d’outils pédagogiques. Son accent créole prouve bien qu’il a beaucoup travaillé aux côtés des Haïtiens.
 
Il vient en Haïti depuis 2005. « Haïti et le Québec ont beaucoup d’affinités culturelles et la même origine linguistique, c’est pourquoi j’aime beaucoup travailler en Haïti », dit-il, heureux d’avoir appris notre langue et notre culture. Ceci est le 4e documentaire qu’il fait sur Haïti. Il avait déjà réalisé l’année dernière un documentaire intitulé « Ann Kore moun », qui apporte des questionnements sur le rôle et l’importance des syndicats dans le pays.
 
André Vanasse prévoit également de proposer à la télévision québécoise un projet de film sur la mentalité haïtienne, estimant que l’Haïtien est individualiste et a une trop grande méfiance à l’égard des institutions. A son avis, l’une des faiblesses d’Haïti est le manque d’institutions collectives. « Chacun aime avoir son affaire, mais on a de la difficulté en Haïti à organiser des institutions collectives qui marchent bien. S’il y avait un partage de la richesse, le pays décollerait comme une fusée ! ».
 

Des lycéens américains heureux de découvrir Haïti

 

Ils sont 10 jeunes Américains à être tombés sous le charme de La Vallée de Jacmel. Au terme de leur visite d’une semaine en Haïti, ces lycéens venus de la Pennsylvanie promettent de revenir prochainement.

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« Visiblement, Haïti est un pays très pauvre, les infrastructures sont presque inexistantes, mais dès qu’on quitte la capitale, on se sent dans un environnement sain et les gens sont très hospitaliers », telle est la conclusion de David Fortin, professeur d’histoire et de société au Saint-Joseph preparatory school de Pennsylvanie, qui a conduit une délégation de dix jeunes Américains en Haïti, du 29 juin au 6 juillet 2013.

Il s’agit de 7 élèves de l’avant-dernière classe du High school Saint-Joseph, accompagnés de 3 moniteurs, qui se sont portés volontaires pour effectuer ce voyage, dans le cadre d’un programme d’échange international organisé chaque année par ledit lycée au bénéfice de ses étudiants finissants. « Notre programme n’est lié au travail d’aucune ONG ni d’organisation humanitaire, nous sommes venus directement du lycée », a averti le responsable qui a déjà conduit ce même programme dans plusieurs autres pays comme la République dominicaine, la Jamaïque et différents Etats indiens.

« L’idée était de permettre à ces adolescents de bien s’imprégner de la réalité et de la culture haïtiennes », a poursuivi monsieur Fortin, estimant qu’il ne suffit pas de se fier uniquement aux informations qui circulent dans les médias ou sur Internet.

M. Fortin a fait choix de La Vallée de Jacmel parce qu’il était déjà venu l’année dernière sur l’invitation de l’organisation Fraternité valléenne pour démarrer une classe d’anglais à l’école des Frères de l’instruction chrétienne, initiative qui a déjà porté ses fruits. Il est, depuis lors, tombé sous le charme de cette belle commune montagneuse, un peu dévastée, entre autres, par les nombreuses intempéries, le phénomène de déboisement et le séisme de janvier 2010.

Durant les 8 jours passés en Haïti, les lycéens disent avoir vécu des expériences très enrichissantes aux côtés des jeunes Valléens venus de plusieurs écoles secondaires de la région. En dépit des difficultés de communication, tous ensemble, ils ont pu participer à des séances de reboisement, dans le cadre d’un programme initié par Fraternité valléenne. « Ensuite, nous avons visité plusieurs localités et plusieurs sites touristiques dans le département du Sud-Est et nous nous sommes familiarisés avec la culture haïtienne, à travers des séances de danse, de cuisine, etc. », se réjouit l’un des lycéens, Anthony Derita, dans un créole presque correct.

Toutefois, « ce qui les a le plus frappés, c’est l’extrême pauvreté qui sévit dans le pays, visible dès qu’on s’apprête à atterrir à l’aéroport international Toussaint Louverture, souligne le professeur. Cette question les a beaucoup intrigués… les tentes qui pullulent encore dans la capitale, l’insalubrité, l’absence d’électricité, d’eau potable, etc, toutes ces choses n’existent presque pas dans de plus petits pays. »

« Si les lycéens ont été si peu nombreux, c’est parce que certains parents refusent de laisser leurs enfants aller dans un pays comme Haïti… ». Et pourtant, ceux qui ont accepté de venir s’en réjouissent. M. Fortin dit souhaiter de tout coeur que cette relation grandisse et aille beaucoup plus loin avec le temps. Déjà, les jeunes Américains se disent impatients de revenir en plus grand nombre l’année prochaine…

 

Pétion-Ville a célébré sa fête patronale pendant 15 jours

Chaque année, Pétion-Ville célèbre grandiosement sa fête patronale, la Saint-Pierre, par une série d’activités qui animent la commune durant plusieurs jours. Cette année encore, la population pétionvilloise s’est réjouie de cette fête qui a égayé toute la ville pendant trois week-ends, malgré la pluie et d’autres difficultés.
 
 
C’est par une cérémonie solennelle, le samedi 29 juin, que la Saint-Pierre a été célébrée. C’est dans une église remplie comme un oeuf que s’est déroulée la cérémonie religieuse présidée par Mgr Guire Poulard, aidé d’une dizaine de prêtres vêtus de blanc et rouge.

Le curé Sanders Louis-Jean a remercié ses nombreux confrères venus l’assister à l’occasion de cette célébration eucharistique, ainsi que les autorités civiles et policières, notamment le conseil communal et le député de Pétion-Ville, dont la présence était remarquée dans l’assistance. Ensuite, il a parlé de son rêve le plus cher qu’est la construction de la chapelle de la Médaille Miraculeuse à Berthé. Aussi chaque acheteur du livret contenant la programmation des festivités de la Saint-Pierre contribue-t-il à atteindre l’objectif.

 
15 jours de festivités intenses ont précédé la célébration officielle de la Saint-Pierre, à Pétion-Ville. Un impressionnant public a envahi les environs de la place Saint-Pierre tous les soirs, comme au carnaval. Ces quelques milliers de citoyens sont venus de partout pour assister aux diverses prestations des DJ et des groupes musicaux comme Djakout #1, Silibo, K-dans, Koudjay, Boukman eksperyans … sur l’énorme stand érigé depuis le 16 juillet à l’angle des rues Lamarre et Ogé.
 
Les prestations commencent généralement très tard la nuit, ce qui ne semble pas être dans l’intérêt des vendeurs présents dès 5 heures de l’après-midi. « Lorsque les groupes commencent à jouer plus tôt, le public aussi arrive plus tôt et reste plus longtemps, et nos produits sont mieux écoulés », estime une marchande de friture.

Manque de promotion pour la foire artisanale

Durant 8 jours, la place Saint-Pierre a accueilli une foire artisanale et gastronomique. Les diverses expositions ont enjolivé l’espace et ont fait l’honneur de la production locale. Pourtant, les exposants ne sont pas satisfaits.

 
« Les choses ne se sont pas du tout bien passées, nos produits sont restés dans leurs emballages ». Cette marchande venue de la plaine du Cul-de-sac s’est dite étonnée de constater que les Pétionvillois n’encouragent pas la production locale. Madame Raymonde est certaine que cela est dû à un manque de promotion de la part des organisateurs. « La mairie devait exposer des banderoles quelque temps à l’avance et faire de la publicité dans les médias, pense-t-elle. Les gens ne sont pas venus acheter parce qu’ils ne savaient pas qu’une foire se déroulait ici ».

Tous du même avis, les commerçants estiment qu’il ne suffit pas de faire connaître leurs produits. « Nous avons investi beaucoup d’argent pour nous présenter ici tous les jours. En plus des 3 000 gourdes versées pour l’inscription, nous devons chaque jour transporter les marchandises, à nos propres frais », explique madame Guerrier, une productrice de liqueur à base de fruits.

La pluie joue au trouble-fête

Pour la section de la restauration, les choses sont un peu différentes. « De toute façon, les gens doivent toujours se restaurer pendant un tel défoulement », reconnaît Etienne, pour qui les choses n’ont pas pour autant marché comme sur des roulettes.

Lors des averses survenues presque chaque soir dans la zone métropolitaine, les marchands se sont affolés. « Nous faisons d’énormes déficits à cause de la pluie qui, le plus souvent, chasse la plupart des participants, ce qui ne favorise pas du tout la vente de nos produits. De plus, étant donné que les tentes installées par la mairie ne sont pas imperméables, nous sommes obligés de tout réemballer pour ensuite les déballer à nouveau après la pluie », explique une autre vendeuse.

Des actes de banditisme

Plusieurs actes de banditisme et des scènes de bagarre ont causé des blessés au cours des grandes manifestations. Heureusement que des agents de la PNH et de l’UDMO ont été sur place pour calmer le jeu lorsque c’était nécessaire, bien qu’ils ne purent pas être partout en même temps. La présence des agents de la Croix-Rouge haïtienne et de la Protection civile a été également d’un grand secours pour les victimes.

 
« C’est dommage, autrefois il n’arrivait pas ce genre de chose lors des fêtes champêtres à Pétion-Ville, mais la tendance commence à changer », regrette Ti Manno, un Pétionvillois dans la trentaine qui avoue s’être bien amusé durant cette période de fête.

Dans l’ensemble, la fête Saint-Pierre était bien pour la plupart des participants qui se sont détendus de toute leur âme en ce début de vacances. Les Pétionvillois font ce genre de rassemblement deux fois par année : en février pour le carnaval et en juin pour la Saint-Pierre. Cette fête patronale demeure une manifestation très populaire et incontournable dans la commune de Pétion-Ville !

Les Valléens célèbrent fastueusement leur fête patronale

La Saint-Jean-Baptiste a été célébrée fastueusement cette année à La Vallée de Jacmel. Entre festival, bals, foire et messes d’action de grâce, les quelques milliers de Valléens et de visiteurs venus de Port-au-Prince et de l’étranger ont eu de quoi s’occuper durant tout un long week-end. Le couple présidentiel en visite dans cette commune en chantier a été chaleureusement accueilli par la population.

À la veille de la célébration de son saint patron, Jean-Baptiste, le centre-ville et certaines localités de La Vallée de Jacmel vibrent d’animation. Les colonies de vacances, en majorité des jeunes, débarquent en grand nombre la veille du 24 juin, en transport public ou privé. Beaucoup de Valléens venus de la diaspora et leurs amis ont fait le déplacement exprès pour célébrer cette fête de plus en plus populaire.

Vendredi, il fait frais à La Vallée de Jacmel, même si nous sommes en plein été. Le ciel s’assombrit peu à peu, mais la pluie tarde encore à venir.  Dans un nuage de poussière, les  visiteurs descendent des véhicules un à un, heureux d’être enfin arrivés.

Samedi, la foire artisanale et gastronomique est lancée dans les locaux de l’école congréganiste Saint-Paul, au coeur du centre-ville, ici appelé Ridoré. L’événement se déroule durant trois jours dans une atmosphère sereine, sur fond de musique locale composée par des fils de La Vallée. Des prestations de troubadours et de danse « Annavan 4 » réjouissent le coeur des participants. Différents produits artisanaux et agricoles de la région sont présentés par des exposants visiblement satisfaits de cette initiative réalisée pour la première fois par la mairie.

L’objectif est un retour à la production locale et à d’anciennes pratiques, en voie de disparition, selon les initiateurs. Une façon aussi de mettre en valeur les artistes, artisans et producteurs de la commune. « Nous cherchons à  inculquer aux jeunes Valléens le sentiment de patriotisme et d’attachement à leur terre d’origine », explique la mairesse principale par intérim de La Vallée de Jacmel, Marie Yolaine Philippeaux.

Visite du président Martelly

L’arrivée du cortège présidentiel dans l’après-midi du dimanche 23 juin, accompagné de  l’ex-ministre de l’Economie et des Finances, Marie Carmel Jean-Marie, originaire de La Vallée de Jacmel, attire la foule. Après trois heures de route, le président Martelly et son épouse Sophia, ainsi que les officiels qui les accompagnent, se rendent directement dans les locaux de l’école congréganiste où se déroule la foire. Là, le chef de l’Etat prend la parole pour encourager la population valléenne à « se mettre au travail », en vue de faire avancer le pays.

Vêtu d’une chemise rose et d’un jean délavé, le président de la République se lance dans un discours à la Tèt kale, sensibilisant les citoyens aux  comportements à adopter pour mieux préparer leur avenir. Comme un candidat en pleine campagne électorale, il en profite également pour faire l’éloge de son équipe. Adoptant l’attitude taquine qui lui est habituelle, Michel Martelly chante et danse au grand plaisir de son public, puis distribue des ballons aux enfants. La délégation fait ensuite le tour du centre-ville avant de se rendre chez l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Marie Carmel Jean-Marie, que le président déclare d’ailleurs être « toujours ministre ». Le président quittera la commune vers dix heures du soir, le même jour.

Lundi, la messe de célébration officielle de la fête patronale met fin à une neuvaine de préparation organisée par l’Eglise catholique, ainsi qu’à tout un week-end d’activités intenses qui ont fait le bonheur des pèlerins, visiteurs et vacanciers. 

 

La Vallée de Jacmel est une commune de l’arrondissement de Jacmel (Sud-Est), située entre Jacmel et Bainet, à 800 mètres d’altitude, ce qui explique qu’il y fait toujours frais. Elle compte trois sections communales sur une superficie totale de 83,90 km2 pour une population estimée à près de 40 000 habitants. Sa production agricole est très diversifiée : maïs, petit-mil, haricot, avocat, mangue, orange, chadèque, patate, chou, etc. On dit que la section communale de Musac est le bastion de la mandarine, tandis que celle de Ternier est réputée pour son igname succulente.

La route qui mène à La Vallée est actuellement en pleine rénovation. Cette reconstruction a déjà été entamée plusieurs fois, puis abandonnée. Il n’y a pas encore d’électricité, mais quelques lampadaires solaires récemment installés éclairent le centre-ville et certaines localités. Il y règne un bon climat de sécurité, bien que le commissariat ne dispose que de 9 policiers et d’un inspecteur sous-équipés. Le centre-ville dispose également d’un hôpital, d’un tribunal, de deux hôtels – Prague et Mont Saint Jean -, d’une bibliothèque communale et d’une église paroissiale : Saint Jean-Baptiste.

Dans chaque section, il y a un centre de santé, une chapelle, un lycée et des écoles communales. Cependant, les fils et les filles de paysans doivent parfois parcourir plusieurs kilomètres à pied pour s’y rendre, empruntant des routes souvent en très mauvais état. Les sites touristiques, dont une grotte située dans la localité de Morne-à-Brûler, un fort situé à Blockhaus, et des rivières admirables un peu partout ne sont pas suffisamment mis en valeur. Ce sont des endroits à visiter absolument, bien que l’accès y soit très difficile. Un aménagement serait donc nécessaire si l’on veut vraiment attirer les touristes.

 

Orgasme de ma voix

Dans ce recueil de 75 pages publié en République dominicaine, la plume de Marckenson Jean-Baptiste fait voyager dans un univers d’excitation. On emprunte un terrain glissant menant vers une destination parfaitement inconnue où le plaisir charnel, la joie de la nature, le supplice, la frénésie, la nostalgie d’un pays en souffrance, les souvenirs, les rêves d’un monde meilleur se mêlent pour attiser le lecteur. Le tout est bien ancré dans une histoire harmonieuse qui à la fois pince le coeur et fait mouche.

L’attention est d’abord retenue par les folies exprimées par ce jeune auteur haïtien vivant en République dominicaine.

« Tonbe damou

Se yon lwa bouzen

Ki gouye nan kalbas tèt

Fè ou pile piman pike nan pilon ou

Kite ou k’ap fè alsiyis, soufle anlè »

J’ai lu « Orgasme de ma voix » avec beaucoup d’appétit, un peu comme je lirais un roman policier : l’intrigue est si forte que je ne saurais ne pas aller jusqu’à la fin. Le début de l’oeuvre donne l’impression d’être la peinture des moments intenses vécus par le jeune écrivain de 28 ans, originaire de Belladère, dans ses histoires de coeur, mais on se rend compte tout de suite qu’il va plus loin :

« Je ne descends plus

Aux égouts qui mènent au ciel

Chacun de mes pas orné d’immondices

Sur les îles aromatisées de fétidité

Où s’abreuve une kyrielle de mouches

De l’huile exotique

Cancérigène Intoxiquée Expirée

 

La vie sans chaire est chère

Les fatras aux enchères

La tasse de santé sans thé

L’insécurité sécurise la ville

Non, je ne descends plus A la campagne ?

Je reste là Suave brise de la verdure

Chatouille mon esprit

La fertilité du sol masturbe

La nuit qui troque son sexe au jour

Pour éjaculer le paradis

Ou je pourrais inspirer de vers propres »

C’est en fait la présentation de ses observations les plus subtiles décrites dans un langage sensuel, presque malsain. On verra que même l’expression de la nostalgie provoquée par les souvenirs terribles de la situation politique, économique et sociale de son pays natale n’est épargnée de son vocabulaire poétique acerbe.

Sa passion pour l’écriture elle-même explose à travers cette oeuvre. Son regard porté sur le plaisir et les douleurs de l’existence est comparable à ses flammes d’amour pour le sexe opposé. Ces flammes qui peuvent prendre diverses formes. Ces flammes qui peuvent réchauffer le coeur, mais qui peuvent également devenir, quelques fois, très brûlantes.

On aurait pu dire que l’auteur de Première Affiche – un premier recueil de poésies publié en 2007 – est obsédé par l’érotisme dont la trace est présente dans toutes ses expressions. Ce qui fait l’originalité de cet ouvrage constitué de 73 textes en tout : poème, préface, mot de l’auteur et avant-propos, en français et en créole, tous maculés de sensibilité et de passion.

Des comparaisons qui laissent sans voix. Des mots qui peuvent exciter jusqu’à l’orgasme. « Orgasme de ma voix » sera en vente signature à Livres en folie 2013.

La Vallée accueille le premier centre professionnel du Sud-Est

Les Frères de l’instruction chrétienne (FIC) ont procédé à l’inauguration du premier centre technique et professionnel du département du Sud-Est. Sise à Ridoré, dans la commune de La Vallée de Jacmel, cette nouvelle institution est appelée à former de jeunes cadres dans le domaine de la construction des bâtiments et de l’hôtellerie.
 
 
La cérémonie d’inauguration de l’école technique Frère André Guimond a réuni les autorités locales, départementales et religieuses du Sud-Est, dans les locaux flambant neufs de ce nouveau-né, au terme d’une messe d’action de grâce dite en l’église Saint-Jean-Baptiste de La Vallée.
 
 
Ce nouvel établissement, pouvant accueillir près de 250 élèves, est doté de 12 salles de classe réparties sur un étage et un rez-de-chaussée, au coeur de la ville. 60 jeunes de la région y seront admis cette année pour étudier les techniques de construction des bâtiments et de l’hôtellerie, deux priorités pour le Sud-Est, particulièrement voué au tourisme.
 
 
« Notre plus grand souhait est que cette école réponde aux attentes de tous les jeunes Valléens aux attentes d’une formation qui les aide à trouver une place dans la société, et un emploi utile pour eux et pour les autres», indique le frère Lamy Dessalines, directeur de l’institution.
 
L’ouverture du Centre technique Frère André Guimond, dont les travaux de construction ont débuté le 12 février 2012, constitue la matérialisation d’un rêve chéri depuis plusieurs années par les Valléens. L’idée de construire cette école a pris naissance en 2006 après une importante réunion entre les FIC, le CODEVA et l’organisation Fraternité valléenne. Sa matérialisation a été le fruit d’un long processus gorgé de difficultés.
 
Un montant de 30 millions de gourdes a finalement été décaissé après le tremblement de terre pour la construction de ce centre, ainsi que la réhabilitation des écoles fondamentales de La Vallée. Les deux tiers de ce montant ont été versés par l’Agence canadienne de développement international (ACDI), à travers l’organisation Terre sans frontières (TSF). Le projet a également bénéficié de l’accompagnement technique et financier de Fraternité valléenne et des FIC.
 
Grâce à cette nouvelle structure, les jeunes de la région auront la volonté de rester dans leur commune et contribuer à son avancement « C’est l’une des preuves les plus tangibles de l’intérêt exceptionnel que La Vallée et ses citoyens continuent à vouer à l’éducation », estimé la représentante de Fraternité valléenne, souhaitant que les techniciens formés dans cet établissement jouent un rôle majeur au niveau de l’économie locale, départementale et nationale.
 
« Haïti a besoin de techniciens qualifiés et compétents capables d’investir leur énergie et leur savoir dans les grands chantiers de développement », a affirmé pour sa part la mairesse de la commune, Mme Marie Yolaine Philippaux.
 
La députée de la circonscription de La Vallée de Jacmel, Ruffine Labbé, le premier sénateur du Sud-Est Edwin Zenny et le représentant de la présidence Joseph Lambert ont tous salué cette réalisation qui constitue, selon eux, un pas de plus dans le développement de La Vallée, du Sud-Est et de tout le pays. Ces autorités ont formulé leur engagement à accompagner ledit établissement pour son bon fonctionnement.
 

L’hypnose conversationnelle comme alternative

A l’initiative de l’Unité de recherche et d’action médico-légale (URAMEL), une trentaine de jeunes professionnels de la santé (médecins, psychologues et psychiatres) ont participé à une formation sur l’hypnose conversationnelle stratégique. Ce nouvel outil devra leur permettre de mieux prendre en charge les patients sur le plan sanitaire, mental et psychosomatique.
 
 
Durant ces 8 jours de formation, ces professionnels auront appris des formes de thérapie qui sont brèves et rapidement efficaces. « On a jugé nécessaire d’élargir la compétence de nos cadres sur d’autres modes de thérapie très utiles et qui ont déjà donné de très bons résultats », indique la coordonnatrice de l’URAMEL, Dr Jeanne Marjorie Joseph, au terme de cette formation financée par l’organisation belge Memisa.
 
Après avoir bien assimilé l’hypnose conversationnelle, les spécialistes vont eux-mêmes devenir des formateurs pour les autres thérapeutes qui ont besoin de ce type de formation. Les deux dernières journées ont été consacrées à des personnes victimes d’un traumatisme quelconque, qui seront à leur tour formées pour accompagner les gens de leur entourage.
 
 
« Les gens doivent savoir qu’un trauma ne s’arrête pas facilement si l’on n’a pas recours à des spécialistes », avise le psychologue et hypno-thérapeute Gérald Brassine, soulignant que, suite à la catastrophe de 2010, beaucoup de gens souffrent de maux imaginaires en Haïti. « C’est d’un psychologue ayant eu cette formation spécifique qu’il leur faut », ajoute le formateur belge qui se dit impressionné par le niveau élevé de ses apprenants.
 
Bénéficiaire d’une formation de ce genre en Belgique, Mme Fritzna Blaise a servi de médiatrice pour faciliter la réalisation de cette formation. « J’ai déjà eu recours à l’hypnose conversationnelle lorsque j’ai été affectée au service d’urgence d’un internat au Cap-Haïtien; c’est une pratique simple et assez efficace. Je me suis dit qu’il fallait que d’autres professionnels en Haïti puissent en bénéficier », explique le médecin généraliste, précisant que cette « thérapie brève » permet même de faire de la chirurgie sans anesthésie et sans douleurs.
 
« Il s’agit simplement d’aider le patient tout en l’accompagnant et en utilisant des mécanismes naturels chez lui », selon la psychologue Linda Métayer, qui considère cette nouvelle méthode comme une « formule magique ». « On est sortis vraiment armés, très satisfaits et on anticipe déjà beaucoup de résultats », ajoute-t-elle.
 
Cette nouvelle initiative de l’URAMEL vient renforcer l’une de ses missions qui est d’encadrer les gens psychologiquement. Cela entre dans le cadre de la formation continue que réalise l’institution pour ses douze psychologues ainsi que pour tout autre professionnel de la santé désireux d’en bénéficier.
 
Des avancées considérables dans le domaine de la santé mentale en Haïti
 
Les psychologues ne sont pas nombreux en Haïti, et ce secteur est traité en parent pauvre au niveau du ministère de la Santé. Nombreux sont les mythes associés aux problèmes psychiques ou psychiatriques. Cependant, les spécialistes de l’URAMEL se montrent très optimistes quant à l’avenir de la santé mentale dans le pays. « On a connu des situations assez difficiles dans le pays; les épisodes d’inondation, le tremblement de terre, les bouleversements politiques, etc. C’est vrai que la santé mentale n’a pas toujours été comprise en Haiti, mais il y a un petit effort depuis quelque temps », indique Mme Métayer, l’air confiante.
 
Depuis le séisme, la population comprend de mieux en mieux l’importance de la santé mentale et la nécessité d’aller voir un spécialiste en cas de difficultés, selon les responsables de l’URAMEL qui soulignent que les barrières concernant les stéréotypes à l’égard de ce secteur commencent sérieusement à disparaître.Les professionnels de la santé deviennent de plus en plus confiants dans ce nouvel horizon qui se dessine pour la santé mentale en Haïti.
 
A travers son centre de psychotrauma, l’URAMEL sensibilise aussi la population à l’importance de la santé mentale. « On fait de la prise en charge individuelle ou de groupe, on apprend aux gens à se dépister eux-mêmes, on forme les leaders communautaires et les professeurs d’école », fait savoir le docteur Marjorie Joseph, soulignant que « chacun peut aider l’autre à aller mieux mentalement ».
 
Outre les services de ce centre mis en place après le séisme du 12 janvier 2010, l’URAMEL intervient également dans les soins de santé primaire, la médecine légale et le droit à la santé. De concert avec plusieurs partenaires, notamment le ministère de la Santé, il cherche à mettre en place un plan de prise en charge en santé mentale en Haïti.